"J’aurai été plutôt muet en 2017". Le préfet de Corse n’est plus tenu par le devoir de réserve imposé par les élections présidentielles et législatives. Bernard Schmeltz compte bien profiter de la courte période qui précède les prochaines élections territoriales pour vider son sac.
Pour sa conférence de rentrée mercredi, le plus haut représentant de l’Etat en Corse a choisi d’évoquer les sujets qu’il n’a pas pu aborder ces dernières semaines. Des thématiques, sur lesquelles la majorité territoriale s’est montrée très offensive.
Bernard Schmeltz l’affirme : "Le registre de la polémique ne nous est pas permis ; un Préfet n’a pas de leçon à donner…". Et pourtant, les "mises au point" vont se succéder.
"Certains sont allés trop loin !"
Projet de loi antiterroriste ? "Un faux débat "; charte sur l’emploi local ? "Pas compatible avec la loi"; manque de moyens de lutte contre les incendies ? "La solidarité nationale a montré toute son efficacité".L’un après l’autre, le préfet de Corse balaie tous les sujets qui ont fait polémique ces dernières semaines. "Certains sont allés trop loin !". Sans jamais les citer Bernard Schmeltz pointe du doigt les responsables de la majorité territoriale et plus largement le mouvement nationaliste rappelant les fondamentaux.
"Il n’y a pas d’état colonial en Corse, il n’y a pas de justice politique […] aucune justification de la violence n’est possible."
©France 3 Corse ViaStella
Mise en garde
Le préfet a aussi fait part de ses inquiétudes, notamment en ce qui concerne le contrôle de légalité sur les questions d’urbanisme. "L’état n’a pas les moyens de tout savoir". Bernard Schmeltz évoque une responsabilité collective pour faire respecter les documents d’urbanisme.Même position sur la question des déchets. "La doctrine, les choix, ne dépendent pas de l’Etat". En clair, l’Etat ne pourra pas être considéré comme unique responsable d’une quelconque situation d’échec.
Une manière de répondre avant l’heure à d’éventuelles futures critiques. Car le préfet sera de nouveau touché par le devoir de réserve en vue des élections territoriales. Et même si Bernard Schmeltz assure ne pas vouloir intervenir dans le débat, son discours était éminemment politique renvoyant chaque sujet au droit. Et chacun, à ses propres responsabilités.
Et ce moins d’une semaine après la présentation du programme de la liste nationaliste Per a Corsica qui fait de l’autonomie de plein droit une priorité.