Ce jeudi 20 juin, des maires de Balagne ont tenu une conférence de presse pour dénoncer la saisine de la Chambre régionale des comptes sur la régie intercommunale Acqua Publica Balanina. Une prise de position sur fond de conflit avec l'office d'équipement hydraulique de la Corse suite au transfert de compétences prévu par la loi Notre sur la gestion de l'eau.
Comme un symbole, c’est sur les berges du barrage de Codole que les maires de la communauté de communes d’Ile-Rousse Balagne ont décidé de tenir leur conférence de presse.
Cette retenue alimente en effet toute la microrégion en eau.
Ils poussent un cri d’alerte pour soutenir Acqua Publica Balanina. La régie intercommunautaire instaurée en 2019 dans le cadre de la loi Notre est frappée par un mandatement d’office lancé par l’Etat pour le règlement de factures impayées à l’office d’équipement hydraulique de la Corse et par une saisine de la Chambre régionale des comptes.
La chambre doit rendre son rapport à la fin du mois. Ils craignent qu’elle ne demande d’augmenter les tarifs. Pour eux, c’est non, quitte à désobéir.
"À un moment donné il y aura des actions qui ne seront pas violentes mais que l’ensemble des acteurs de l’eau vont comprendre, prévient Lionel Mortini, Président de la communauté des communes d’Ile-Rousse Balagne. Nous sommes là avant tout et simplement pour défendre nos populations et nous le ferons parce qu'elles ne peuvent pas continuer à avoir des augmentations sur le prix de l’eau et de l’assainissement. Même si c’est l’Etat ou l’office qui le demande, nous ne le ferons pas. Les choses, sont claires, comme nous ne passerons pas en DSP, on peut nous pousser tant qu’on veut, on ne donnera pas la gestion de nos 17 villages au service privé."
60% d'augmentation dans certaines communes
Parmi les communes qui dépendent de la régie, Occhiatana. Le village n’a jamais manqué d’eau.
Jusqu’en 2018, le mètre cube y était facturé 1 euro. Aujourd’hui, c’est 1,60 euro minimum, soit 60% de plus. Une hausse qui, selon le maire, a de fortes répercussions sur le budget de ses administrés.
"C’est plus qu’important !, estime Stéphane Orsini. On voit très bien sur certaines familles où il y a des retraites de l’ordre de 800 euros, c’est énorme pour elles sur une année, quand on se retrouve à payer 600 ou 800 euros d’eau..."
Grâce à la régie intercommunale, le village a pu faire 1,8 million euros d’investissements, pour deux captages et un réservoir notamment. Des coûts supportés par la régie grâce au lissage des prix sur l’ensemble des communes.
"Ça va être très compliqué à gérer"
Attilius Ceccaldi, maire de Lama et président du bureau de la Chambre des territoires, ne reviendrait pas en arrière mais, comme les autres, il veut mettre en garde l’ensemble des maires.
En 2026, le transfert de compétence des communes sur la gestion de l’eau sera obligatoire.
"On travaille à l’assemblée, à la chambre des territoires, pour essayer de la rendre optionnelle cette compétence… Si ça ne se fait pas, il faut vraiment qu’ils se préparent très bien parce que dans les communes les plus reculées de corse, ça va être très compliqué à gérer."
Dans son dernier budget, l’intercommunalité a inscrit 1,35 million d'euros au titre de la régie communautaire. C’est, selon les élus, suffisant pour payer leurs dettes à l’office hydraulique.
Pourtant, dans la saisine de la chambre régionale des comptes, cette dette s’élève à 1,8 million. Une somme que l’office, joint au téléphone, confirme. Tout en se déclarant ouvert à mettre en place un protocole de paiement étalé dans le temps.
Le reportage de Maïa Graziani et Typhaine Urtizverea :
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