Prix qui flambe à la pompe, accès au logement toujours plus compliqué, et panier de course de plus en plus cher : face à "l'aggravation des inégalités sociales" en Corse, Core in Fronte organise une série de conférences sur la question de la vie chère. La première s'est tenue à Sartè, ce samedi 25 juin.
Des rencontres au plus proche des citoyens pour "engager le débat et tenter d'arriver à une solution". Face à "l'aggravation des inégalités sociales" et l'augmentation générale du coût de la vie en Corse, Core in Fronte a tenu, ce samedi 25 juin, une conférence à Sartè sur la question de la vie chère.
La première d'un cycle annoncé sur plusieurs semaines, dans diverses communes de Corse, pour alerter la population sur une problématique encore plus marquée sur l'île qu'ailleurs, estime le mouvement indépendantiste. "Sur le plan national comme international, tout le monde subit la vie chère. Mais il faut bien se rendre compte qu'en Corse, c'est pire qu'ailleurs, souffle Brigitte Artily, militante Core in Fronte. Rencontrer les gens pour leur expliquer ce qui se passe, c'est très important. On parle de la vie chère en Corse depuis 2015. Aujourd'hui, cela s'accélère encore, la pression devient de plus en plus importante, et les gens n'arrivent même plus à se nourrir correctement. Le citoyen lambda ne s'en sort plus."
Logement, carburant, et produits de première nécessité
Ce samedi, c'est toute la section régionale du mouvement qui s'est déplacée sur la place du marché pour interpeller les habitants. Des Sarténais et Sarténaises, qui, Brigitte Artily l'assure, "se sont montrés très réceptifs à ce que nous disions". Une conférence détaillée en plusieurs thèmes, à savoir "le logement, le carburant, les produits de première nécessité et les salaires".
"Dans un premier temps, nous avons posé toutes ces questions sur la table, pour en discuter avec tous ceux qui étaient présents. Et puis une fois que cela a été dit, nous avons abordé une seconde partie, qui était de présenter nos propositions pour améliorer ces problèmes, poursuit la militante. Parce que c'est bien beau de dénoncer, mais le plus important, c'est d'agir."
Agir, et vite, insiste-t-elle, avec des propositions réalisables "relativement rapidement". Ainsi, sur la question du carburant, malgré un taux de TVA réduit à 13 % sur l'île contre 20 % sur le continent, "on paie plus cher l'essence en Corse". Une situation qui découle notamment "du monopole qui est en place", selon Core in Fronte. "Nous avons toujours demandé de mettre en place, à minima, une société publique corse, ou une SEM [société d'économie mixte, ndlr], sur les dépôts pétroliers. À l'intérieur, on pourrait avoir une direction et des actionnaires qui associeraient les pompistes indépendants, la collectivité de Corse et les pétroliers."
Seconde mesure envisagée sur l'épineuse question des prix à la pompe : "le blocage des prix et des marges sur les carburants. Le monopole qui est en place en Corse a déjà existé dans d'autres îles, et il y a eu une régulation des marges par un dispositif, à savoir le décret Lurel. Ici, on n'arrive pas à le mettre en place, on nous impose un monopole alors que c'est complètement illégal", déplore Brigitte Artily.
Concernant l'accès au logement, le constat dressé par le parti n'est pas plus heureux : "les jeunes et les moins jeunes n'arrivent plus à se loger. On arrive à des prix exorbitants, avec des studios à 750, 800 euros par mois. Pour une grande partie de la population, c'est bien au-delà de leurs capacités." Pour réguler les prix, une première partie de solution viendrait, pour Brigitte Artily, d'un "contrôle sur les attributions de logement. Il faut mettre en place un statut de résident, au moins pour pouvoir acheter un bien immobilier, et faire un moratoire sur la construction de résidences secondaires. Et peut être aussi créer une banque de développement territorial, par rapport à l'épargne qui existe et qui est très importante en Corse."
Troisième point abordé : l'indépendance alimentaire, avec le projet de mise en place d'une centrale d'achat "sur les produits de consommation, avec l'objectif d’un projet commun pour acheter mieux et moins cher. Les groupes de la grande distribution ne doivent plus formater nos choix de consommateurs alimentaires et nous imposer leurs prix." "On doit aussi soutenir et donner les moyens suffisants aux productions locales. Si, en tant que nationalistes, on veut avoir cette indépendance alimentaire, il faut nécessairement accroître la production."
Trop de projections, pas assez de concret
Ces propositions, formulées parmi d'autres, sont "tout à fait de la compétence de la Collectivité", assure Brigitte Artily. "Mais aujourd'hui, on est simplement sur des "il va falloir faire ça", "ça pourrait être bien", et on ne voit rien arriver de concret depuis 2015. Les rapports qui sont présentés sont très éloignés de ce qui est l'urgence actuelle, comme s'ils étaient hors-sol." Résultat, Core in Fronte estime désormais plus efficace de s'adresser directement à la population, plutôt qu'uniquement par le biais de l'Assemblée, tranche-t-elle.
Quelques avancées ont bien été enregistrées au cours de la dernière mandature, admet la militante. "Mais elles sont toujours sous la forme de projections, il n'y a pas de réalisation. On en vient à se demander s'ils [au sein de la Collectivité de Corse, ndlr] ne sont pas déconnectés de la réalité, s'ils ne comprennent pas l'urgence. Je pense que tous sont certainement de bonne volonté. Mais on n'attend pas 7 ans pour faire simplement un rapport. Ce n'est pas possible."
Ni les dates des prochaines conférences et tractages de Core in Fronte, ni les lieux où ils se tiendront, ne sont encore connus. Seule assurance : "nous irons au contact de toutes les populations, dans chaque région."