Modification du sens de circulation à Bastia : du provisoire qui dure ?

Certaines des modifications qu'impliquait la fermeture du tunnel de Bastia, en février, ont été maintenues. La mairie a constaté une fluidification du trafic grâce à elles, et aimerait les pérenniser. mais veut d'abord consulter les Bastiaises et les Bastiais.

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Une Ford fiesta bleu azur longe le cinéma Le Régent avant de s'engager dans la rue Salvatore Viale. Et de piler, au milieu de sa manœuvre, alertée par des coups de klaxon. 

L'automobiliste derrière lui baisse sa vitre et lui lance : "faut pas y aller, par là, le sens de la rue est toujours inversé !" Le ton n'est pas celui du reproche, mais de la lassitude.

Antoine, au volant de la fiesta, recule, sans dissimuler son irritation. "Comment on le sait, par quel côté on la prend ?", maugrée-t-il en tapant du plat de la main sur le volant.  

Quand on lui oppose que, à l'entrée de la rue Salvatore Viale, deux grands panneaux sens interdit l'indiquent clairement, il éclate de rire : "clairement ? c'était sensé durer jusqu'à la fin des travaux. Ils ont même été finis en avance. Et ça fait deux semaines qu'ils sont finis les travaux !"

Il faut bien le reconnaître, tout cela n'est pas très clair pour les Bastiaises et les Bastiais. Il suffit pour cela de jeter un coup d'œil à la rue Viale. Et à la plupart des autres transversales au boulevard Paoli. Un seul sens doit être respecté, mais les voitures sont garées dans les deux sens. Une preuve de plus qu'il vaut mieux avoir de la chance, au moment de les emprunter, si on ne veut pas se retrouver capot contre capot, et être contraint à des manœuvres sans fin. 

Un badaud, que l'on devine pas franchement conciliant avec la majorité municipale, prend part à la conversation. "Moi, régulièrement, j'appelle la police municipale, pour demander si aujourd'hui, on a l'autorisation de tourner à droite ou à gauche. Y a les panneaux, ok , mais aussi bien ils ont oublié de les enlever, depuis le 11 mars..." assène le sexagénaire, goguenard. 

Du provisoire qui dure

Les travaux du tunnel de Bastia, en février dernier, obligeaient à le fermer, et promettaient de plonger Bastia et les environs dans un chaos automobile sans précédent. La coordination entre la mairie de Bastia, la CdC, la préfecture de Haute-Corse et les socio-professionnels, soutenue par la discipline des automobilistes, a permis que la période se déroule sans trop de problèmes. 

Parmi les mesures mises en place, une modification de sens de circulation d'une partie des rues du centre-ville avait été adoptée. Une modification provisoire, et qui, pourtant, dure. La raison : les expérimentations des derniers jours pourraient aboutir à des modifications définitives du plan de circulation du centre-ville...

La municipalité bastiaise a fait savoir que, "à la suite de la réouverture anticipée du tunnel de Bastia, les mesures de circulation prises pour fluidifier le trafic pendant la période de fermeture du tunnel ont été progressivement levées". (Une phrase qui risque fort de ne pas vraiment aider Antoine et les autres automobilistes à savoir comment réagir face aux sens interdits provisoires qui sont toujours plantés à l'entrée de certaines rues bastiaises...)

"Cependant, certains aménagements mis en place pendant cette période ont démontré leur grande efficacité dans la fluidification du trafic automobile en centre-ville. Face à ce constat, la Municipalité a décidé de proposer aux riverains et usagers leur maintien afin de continuer à décongestionner la circulation au maximum". 

Cette semaine, 16 jours après la fin des travaux, la mairie a donc lancé une consultation publique en ligne, sur son site et à travers les réseaux sociaux. 

Tous les aménagements ne sont pas concernés. Seuls ceux qui concernent directement l'axe principal, le Boulevard Paoli, pourraient être conservés définitivement. 

D'abord, pour éviter l'engorgement du coude du haut du boulevard, on envisage de supprimer définitivement huit places de stationnement, pour élargir la rue à cette hauteur, afin que les camions et bus qui se croisent puissent le faire sans batailler durant de longues minutes, provoquant des embouteillages derrière eux. 

Mais le gros du morceau, c'est ce qu'on appelle les points de cisaillement, ou croisements. L'idée, c'est de maintenir l'interdiction de tourner à gauche, tout le long du boulevard.

En clair, impossible de couper la file d'en face, du bas du boulevard au palais de justice, que vous le montiez ou le descendiez. En conséquence, quand vous êtes engagés sur le boulevard Paoli, ou dans la rue César Campinchi, impossible de rebrousser chemin, vous ne pourrez tourner qu'arrivés au rond-point du palais de justice, ou au Novelty...

Mais, au final, malgré ces inconvénients, promet la mairie, les automobilistes y gagneraient une fluidification maximale et une décongestion totale du boulevard Paoli, et la décongestion du carrefour Miot. 

Qui pour, qui contre ? 

Ce premier scénario est le plus radical, mais les services municipaux, conscients du changement d'habitudes que cela impliquerait, propose deux scénarios qui creusent le même sillon, mais plus modérément. 
Ils sont également consultables sur le site internet de la ville, où chacun peut donner son avis, jusqu'au dimanche 27 mars.

"Moi, je les ai pas vus, encore, les scénarios, lance Antoine, notre automobiliste en fiesta, avant de reprendre la rue César Campinchi, "mais ce que je sais, c'est que je voterai pour aucun qui m'oblige à monter jusqu'au palais de justice pour tourner, quand j'arrive de l'Annonciade et de que je veux me garer sur la place Saint-Nicolas !"

Cette question du sens de circulation est une question d'importance pour la vie quotidienne bastiaise, et pourrait chambouler, pour le pire ou le meilleur, les habitudes des automobilistes, ancrées depuis des décennies. Mais entre l'assassinat d'Yvan Colonna, la guerre en Ukraine, la présidentielle, et la sortie du Covid, difficile de se faire une place dans les conversations. 

Il reste quatre jours, aux riverains et aux autres, pour faire entendre leur voix sur le site de la ville de Bastia. Mais quand on sait les interminables polémiques suscitées, à l'époque, par la piétonisation de la rue Napoléon, et le peu de goût des Bastiaises et des Bastiais pour toute forme de changement, on se dit que cela ne suffira peut-être pas à régler la question...

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