Un crash test pédagogique a été organisé ce lundi 12 juin au LEP Jules Antonini. Les 300 élèves présents ont pu assister à la reconstitution d’un accident au cours duquel une voiturette sans permis est percutée par un monospace. L'objectif : sensibiliser les jeunes, alors que l'île est le territoire au niveau national qui compte le plus de voiturettes rapporté au nombre d'habitants.
Deux véhicules : une voiturette sans permis et un monospace. Au volant du premier véhicule, un adolescent de 17 ans ayant consommé "un peu d'alcool" et "un peu de cannabis", explique Laurence Dragotto, prestataire, avec son conjoint, de ce crash test. Dans le monospace, un conducteur, Eric, qui rentre de soirée, et son passager Damien, qui n'a pas attaché sa ceinture de sécurité.
Les deux amis sont sur le retour d'une soirée, quand ils percutent côté latéral la voiture sans permis à 50 km/h. Les dégâts sont impressionnants. La collision ne dure que quelques secondes. Mais les conséquences sont elles permanentes : le conducteur de la voiturette, représenté par un mannequin de 70kg, est soufflé contre le pare-brise, décédé, précise Laurence Dragotto. Damien, le passager du monospace, est de son côté désormais tétraplégique.
"On croyait que c'était solide, mais ce n'est pas si solide que ça"
Réalisé devant 300 élèves sur le terrain de handball du lycée professionnel Jules Antonini d'Ajaccio, ce lundi 12 juin, et organisé par la préfecture et le rectorat, ce crash test avait pour objectif de sensibiliser les plus jeunes aux dangers d'une conduite sans sécurité. "C'est un exercice qui n'est pas là pour faire peur aux élèves, mais surtout pour les sensibiliser et leur faire comprendre que même à 50 km, il y a des dégâts sur la route", affirme Laetitia Peri, professeur de conduite routière au LEP Antonini.
Et le message semble être passé du côté des élèves : "Ça fait réfléchir, on croyait que c'était solide, mais ce n'est pas si solide que ça", souffle Camelli Ghejaseppu, 17 ans. Lui circule à moto, mais s'est déjà "retourné une fois" à bord d'une voiturette.
"Ça m'a fait beaucoup réfléchir, parce que j'ai une voiture sans permis", ajoute Lisandru Carbuccia, élève de première, âgé de 16 ans : "Le choc m'a fait peur, je ne pensais pas que la voiture serait pliée en deux", explique l'élève, qui n'a lui-même jamais eu d'accident avec sa voiturette, qu'il voit comme "une liberté précieuse" pour lui et ses parents. Enfin, Joan Sagot, élève de troisième de 15 ans, préfère, lui, marcher. "Ça me fait trop peur", tranche-t-il.
La Corse, terre de voitures sans permis
Ce crash test était aussi une première nationale : "C'est la première fois en France que nous en avons un avec une voiture sans permis", indique Jean-Philippe Agresti, recteur de l'académie de Corse. Une simulation tenue en Corse, justement, "parce qu'il y a beaucoup de jeunes qui se déplacent en voiture sans permis."
Ainsi, la Corse est le premier territoire rapporté à la population en termes d'utilisation de voitures sans permis : on en compte 5.000 sur l'île contre 90.000 au niveau national, précise le préfet de Corse, Amaury de Saint-Quentin. Des voitures sans permis dont le nombre "a doublé en dix ans" dans la région, que le préfet voit comme "un véritable enjeu de sécurité sur (les) routes".
Une situation d'autant plus surveillée que les routes corses sont très accidentogènes. "On a eu 20 morts en Corse-du-Sud l'an dernier, +50% par rapport à 2021", dont 45% de motards, "et neuf d'entre eux avaient moins de 25 ans", a-t-il ajouté. Au total, on déplore 38 personnes décès sur les routes insulaires en 2022, "2,5 fois plus que la moyenne nationale", précise la préfecture.
Avec AFP
Retrouvez le reportage de Caroline Ferrer, Jacques Paul-Stefani, et Stéphane Wislin :