Entre Marseille et la Corse, le premier navire "zéro particules"

La Méridionale a présenté son navire, le Piana, dans une version "vertueuse". Le ferry, grâce à son filtre à particules, éliminera 99,9 % des particules fines qu'il émettra, en mer comme à quai.

"Premier navire au monde Zéro particule". Le slogan s'étale, en lettres peintes, sur une dizaine de mètres de haut, à l'arrière du Piana. La Méridionale le sait, en 2022, être écoresponsable, c'est important. Et le faire savoir, au moins autant. 

 Première mondiale

Le ferry amiral de la Méridionale, ou plutôt sa version améliorée, est dans le port d'Ajaccio, pour son inauguration. Et la compagnie maritime marseillaise l'affirme, "c'est le bateau de commerce le plus propre de la Méditerranée".

La raison, le filtre à particules, désormais installé sur les quatre moteurs du Piana. Il permet d'éliminer 99 % des oxydes de soufre, mais également 99,9 % des particules fines et ultra fines, qui sont en grande partie responsables de la pollution qui se répand au-dessus des ports de l'île, une pollution régulièrement dénoncée par les associations de défense de l'environnement. 

"Il ne rejettera rien, ni dans l'eau, ni dans l'air", selon Benoît Dehaye, le PDG de la Méridionale. 

Pour STEF, qui détient la Méridionale, ce filtre à particules est "un équipement totalement novateur dans le monde maritime". Il repose sur un principe appliqué dans de nombreuses centrales thermiques : à l'aide d'une poudre de bicarbonate de sodium injectée dans le collecteur de gaz d'échappement, on agit chimiquement sur les particules, en désulfurisant, et puis en captant ces particules et métaux lourds, retenus dans des "chaussettes".

15 millions d'euros

Cette innovation à un prix : 15 millions d'euros, pris en charge à hauteur de 10 millions par la Méridionale, et de 4 millions par la Région Sud. Le dernier million provient de l'Etat, à travers l'Ademe, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie. "Il est très important d'avoir un accompagnement dans la longue durée, pour pouvoir réaliser ces tests, finaliser les solutions et les rendre efficaces", estime Benoît Dehaye. 

La Méridionale insiste : cette innovation n'est que la dernière en date d'une "stratégie de limitation de l'empreinte environnementale de la compagnie", qui a débuté dès 2016, avec la mise en place de connexions électriques à quai à Marseille pour limiter la pollution. C'était déjà une première, en méditerranée, pour une compagnie de Ferries. 

Progrès

Du côté des associations de défense de l'environnement, on salue la démarche. Dominique Lanfranchi, de Sentinella, le reconnaît : "c'est la preuve qu'un industriel peut également œuvrer pour l'environnement, quand il en a la volonté. La Méridionale est en train de tracer un chemin vertueux, nous espérons que l'ensemble des compagnies en fera autant". 

Mais le militant en doute. "Il semble difficile de leur imposer quoi que ce soit. Qu'ils soient ferries ou croisiéristes, la plupart du temps, ils sont sous un pavillon qui n'est pas le pavillon français". Pas de quoi décourager Dominique Lanfranchi, qui est habitué aux luttes de longue haleine. "Ce qu'on pourra faire, en revanche, c'est leur interdire l'accostage dans les ports de Corse !"

Vu l'impact économique de ces bateaux sur l'économie insulaire, pollution ou pas, voilà un chantier qui semble bien plus difficile à mener que celui des filtres à particules...

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