L'exercice est périlleux pour le Premier ministre. Tirer un premier bilan du confinement, et éclaircir, autant que possible, les modalités du déconfinement attendu, au mieux, le 11 mai. Mais l'heure est encore aux "hypôthèses", selon Edouard Philippe.
L'intervention était très attendue, une semaine après le discours d'Emmanuel Macron, qui envisageait une sortie de confinement le 11 mai. Une décision qui a fait débat dans l'opinion publique et dans les médias, au cours des derniers jours. D'autant que l'idée d'une déconfinement progressif, qui demanderait aux plus âgés de rester chez eux quelques temps encore, et celle d'une réouverture des écoles, ont fait grincer quelques dents.
Mais dès le début de son intervention, Edouard Philippe a fait savoir qu'il ne fallait attendre aucune grande annonce.
L'heure est aux ajustements.
Une présentation du plan détaillé de la sortie de confinement est attendue pour la fin du mois d'avril.
Verbatim :
Premier bilan de confinement
- L'évolution de l'épidémie, aujourd'hui, semble sous contrôle.
Penser que l'épidémie est derrière nous serait une erreur.
- Nous avons 5000 lits de réanimation environ, et si l'épidémie progresse normalement, les admissions vont augmenter avec le temps et dépasser les capacités de réanimation. Dans ce cas, on aurait un grave problème.
Nous avons donc développé une stratégie autour de deux axes, augmenter notre capacité, et dans le même temps confiner la population, pour que la circulation ralentisse, et que le nombre de cas sévères soit inférieur à la capacité d'accueil dans ces services.
- La baisse des patients covid-19 devrait se confirmer si, et seulement si, le confinement est respecté dans les jours à venir.
Les masques :
- Nous avons augmenté la production hebdomaire, de 4 millions au mois de janvier, à 8 millions aujorud'hui. Et nous allons continuer à augmenter la production nationale.
- Nous envisageons un élargissement de la distribution des masques au cours des prochaines semaines.
Quelles perspectives ?
- Cette crise sanitaire va entraîner une crise économique qui ne fait que commencer et sera brutale. La production en France et dans une très grande partie du monde, s'est presque arrêtée. La consommation aussi.
Jamais dans l'histoire un arrêt aussi brutal n'a été vécu. Jamais.
- 36 % d'activité économie en moins
- 43 % d'activité dans l'industrie en moins
- 88% d'activité dans la construction en moins
- 90 % d'activité dans l'hébergement et la restauration en moins
-9 millions de salariés sont en chômage partiel, et 130.000 entreprises bénéficient pour l'heure de prêts garantis par l'Etat.
Le fonds de solidarité mis en place a déjà reçu 1 million de demandes.
Ce sera la plus forte récession depuis 1945. La croissance sera négative de l'odre de 8 %.
Comment sortir du confinement ?
- Nous ne pouvons pas geler indéfiniment tous les éléments de la nation sans voir celle-ci s'effondrer.
- Nous devons limiter la circulation du virus, et accroître nos capacités en réanimation.
Ce sont les deux conditions qui permettront la sortie progressive du confinement à partir du 11 mai.
- Notre vie, à partir du 11 mai, ne sera pas celle d'avant. Pas avant longtemps. Nous allons apprendre à organiser notre vie collective avec ce virus. En vivant dans un quotidien qui sera un peu différent.
- Les gestes barrières sont absolument essentiels. Ne pas les respecter, les prendre avec plus de décontraction, parce qu'on a entendu quelques bonnes nouvelles, c'est nous exposer à une reprise de l'épidémie.
- Pour pouvoir recommencer à vivre normalement, avec le virus, il va falloir tester, et tester massivement, tous ceux qui sont susceptibles de le porter. Et isoler les porteurs du virus.
- Après le déconfinement, il est probable que s'agissant des transports publics, il soit obligatoire d'utiliser un masque. Dans les entreprises, il faudra maintenir le télétravail, lorsque c'est possible. Quand il n'est pas possible, il faudra que les rèlges de l'entreprise respectent les barrières sociales.
- Les commerces seront progressivement rouverts. Pas les cafés et les restaurants dans un premier temps, parce que cette nature d'activité ne permet pas de freiner la circulation du virus. Mais il faudra là encore multiplier ces gestes-barrières.
- La question des école est une question sensible, qui interroge professeurs, parents d'élèves. L'objectif est de trouver la bonne méthode. Et elle sera progressive. Les écoles n'ouvriront pas partout le 11 mai. Mais nous devons commencer à réouvrir. Un certain nombre d'élèves se trouve dans une situation où le lien scolaire est rompu. Ils se trouvent privés de tout contact avec l'école. Et cela présente un grave danger pour la nation.
- Des moitiés de classe pourraient rentrer, et alterner avec l'autre moitié de la classe d'une semaine sur l'autre. Ou des lieux plus grands pour donner les cours. Nous travaillons sur toutes les hypothèses.