En cette première semaine de l'année 2024, France 3 Corse Via Stella vous propose de retrouver les reportages d'In Tantu per l'Ambiente. Retrouvez ce dimanche un reportage consacré aux mesures et aux nouvelles technologiques dans le domaine de l'agriculture visant à préserver l'eau.
À Vintiseri, en plaine orientale, Paul-Marie Tiberi a relancé l'exploitation lancée par son père, 4 hectares de clémentiniers. Il y a aussi planté des avocatiers et des orangers. Et pour connaître les besoins de tous ces arbres, il fait aujourd'hui confiance à des sondes plantées dans le sol.
Sur son téléphone, il reçoit ainsi sur son téléphone, via une application, toutes informations utiles pour irriguer au mieux. La filière IGP clémentine a par ailleurs accepté un jour sans arrosage chaque semaine. Mais que se passera-t-il si la pluie ne tombe plus ?
"Cette année, c'est une année particulière, on a eu des belles pluies au mois de juin, donc ça n'a pas été un problème, mais si on retombe sur des années comme on a connu, oui, on sait très bien qu'on manque d'eau. Et c'est le cas pour toute la Corse, les agriculteurs comme les particuliers ou encore les professionnels du tourisme", indique Paul-Marie Tiberi.
"On a des solutions qui sont étudiées, de peut-être créer d'autres bassins, voir si nous, à titre personnel, on ne peut pas créer des bassins de rétention sur les parcelles, mais ça, ce sont des projets relativement compliqués. Pour l'instant, si nous arrivons à des grosses sécheresses, nous allons être rapidement démunis."
Vers une agriculture d'avenir vertueuse
Anne Amalric est viticultrice à Aghjone. Sur 10 hectares, elle cultive notamment du Sciaccarellu, avec des arbres autour pour faire de l'ombre à ses cépages. Et elle arrose uniquement les jeunes vignes, et seulement si nécessaire.
"On est dans une zone sur la côte orientale qui est assez verte, on a beaucoup d'arbres autour de nos parcelles, on est sur des terrains filtrants, avec une rivière qui ne coule pas très loin, des sources sûrement très profondes, on a un enracinement très profond..., détaille-t-elle. Oui, on a du stress, des baies qui sèchent, effectivement. Après, je pense qu'il y a d'autres endroits, comme en Balagne, où il y a beaucoup plus de déficit, ou c'est plus catastrophique."
Pour Anne Amalric, une agriculture d'avenir est forcément vertueuse. "Il y a sûrement des excès comme partout, mais je pense que la majorité des agriculteurs font attention, respectent les jours et les heures d'arrosage. Il y a eu des travaux qui ont été faits dans notre secteur cette année pour chyanger des canalisations pour améliorer la déperdition d'eau. Je pense que de toute manière, il faut anticiper sur tout le système."
Retrouvez le reportage de Pierre Nicolas :
Choix politiques
À la chambre d'agriculture de Haute-Corse, Julien Bergès est en charge des questions d'irrigation. Formé à Corte, il connaît tous ces enjeux par cœur. Et ils sont nombreux, quand l'agriculture représente 70% de la consommation mondiale d'eau douce. "Quand on entend ce chiffre-là, on se dit c'est énorme et il y a quelque chose à faire, à quoi ça sert quand on utilise autant d'eau ? Mais cette quantité elle est justement là pour faire de l'alimentation."
Ce n'est donc pas du loisir, cette eau qui n'est pas là pour arroser les golfes, et on sait déjà qu'elle va manquer durablement en montagne. "On voit que sur le littoral on va avoir une tendance à augmenter d'ici 20, 30, 50 ans d’un à deux degrés. Mais par contre, en montagne, quand on s'élève, là on est plutôt sur des hausses de températures de l'ordre de cinq degrés sur les prévisions. C'est quand même relativement important", rapporte Julien Bergès.
Une difficulté complexifiée par des périodes de pluies qui se décalent et deviennent ainsi difficilement prévisibles. "Il y a des choix politiques aussi qui sont à faire, conclut-il. Est-ce qu'il est plus important de distribuer de l'eau aux populations, aux animaux, ou à l'agriculture, ou est ce qu'il est plus important de préserver certaines espèces animales ou végétales protégées ?"