Inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, la réserve de Scandola est à la fois marine et terrestre. Un havre de paix pour la biodiversité menacé par les incivilités, les infractions et des visiteurs de plus en plus nombreux.
 

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La nuit est en train de tomber mardi, sur la réserve de Scandola, quand des agents de l'équipe de surveillance du Parc Naturel Regional de Corse repèrent un yacht de 20 mètres environs, immatriculé à Toulon et discrètement ancré.

A son bord, des bouteilles de plongée et des fusils harpon –dont l’usage est interdit la nuit. Un peu plus loin, des plaisanciers sont interpellés, avec plusieurs douzaines d’oursins. Leur pêche est interdite en cette saison. Un procès-verbal est émis, le tribunal de grande instance de Bastia décidera de la suite à donner à cette affaire. Pour Jean-Marie Dominici, conservateur de la réserve naturelle de Scandola, les faits de braconnage sont marginaux : « la présence permanente des agents est dissuasive. Ces personnes auraient pu faire pire si nous ne les avions pas interrompues. »



Excès de vitesse

Un autre problème inquiète davantage le responsable de la réserve : la sufréquentation. Cet été, les procès-verbaux établis par les agents portaient bien moins sur des braconniers que sur des excès de vitesse. Excès commis non pas par des particuliers mais par des compagnies transportant des visiteurs sur place. « Des quotas les oblige à transporter 15 personnes maximum par bateaux. Ils essaient d’aller vite pour exercer un maximum de rotations. Quand les capitaines sont arrêtés ça les énerve d’autant plus et certains peuvent se montrer violents », relate Jean-Marie Dominici.



Ils font la queue leu leu pour entrer dans les grottes 

En été 2016, 388 embarcations parcouraient chaque jour la réserve à ses heures d’ouverture, de 8 heures à 22 heures environs. En 2018, il y en avait 480. « Ils font la queue leu leu pour entrer dans les grottes », déplore le responsable de la réserve.
Conséquence : les baigneurs ne sont pas en sécurité, la pollution sonore et aux hydrocarbures menacent la réserve. Des scientifiques ont déjà observé le déplacement des mérous, essentiels dans la chaîne alimentaire, vers les eaux profondes. Des problématiques qui s’ajoutent aux dérèglements climatiques globaux.

Excédé, Jean-Marie Dominici espère « une prise de conscience collective ». « Ce trésor est la poule aux œufs d’or de tout le monde et on est en train de la tuer. Si on tue la poule aux œufs d’or l’économie va s’effondrer. »
Ce qu’il espère : « maîtriser ce type d'activités, les rendre plus pertinentes ». « On a tout pour réussir et on se plante », conclue-t-il.

Ce trésor est la poule aux œufs d’or de tout le monde et on est en train de la tuer.

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