En Corse, la rentrée, jusque-là, s'était bien passée, avec aucune fermeture de classe au programme. Mais trois écoles s'estimaient en sureffectif. Et réclamaient des moyens supplémentaires. L'Education nationale s'est rendue à leur avis.
Les parents d'élèves et les enseignants des écoles de Borgo, de Lucciana et de Saint-Florent ont été entendus. Cet après midi, durant plus de trois heures, les représentants des syndicats et l'administration se sont réunis lors du traditionnel comité technique spécial départemental, ou CTSD.
Un rendez-vous traditionnel, après chaque rentrée, qui concerne les derniers ajustements de carte scolaire.
Les groupes scolaires Crocetta et Dominique Antoniotti sont parvenus à obtenir un enseignant chacun en plus, pour décharger les classes, en sureffectif. Et un demi-poste a été attribué également à Saint-Florent, où des inquiétudes avaient été soulevées, et relayées par Core in Fronte, sur une possible fermeture de classe d'école maternelle.
Fabien Mineo, secrétaire départemental du SNUipp - FSU de Haute-Corse, ne cache pas sa satisfaction. "Le rectorat avait annoncé que la rentrée se ferait à moyens constants, et comme aucun poste n'avait été fermé, aucun poste ne pouvait être ouvert. Mais les choses se sont faites en bonne intelligence. Un poste et demi a été pioché dans le volant des cinquante brigades, qui ont vocation à assurer les remplacements, et le deuxième poste complet a été récupéré à l'Ile-Rousse. Il devait être attribué à une maternelle, mais les effectifs ont fondu lors de cette rentrée".
La fin rapide, et satisfaisante pour l'ensemble des parties, d'une polémique qui avait débuté ce matin.
Retour sur une matinée agitée, mais pas trop
A 8h45, de nombreux parents d'élèves s'étaient rassemblés devant l'entrée de l'école Dominique Antoniotti, à Borgo. Rien moins que le plus important groupe scolaire du département, avec 380 enfants scolarisés. Et certains des parents présents se disaient prêts à bloquer l'accès aux salles de cours, pour manifester leur mécontentement. Derrière eux, une banderole. On pouvait y lire : "plus de place en classe, on reste dans la cour ! I zitelli ùn sò micca sardine !"
Sur la porte d'entrée, étaient placardés les effectifs des classes. 25, 27, voire 29 en CE2, et 30 en CM2... Pour Andréa, c'est beaucoup trop. " Dans la classe de mon fils, ils sont 27. C'est bien plus que l'année dernière. Comment vous voulez faire cours dans ces conditions ? "
Il faut dire que l'année dernière, en raison d'une baisse des effectifs, un poste avait été supprimé. Mais en raison des inscriptions enregistrées depuis, on serait revenus, en cette rentrée 2022, à la situation d'il y a deux ans, ce qui nécessite "un retour à la normale". Comprenez, un enseignant ou une enseignante en plus...
I zitelli ùn sò micca sardine !
L'énervement était palpable, alors que 8h45, l'heure de la rentrée, approchait. Mais assez vite, le ton allait s'apaiser. "C'était plus un mouvement d'humeur qu'une vraie action, explique Fabien Mineo, également sur place. Et puis l'intervention de madame le maire a contribué à calmer les choses".
Conciliation
Anne-Marie Natali a en effet rapidement quitté l'hôtel de ville voisin pour se rendre sur les lieux, et, avec son énergie habituelle, a fait rentrer les élèves en classe, en demandant aux parents d'élèves de patienter jusqu'à cet après-midi, et la tenue à 15 heures du CTSD, qui avait à l'ordre du jour la question de Borgo, ainsi que celle de Saint-Florent et de Lucciana.
"C'est une bonne chose, que tout se soit passé dans le calme. C'est un bon signal qui avait été envoyé à la direction des services départementaux de l'éducation nationale de Haute-Corse", estime Fabien Mineo. "C'aurait été dommage que ce soit vu comme un coup de pression, avant même que l'administration ne prenne sa décision. C'était juste un avertissement".
Un avertissement qui a été entendu.