Saïd M'Hadi, 37 ans, est mort mercredi 22 septembre lors d'un contrôle de son titre de transport dans le métro marseillais. Handicapé mental, le Bastiais aurait été "violent et virulent" selon les agents du métro. Une version des faits décriée par sa famille.
Comment un banal contrôle de titres de transport a-t-il pu tourner au drame dans les couloirs de la station de métro "Joliette", à Marseille ? Presque une semaine après les faits, la famille de Saïd M'Hadi, 37 ans, veut connaître la vérité. Handicapé mental à 80%, ce Bastiais, ex-résidant de Lupinu et installé chez sa mère à Marseille depuis un an, est décédé mercredi 22 septembre, dans des circonstances qui restent encore à clarifier.
Un contrôle qui aurait dégénéré
Selon le parquet de Marseille, il est 17h passées de quelques minutes, mercredi, quand six agents de la régie des transports marseillais (RTM) procèdent à une vérification des titres de transports à la station "Joliette". Un contrôle auquel Saïd M'Hadi, "décrit comme agité, virulent et violent" aurait tenté de se soustraire.
Le trentenaire aurait alors été "amené au sol et maîtrisé par les agents de la RTM". Une immobilisation qui aurait fait suite, selon le directeur général de la RTM, Hervé Baccaria, à un "échange de coups".
Les agents de la RTM, rejoints par d'autres de leurs collègues, contactent les forces de l'ordre. Mais à leur arrivée, et alors qu'ils tentaient de menotter Saïd M'Hadi, les policiers constatent qu'il ne bouge plus. Selon un témoignage policier recueilli par 20 minutes, "les agents de la RTM paraissaient étonnés. Les policiers ont pris [le pouls de Saïd M'Hadi], qui battait toujours, et l'homme a été placé en position latérale de sécurité."
"Rapidement pris en charge par les pompiers" selon le parquet, Saïd M'Hadi est déclaré mort "malgré une longue tentative de réanimation".
Enquête ouverte par le parquet
Dans un communiqué publié jeudi 24 septembre, le parquet indique que "les premières conclusions de l’autopsie font état d’un syndrome asphyxique de mécanisme indéterminé au temps de l’autopsie".
"Des analyses complémentaires sont en cours", précise la procureure de la République de Marseille, Dominique Laurens, qui a ouvert une enquête "pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner", confiée à la Sûreté Départementale.
"Un homme gentil, plein de douceur"
Une version provisoire des faits qui ne convainc ni la famille de Saïd M'Hadi, ni ceux qui l'ont connu. "C'était un homme gentil, plein de douceur, et incapable de faire du mal à une mouche", témoigne un proche. "C'est incompréhensible. Ce dont il avait besoin, c'est de patience et d'un peu d'aide."
Au centre de l'Eveil à Bastia, qui accompagne les personnes en situation de handicap mental et où Saïd M'Hadi a été suivi de 2004 à 2016, on parle d'un homme "tranquille, affable, et d'une grande vulnérabilité." Là bas, le trentenaire travaillait notamment dans les ateliers d'espaces verts et de menuiseries, et maniait donc des outils qui ne sont confiés "qu'aux personnes qui ne peuvent faire acte de violence quelconques et qui sont inoffensives".
Représentée par maître Fabrice Giletta, la famille entend désormais suivre de très près les investigations.