Nouveaux remous au procès du double assassinat de Bastia-Poretta: la directrice d’enquête était disponible

Pour rappel: l’annonce par le président de la Cour d’Assises du renvoi de l’audition des enquêteurs au 10 juin pour cause d’indisponibilité avait provoqué le  départ des avocats et des accusés dans le box

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Depuis le 21 mai, le procès du double assassinat de Bastia-Poretta se déroule avec un box vide, à l’exception de la présence de Jacques Mariani, bien seul. Chaque jour les huit accusés - dont Christophe et Richard Guazzelli, présentés comme les instigateurs du double assassinat de Bastia Poretta, et la matonne, Cathy Chatelain, qui les aurait aidés - sont extraits de leur cellule mais restent dans les geôles du palais de justice.

Ils refusent de venir assister au procès. Seuls sont donc présents à l'audience Jacques Mariani et ses avocats, mais également les prévenus qui comparaissent libres pour association de malfaiteurs.

Congés en avance

Pour rappel: après l’attaque sanglante d’un fourgon pénitentiaire à Incarville le 14 mai, qui empêchait toute extraction des détenus, la cour avait été contrainte de modifier le calendrier. 

Le président avait alors annoncé une suspension des débats puis le renvoi des auditions des enquêteurs, un moment important qui ouvre généralement un procès d’assises, au 10 juin, soit trois semaines plus tard.  

La raison du renvoi au 10 juin était due aux …Jeux Olympiques. Le président expliquait que les fonctionnaires du ministère de l’intérieur avaient été priés de prendre leurs congés en avance, pendant les mois de mai et de juin, afin d’être mobilisables à compter de l’ouverture des compétitions olympiques, le 26 juillet. Après s’être entretenus avec leurs clients,  les avocats déposaient une demande de renvoi. Le président rejetait la requête. Les avocats quittaient la salle. 

Définitivement. Le procès avait pourtant bien commencé par de longues explications de Christophe et Richard Guazzelli, puis de Christophe Andreani sur leurs vies avant l’assassinat de leur père, puis celles d’après… « C’est l’amour des siens qui tue en Corse » avait lancé Andreani, le fidèle ami des Guazzelli comme s’il posait les jalons d’une reconnaissance. 

Mais depuis, le procès se déroule sans questions, sans interventions des principaux accusés et de leurs avocats. Un gâchis. 

Hier était donc arrivé le moment des exposés des enquêteurs. 

Historique de la criminalité organisée en Corse, présentation des différentes bandes, scène de crime, premières hypothèses…

Après avoir rigoureusement et longuement décrit, énuméré tous les éléments de la scène de crime du double assassinat de Bastia-Poretta, la directrice d’enquête, capitaine à la police judiciaire de Bastia, a dû répondre à une question d’un des avocats de Jacques Mariani, l'un des rares avocats présents dans la salle.

Obstacles

« Vous n’avez donc pas pu venir avant ? », demande Me Yassine Maharsi à l’enquêtrice à la fin de son exposé. 

« Mais non, pas du tout », répond en toute franchise l’enquêtrice. « J’étais tout à fait disponible avant. Comme la plupart de mes collègues. ». La policière explique qu’elle a effectivement été contrainte de ne pas prendre ses vacances entre le 7 juillet et le 7 Septembre, mais qu’elle a donc pris ses vacances fin juin début juillet.

Les avocats des prévenus qui comparaissent libres se mettent à faire quelques pas dans la salle, échangent quelques mots.

« Nous vous demandons une suspension », lancent-ils au président. Le président répond aussitôt : « Je m’y oppose ». 

Puis s’avouant très en colère, il explique :

« Face aux multiples obstacles, j’ai décidé de renvoyer le bloc des enquêteurs au 10 juin, je ne pouvais pas faire autrement. Je ne permettrai pas que l’on remette en cause ma probité ».

Les débats reprennent ce matin avec un expert en messages décryptés.

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