Comment enrayer le déclin de la pêche artisanale ? En visite en Corse la semaine passée, le secrétaire d'Etat à la mer a annoncé la possibilité d'une aide de deux millions d'euros pour moderniser la flottille, en rendant les bateaux moins gourmands en gazole. Un verdissement qui semble bienvenu pour la profession.
Il reste seulement 160 pêcheurs en Corse, contre 200 en 2012. Les embarcations ont en moyenne plus de 30 ans, certaines ont même au-delà de 70 ans. Racheter un vieux bateau peut être décourageant quand on veut vivre de ce métier, d'autant qu'il n'existe pas, à ce jour, d'aide à l'installation.
Un point qui pourrait être prochainement amené à évoluer : En déplacement ces jeudi 16 et vendredi 17 mai sur l'île, Hervé Berville, secrétaire d'Etat en charge de la mer et de la biodiversité, en a laissé entrevoir la possibilité aux pêcheurs corses. Au programme, le déploiement de deux millions d'euros en vue d'un renouvellement de flotte.
Mais à une condition, précise le secrétaire d'Etat : que d'ici la fin de l'année, "la Collectivité de Corse, avec les pêcheurs et le lycée maritime, proposent un bateau type. Et ensuite avec ce bateau type, on pourra aller chercher des financements."
Un tel accord a déjà été mis en place l'an dernier, à Cayenne, en Guyane, avec des financements apportés par BPI France et l'armateur CMA-CGM. Deux millions d’euros ont là aussi été débloqués pour moderniser la flotte. En Corse, le dispositif sera-t-il soutenu par des banques publiques ? Cela reste à définir.
"On ne parle pas de donner une possibilité supérieure de pêcher"
Le comité régional des pêches maritimes mise sur un accord cet automne avec l'Etat, et l'Office de l'Environnement. Pas question en tout cas, d'augmenter les prélèvements halieutiques, et de risquer d'aller à l'épuisement des ressources.
"Quand on parle de moderniser la flottille, on ne parle pas de donner une possibilité supérieure de pêcher, insiste Daniel Defusco, président du comité des pêches de Corse. Les bateaux sont vieillissants, il faut donc changer leur moteur, pour pouvoir avoir des nouveaux modèles beaucoup plus économiques et écologiques."
Un dispositif, poursuit-il, qui permettrait aussi d'aider "les jeunes pêcheurs à se trouver dans une situation beaucoup plus sécuritaire sur des bateaux en meilleur état. Quatre jeunes pêcheurs qui s'installent par an, pendant cinq ans, ce serait pour nous une réussite."
Aujourd'hui, on compte plutôt trois professionnels de la mer par an qui arrêtent leur activité sur l'île. Une année de pêche en Corse représente en tonnage une semaine d'activité à Boulogne-sur-mer. Bien loin, donc, d'une pratique intensive. L'Assemblée de Corse débattra en juillet de la future convention de soutien au verdissement de la flottille.