Créé à l’automne 2020 pour défendre et développer la forêt insulaire, U cullettivu per a furesta corsa a profité de la rentrée pour rappeler ses propositions formulées en amont des élections territoriales. Tout en attendant qu'elles soient désormais appliquées par le nouveau Conseil exécutif.
En ces temps de reprise de la vie politique, cela sonne un peu comme une petite piqure de rappel. Même si, depuis sa création fin septembre 2020, U cullettivu per a furesta corsa n’a cessé de sensibiliser l’opinion et les pouvoirs publics sur les problématiques forestières, ses membres ont tenu à rappeler leur principal objectif : "mettre la forêt au centre du débat public dans toute sa multifonctionnalité : économique, patrimoniale, sociétale et environnementale."
Composé majoritairement d'élus des communes forestières, de syndicalistes et de professionnels de la forêt et du bois, le collectif se dit "satisfait du regain d’intérêt observé autour de la forêt corse depuis plusieurs mois". Ce qui n'empêche pas ses membres de rester attentifs quant à la mise en œuvre des propositions formulées en amont de la campagne des Territoriales. À cette occasion, ils avaient même envoyé un questionnaire à tous les candidats à l’élection afin de connaître leur vision sur la problématique forestière. Quatre des dix têtes de liste avaient répondu, d'autres avaient évoqué le sujet.
En février dernier, "Furesta corsa" avait également rencontré le Conseil exécutif. "Nous avons pu constater au sein du programme électoral de la liste "Fà populu inseme" du président de l’Exécutif sortant, la reprise in extenso d’une bonne partie de nos propositions en matière de relance de la filière bois, de soutien aux professionnels, de formation, ainsi que plus largement d’une véritable politique de gestion forestière avec une relance de l’investissement financier dans les massifs. Cela constitue un élément déterminant dans la mesure où cette liste a été portée aux responsabilités de la Collectivité de Corse pour les sept prochaines années."
Là aussi, u cullettivu se montre "vigilant quant à la mise en œuvre effective de ces propositions qui constituent désormais un engagement pris devant les différents acteurs de la forêt insulaire par l’exécutif territorial".
La désignation officielle par la Collectivité de Corse d’un interlocuteur unique en matière forestière est également attendue
Malgré un taux de boisement de 58% largement supérieur à la moyenne national, l'île a vu diminuer, selon le collectif, la part d’investissement de la Collectivité de Corse dans ses forêts territoriales. "Pour mémoire, jusqu’en 2013, la part était de 2 millions d’euros. Elle est aujourd’hui réduite à peau de chagrin au travers d’un marché d’entretien mécanisé des pistes de 600 000 €. Une somme très faible au regard de l’état de dégradation de la desserte forestière territoriale."
Toujours à l’adresse du nouvel exécutif, u cullettivu ajoute que, "sur le plan politique, la désignation officielle par la Collectivité de Corse d’un interlocuteur unique en matière forestière est également attendue".
"Un programme critiquable"
L’autre élément sur lequel "Furesta corsa" s’attarde concerne le Programme Régional de la Forêt et du Bois. Élaboré en commun par la Collectivité de Corse et l’Etat, ce document ayant vocation à fixer les orientations forestières pour la période 2021-2030 est actuellement soumis à une consultation publique jusqu’au 6 octobre prochain. Par la suite, il devrait être présenté devant l’Assemblée de Corse.
"Comme nous avons pu déjà le réaffirmer, ce document est fortement critiquable à la fois sur la forme, à savoir une élaboration à la hâte par un bureau d’étude du sud de la France, mais surtout sur le fond car il ne définit aucune perspective en matière de préservation ou de développement de la forêt corse publique ou privée. Nous avons eu l’occasion de le souligner lors de notre rencontre avec le Préfet Lelarge et la Direction de la DRAAF. Pour aller au-delà de ce document, des groupes de travail thématiques couvrant l’ensemble de la problématique forestière devraient être mis en place."
Des travaux que le cullettivu souhaite voir "débuter rapidement" et au cours desquels il "apportera ses contributions au service exclusif de la forêt corse publique et privée".
Un autre cycle de travail thématique, placé sous l’égide de la commission politique forestière de la Chambre des Territoires, pourrait également voir le jour prochainement.
Une commission "Risques en forêts"
S'il demande aux politiques de respecter leurs engagements, le collectif n’oublie pas non plus les siens ; à savoir ceux qu’il avait pris il y a un an, lors de sa création à Vizzavona. Ses membres rappellent leur volonté d’appréhender la question forestière dans toute sa globalité. Cela se matérialisera par la mise en place d’une commission "Risques en forêts et enjeux environnementaux". "Les dérèglements climatiques doivent entrer dans les débats avec notamment le risque incendie où la Corse est en première ligne. Mais également le rôle de la forêt vis-à-vis de la préservation en quantité et en qualité de la ressource en eau."
Prochainement, le collectif communiquera sur d’autres travaux, notamment ceux concernant l’impact de la fréquentation sur les espaces naturels. Une problématique plus que d’actualité au sortir d’une saison estivale qui, malgré la menace du Covid, a vu affluer un très grand nombre de visiteurs dans l'île.