Le rapport de la Chambre Régionale des Comptes fait état d'un défict cumulé de 93 millions d'euros entre 2009 et 2014. Une situation alarmante qui n'est pas nouvelle. Malgré les dispositifs successifs de redressement, la situation financière de l'établissement ne cesse de se dégrader depuis 2001.
Déjà en 2007 un rapport de la Chambre Régionale des Comptes portant sur la période 2001/2007 alertait sur la situation financière déficitaire du Centre Hospitalier d'Ajaccio (CHA). Pour tenter d'y remédier, l'établissement avait signé en 2009 un contrat de retour à l'équilibre financier, puis élaboré pour 2013/2017 un plan de modernisation et de progrès.
Manifestement ces mesures de suivi, pas plus que les aides exceptionnelles de fonctionnement de près de 80 millions d'euros versées entre 2009 et 2015 n'ont été efficaces.
Le rapport confidentiel révélé par Corse Matin dans son édition du 18 août fait état d'un bilan comptable extrêmement critique du CHA pour la période 2009-2014 : Avec un déficit cumulé de 93 millions d'euros, des arriérés de dettes fiscales et sociales de 37 millions d'euros, " les principaux indicateurs bilanciels sont au rouge (...) la trésorerie est maintenue positive de manière artificielle grâce essentiellement au niveau de dettes non payées."
Le délai moyen de paiement des fournisseurs courants, particulièrement long (95 jours), ne suffit plus. En mars et avril dernier déjà, les syndicats avaient dénoncé cette situation préoccupante. L'hôpital était alors face à un choix : payer les salaires ou les fournisseurs.
L'établissement, qui dispose d'une capacité d'accueil de 395 lits répartis sur deux sites, gère un centre d'hébergement pour personnes âgées dépendantes de 70 lits ainsi qu'un institut de formation en soins infirmiers, connaît un problème manifeste de gouvernance. La direction a changé 5 fois ces sept dernières années, ce qui pourrait en partie expliquer l'absence de suivi dans les mesures de redressement engagées.
Le rapport souligne aussi "une absence de maîtrise de la gestion du recrutement" et pointe un accroissement des personnels administratifs. Un point contesté par les syndicats. Selon Marie-Antoinette Bruni, déléguée CFDT, "toutes les personnes recrutées depuis huit ans sont dans les soins."
Absentéisme, recours coûteux à des praticiens vacataires, laxisme dans l'attribution de primes et la rémunération d'heures supplémentaires, entorses au code des marchés public, la chambre régionale des comptes dénonce et rappelle "l'urgence à instaurer des politiques pérennes de gestion des ressources humaines".
Et sa première recommandation incite l'établissement à veiller à un codage efficient des actes médicaux afin d'améliorer les recettes de l'établissement.
Les conclusions de ce rapport sur la mauvaise santé financière de la Miséricorde devraient faire l'objet du prochain conseil de surveillance, dont la date n'est pas encore fixée.