Syndicat d'énergie de Corse-du-Sud : tensions autour de l'élection du futur président

À qui reviendra la présidence du Syndicat d'énergie de la Corse-du-Sud ? La Collectivité de Corse a désigné son candidat : Jean Biancucci. Un choix qui ne fait pas l'unanimité au sein de l'Assemblée. Un comité syndical convoqué ce mardi 17 août prévoit de changer le statut d'attribution du poste.

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Le statut d'attribution de la présidence du Syndicat d'énergie de la Corse-du-Sud (SDE2A) doit-il changer de modus operandi ?

Lors d'une session tenue le 23 juillet dernier, l'Assemblée de Corse a élu 8 délégués amenés à rejoindre le SDE : Jean Biancucci, Veronique Arrighi, Marie-Hélène Casanova Servas, Jean-Paul Panzani, Jean-Jacques Lucchini, Paul-Joseph Caitucoli, Evelyne Galloni d'Istria, et François Sorba.

Et présenté au passage un unique candidat à sa présidence : Jean Biancucci, ancien président de l'Agence d'aménagement durable, d'urbanisme et d'énergie de la Corse (AUE). Une candidature décriée par les mouvements nationalistes minoritaires comme par les élus de droite Un soffiu novu.

Ces 16 derniers avaient alors fait le choix de quitter la séance, dénonçant le fait de ne pas avoir "fait l'objet de propositions". "De quoi a-t-on peur ? Qu’un membre de la majorité ne soit pas élu si demain il y a pluralisme ? […] Vous n’êtes pas majoritaire au sein du syndicat de l’énergie", s’était emporté Laurent Marcangeli.

En cause, l'appartenance de l'ensemble des 8 délégués désignés par la Collectivité au groupe majoritaire Fa populu inseme. Une décision jugée peu démocratique par ses opposants. Jean Biancucci réfute pour autant toute accusation d'unilatéralisme de Fa populu inseme.

Preuve en est, appuie-t-il, la proposition de liste commune faite aux deux factions nationalistes minoritaires, lors de la dite session : six places auraient été attribuées au groupe Fa populu inseme, une à Avanzemu, et une à Core in Fronte. La droite, avec Un soffiu novu, n'était pas incluse dans la proposition, "ce qui peut se comprendre", argumente Jean Biancucci.

"Le PNC a refusé, ce qui a entraîné un refus de Core in Fronte. Je ne sais pas si c'est une faute, ce n'est pas à moi de le dire, mais nous avons agi de manière désintéressée, et ils ont pris la responsabilité de refuser. Et aujourd'hui, force est de constater que certains font désormais campagne contre nous", constate-t-il.

Le PNC a refusé, ce qui a entraîné un refus de Core in Fronte. Je ne sais pas si c'est une faute, ce n'est pas à moi de le dire, mais nous avons agi de manière désintéressée, et ils ont pris la responsabilité de refuser.

Un système validé "sans problème" en 2018

Le comité syndical du Syndicat d'énergie de la Corse-du-Sud est composé de 197 maires ou délégués des communes membres (122 en tout), et de 8 délégués élus par la Collectivité de Corse.

Jusqu'en 2018, la présidence du Syndicat était attribuée au président du Conseil départemental de Corse-du-Sud. La création de la Collectivité unique de Corse a imposé un nouveau modèle d'attribution : le président du Syndicat est désormais désigné parmi les 8 élus de la Collectivité, tandis que les 4 vice-présidents sont choisis au sein du collège de maires.

Un système délibéré et validé "sans problème" en 2018, avec l'élection de Joseph Pucci, élu du PNC, tient à rappeler Jean Biancucci. Mais qui ne conviendrait aujourd'hui plus à plusieurs maires et délégués des communes membres du Syndicat, ni à certains élus territoriaux. Un comité syndical exceptionnel est convoqué ce mardi 17 août. Avec pour objectif, voter le changement de statut de désignation de la présidence, en permettant aux maires d'également candidater au poste.

Réunion "hors statut" et en dehors "de toute légalité"

Pour Jean Biancucci, cette réunion pose de gros soucis, considérant qu'elle serait à ses yeux "complètement hors statut". Le comité syndical, dans un premier temps, "n'a pas été convoqué par le premier vice-président, Antoine Ottavi", mais par le directeur général des services du SDE2A, Pierre-Paul Cesari. "Dans une commune, que je sache, ce n'est pas la secrétaire de mairie qui signe les convocations pour la réunion du conseil municipal, c'est le maire, glisse le conseiller territorial. Dans le cas présent, la compétence revenait au premier vice-président, et non au directeur."

Contacté, Pierre-Paul Cesari a refusé de s'exprimer sur la question.

Je pense que tous ceux qui ont un peu de bon sens, et ont à coeur le respect des procédures, en dehors même de toute sensibilité, n'iront pas non plus [à cette réunion]

Le changement de staut, ensuite, s'il venait à être voté, le serait "en dehors de toute légalité juridique", estime Jean Biancucci. Plus encore, "l'attribution de la présidence n'a jamais posé problème au cours des dernières années. On peut donc légitimement se questionner sur les raisons, sauf à considérer que certains ont attendu les résultats des élections territoriales pour imaginer qu'il pourrait y avoir une modification des statuts visant à exclure le candidat présenté par la Collectivité."

Il l'annonce : il ne fera pas le déplacement, demain. Et il espère qu'ils seront nombreux, parmi les maires et délégués, à faire de même. "Je pense que tous ceux qui ont un peu de bon sens, et ont à coeur le respect des procédures, en dehors même de toute sensibilité, n'iront pas non plus. Je ne suis pas là pour critiquer ceux qui feront le choix de s'y rendre, un constat sera fait à la suite de ce rendez-vous. Mais je peux déjà m'exprimer concernant les 8 délégués de la collectivité de Corse, qui n'iront pas, tout comme les 3 délégués issus de Cuttoli-Corticchiato [la commune dont il est le maire, ndlr]."

Jean Biancucci insiste : sa nomination en tant que président du SDE2A lui semble légitime, fort de son expérience de trois ans en tant que président de l'AUE. "J'ai beaucoup travaillé avec mon équipe pour la programmation pluriannuelle de l'énergie, la maitrise de l'énergie, la productin d'énergie propre... Je connais parfaitement le sujet, et cela, au-delà de la compétence du Syndicat d'éléctrification des communes."

Le septuagénaire attend désormais "de se mettre en route, et de faire profiter de sa connaissance et son expérience" dans le domaine, pour lequel il y a "à la clef des moyens financiers importants mis en oeuvre".

Contacté, Laurent Marcangeli n'a pas souhaité faire de commentaires au sujet de la réunion du comité syndical et du vote. Jean-Christophe Angelini et Paul-Félix Benedetti, têtes des groupes d'Avanzemu et de Core in Fronte, n'ont pour l'heure pas répondu à nos solliciations.

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