La réforme du bac apparaît comme un risque concernant le développement de l'enseignement du Corse au lycée. Associations et élus sont convaincus que le système d'option peut devenir rapidement néfaste.
L’enseignement de la langue corse est-il menacé par la réforme du baccalauréat ? C'est en tout cas ce qu'affirment haut et fort les membres de la majorité et de l'exécutif territorial. Xavier Luciani, conseiller exécutif en charge de la langue corse, demande aujourd'hui à la rectrice de prendre la mesure du danger et de réunir toutes les instances.
« D’un point de vue global, c’est un manque évident d’attractivité pour les élèves qui suivent un cursus bilingue depuis la maternelle et qui se retrouve dans un entonnoir au bac, avec des épreuves dévaluées, en termes de coefficients, des options qui disparaissent, ou des options qui sont mise en concurrence avec les langues anciennes par exemple », soutient-il.
Aujourd'hui, 98 % des 6eme suivent des cours de corse, ils ne sont que 58 % en 5eme et 20 % au lycée. Ce phénomène d'entonnoir pourrait s'accentuer, car la valeur stratégique du Corse va baisser avec la réforme.
Concernant les options, seuls comptent les points au-dessus de 10 pour le Corse. Pour le latin ou le grec, les points au-dessus de 10 sont multipliés par trois. Pour le collectif Parlemu Corsu, réuni mercredi devant le rectorat, le corse doit être enseigné dans le tronc commun et non pas comme une option dévalorisée. « On s’adresse à nos élus. On dirait qu’aujourd’hui, ils ont pris l’habitude de baisser la tête et de négocier les options au mieux. Mais on parle toujours d’options. Le Corse est toujours déprécié, le Corse est toujours mal considéré. On veut qu’il soit mis dans le socle commun, à parité avec les autres langues », estieme Micheli Leccia, président du collectif Parlemu corsu.
La polémique enfle
Interrogée le mois dernier, la rectrice d'académie avait annoncé avoir obtenu la création d'une spécialité corse auprès du ministère. « Mon ambition est de porter haut l’enseignement de la langue corse dans sa dimension pédagogique et didactique. Si j’ai porté cette demande, c’est que j’y vois une occasion formidable pour le devenir de l’enseignement de la langue corse pour renforcer les compétences des élèves, former des locuteurs expérimentés », indiquait-elle alors.
La polémique enfle. Sur twitter Jean-Guy Talamoni estime que 45 ans de combats sont mis à mal.
Enseignement de la langue et de la culture corses :
— Jean-Guy Talamoni (@JeanGuyTalamoni) 7 février 2019
La réforme du bac et le projet #Blanquer vont détruire tout ce qui a été construit, pas à pas, depuis 45 ans.https://t.co/iQB4FKHeny
Selon nos informations, une rencontre est prévue lundi entre les services du rectorat et ceux de l'exécutif territorial.
Vendredi, Julie Benetti, rectrice de l'Académie de Corse, a annoncé la création d'une spécialité langue corse.