Les cafetiers se sont rassemblés devant la préfecture, lundi à Bastia, pour protester contre la fermeture de leurs cafés pendant la période du couvre-feu. Ils craignent de ne pas se relever et demandent plus de dialogue avec l’Etat, alors que le préfet a rencontré certains cafetiers.
Les plus superstitieux y verront peut-être un signe du destin. Le ciel ensoleillé de Bastia, où les cafetiers s’étaient donné rendez-vous lundi devant la préfecture de Haute-Corse pour protester contre la fermeture des cafés pendant six semaines, s’est voilé quand est arrivé 15 heures, l’heure de la mobilisation.
En un instant, le ciel est devenu noir. Et la pluie et le vent ont glacé la petite centaine de personnes. Des cafetiers, des politiques, mais aussi des citoyens.
François tient un bar à Cervione. Il est monté à Bastia pour "manifester (s)on mécontentement", alors que les cafés vont fermer pendant la période du couvre-feu décidée pour endiguer l'épidémie de Covid-19, qui s'aggrave en Corse.
Le trentenaire tient un bar de village, et il a peur de la suite : "On va arriver à une fermeture, c’est obligé. Je suis père de famille, j’ai une femme, un enfant et il faut que je les nourrisse. Il y en a qui ont des loyers en retard, ils vont se faire mettre à la porte."On va arriver à une fermeture, c’est obligé. Il y en a qui ont des loyers en retard, ils vont se faire mettre à la porte.
Le gérant propose à manger et pourra rester ouvert pendant les six semaines de couvre-feu – où les cafés seront fermés, mais les restaurants ouverts jusqu’à 21 heures. Mais il pense à ces bars de village qui vont fermer. "Il y a des petits vieux qui sont seuls, ils viennent au café pour discuter, partager un moment, jouer aux cartes."
Mesures "erratiques"
Plus loin, Ghjisè patiente sous son parapluie. Le retraité de Cervione est venu "pour soutenir l’économie corse" et parle de mesures "erratiques". "Ce qui m’attriste, c’est de voir des pères ou des mères de famille qui sont en train d’agoniser."Une gérante de café croisée se dit "dégoûtée" et ne veut pas parler, "surtout pas aujourd’hui." À côté, il y a Gilles Simeoni. Le président du conseil exécutif est venu soutenir les cafetiers, mais rappelle que la Corse est dans une "situation sanitaire extrêmement grave".
Il souhaite simplement un "vrai dialogue", car certains "risquent de perdre leur emploi ou leur activité".