Acheter des terrains pour les céder, à des prix cassés, aux gens qui vivent à l'année à Moncale. C'est initiative prise par Jean-Baptiste Filippi, le maire, afin de permettre aux locaux d'accéder à la propriété dans une région très touristique.
"Je vais devoir débourser 64.000 euros pour cette parcelle de 800 mètres carrés", confie Felix Matteodo en balayant du regard le terrain qui s'étend devant lui. "Bien sûr, ce n'est pas négligeable, pour quelqu'un de mon âge, et qui ne gagne pas un salaire très élevé. Mais une somme pareille, ça a rendu viable mon projet".
Dans quelques semaines, les travaux de construction de sa maison débuteront. Une très bonne nouvelle pour le pompier professionnel trentenaire qui, depuis longtemps, voulait revenir vivre à Moncale, dont il est originaire.
Trois fois moins cher
En tout, ce sont 32 habitations du même genre qui verront prochainement le jour sur la commune. 14 lots comme celui de Félix ont été vendus sur les hauteurs de la commune, à 80 euros le mètre carré. Et 18 autres dans la plaine, pour une somme moindre encore, de 40 euros le mètre carré.
Avant, les maisons du village se vendaient 500.000 francs. Aujourd'hui, c'est 500.000 euros
Jean-Baptiste Filippi, maire de Moncale
Nous sommes en Balagne, à une quinzaine de kilomètres de Calvi, et des plages de sable, très courues des touristes. Et la pression immobilière est constante. Dans certaines communes des alentours, c'est 250 euros qu'il faut débourser au mètre carré, soit trois, ou quatre fois plus qu'à Moncale.
La raison de ces prix très bas : une initiative peu commune prise par la mairie de Moncale. "Le principal problème pour la jeunesse corse, et pour la jeunesse balanine en tout cas, c'est la spéculation immobilière qui rend l'accès à la propriété presqu'impossible", explique le maire, Jean-Baptiste Filippi. "Même les maisons dans le village sont hors de prix. Avant, elles se vendaient 500.000 francs [75.000 euros - NDLR]. Aujourd'hui, c'est 500.000 euros".
Règles strictes
Pour l'élu, il était primordial "de maintenir une population choisie au village, même si le terme peut ne pas plaire à certains. Alors on a fait le choix de donner la priorité aux Moncalais".
Pour cela, la municipalité s'est portée acquéreur des deux terrains, pour un montant total d'environ 2 millions d'euros. Et une fois les 32 lots vendus, elle rentrera tout juste dans ses frais. Mais il n'était pas question de dégager un profit de l'opération : "les jeunes couples de Moncale vont pouvoir vivre et construire un projet de vie ici, et laisser quelque chose à leurs enfants".
Il est interdit de revendre le bien durant vingt ans
Jean-Baptiste Filippi
Pour obtenir une parcelle dans de telles conditions, il ne suffit pas d'être du village. "il y a des règles strictes à respecter pour être éligible. Il est interdit de revendre le bien pendant vingt ans, les gens sont obligés de vivre à l'année à Moncale, il est impossible de faire de la colocation, et il y a une obligation de mettre ses enfants à l'école du village".
Une initiative qui pourrait bien faire des émules sur l'île, où la question de l'accès à la propriété est au centre des préoccupations.