Le professeur Lantieri vient de pratiquer pour la première fois en Corse une reconstruction mammaire consistant à prendre un morceau de ventre et le placer au niveau du sein. Une méthode qui devrait dorénavant se développer en Corse-du-Sud.
Sur la table d’opération une patiente d’une quarantaine d’années. Après un cancer du sein, une mastectomie, elle doit ce jour-là subir une chirurgie très lourde d’après la méthode du DIEP.
C’est une première en Corse. « L’idée c’est de prendre du ventre et de le placer au niveau du sein pour pouvoir reconstruire », précise le professeur Laurent Lantieri, chirurgien plasticien à l'hôpital Georges Pompidou-Paris.
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Cinq à six heures d’intervention sous anesthésie générale avec des étapes particulièrement délicates comme la manipulation de vaisseaux sanguins de moins de deux millimètres.
Aux côtés du professeur Lantieri, le docteur Oden, chef du service gynécologie de l’hôpital de la Miséricorde d’Ajaccio et à l’initiative de cette expérience inédite. « Comme je ne fais pas cette technique, je me suis dit : ‘Je vais me renseigner auprès de ceux qui font le mieux cette technique ‘.
Donc auprès du professeur Lantieri qui m’a dit avoir des attaches avec la Corse et qui a accepté de venir faire cette intervention avec moi à l’hôpital puisque tout le matériel était disponible pour le faire à l’hôpital d’Ajaccio », indique-t-il.
Cinq à dix patientes par an en Corse-du-Sud
Chaque année, 30 à 40 femmes subissent une ablation du sein en Corse-du-Sud. Certaines d’entre elles pourront désormais avoir accès à ce type d’intervention près de chez elle. « On a estimé avec le professeur Lantieri qu’entre cinq et dix patientes par an pourrait bénéficier de cette technique.
Ce qui ferait pour ces patientes là un énorme bénéfice, puisqu’en plus l’hospitalisation est assez longue car la technique est assez lourde. C’est une semaine d’hospitalisation où elles peuvent être près de leurs proches ce qui est vraiment un plus par rapport à une opération sur le continent », continue le docteur Oden.
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Moins répandue en France que la pose d’une prothèse ou l’utilisation du muscle dorsal, le DIEP a pourtant fait ses preuves. « Le recul on l’a. On a évalué à long terme la qualité de vie des patients, voir comment ils vivent, comment ils vivent socialement et physiquement.
Et bien à 10 ans, les patientes qui ont eu ce mode de reconstruction vivent aussi bien que les patientes qui n’ont jamais eu de cancer. C’est cela qu’il faut voir. À long terme, c’est ce qui donne le meilleur résultat », précise le professeur Lantieri.