Quelques jours après que l'explosion et le feu qui ont détruit l'Albore, ses gérants, Gaetan Savignoni et Mika Zaru, ont ouvert une cagnotte Leetchi, Sustegnu pè l'Albore. Nous avons rencontré Gaetan Savignoni, qui revient sur les faits, et nous présente la démarche.
Dans la nuit du vendredi 12 au samedi 13 avril, la paillote l'Albore, qui devrait lancer sa saison le lendemain, était détruite par une explosion suivie d'un incendie. Le lendemain, une enquête était ouverte pour "destruction par un moyen dangereux", et confiée à la brigade de recherches de Bastia et à la section de recherches de Haute-Corse.
Gaetan Savignoni revient pour nous sur une période très difficile à vivre : "Du jour au lendemain, on a tout perdu. C'est un deuil, en vérité. C'est comme perdre quelqu'un de sa famille. C'est la même chose".
On n'a jamais eu de problème avec qui ce que soit, on a été très surpris
Comment avez-vous appris que votre paillote était détruite ?
On avait passé une bonne partie de la soirée du vendredi sur place. Mika mettait tout en caisse, et moi je vernissais le comptoir. Tout était prêt pour ouvrir le lendemain à 9 heures, les frigos étaient pleins... Et puis on est venu me réveiller à 5 heures du matin chez moi. J'ai entendu taper, et je me suis dit qu'il y avait un problème. Mais je m'attendais à tout sauf à ça. On n'a jamais eu de problème avec qui ce que soit, on a été très surpris.
Vous vous occupiez de l'Albore depuis quand ?
Ce devait être notre quatrième saison. On l'a prise en gérance en 2021, on a commencé doucement, on a mis un peu d'argent, et beaucoup de temps, pour l'aménager à notre goût. On a bien marché, et on a réinvesti, réinvesti, réinvesti... On avait une quinzaine de salariés chaque saison, mais il y avait aussi les fournisseurs, les chanteurs, les gens chez qui on prenait les desserts. Tout cet argent se redistribuait l'hiver dans la région...
Les messages, ça nous montre que les gens nous apprécient, et trouvent que c'est injuste, ce qui nous arrive, ça nous aide à avancer
Beaucoup de gens se sont manifestés pour vous soutenir ?
Énormément. Des gens qu'on ne connaît même pas nous envoient encore des messages, plusieurs jours après. Nos amis nous entourent, nos proches. Les commerçants des environs nous proposent de l'aide, du matériel... Ça fait du bien, ça nous montre que les gens nous apprécient, et trouvent que c'est injuste, ce qui nous arrive, ça nous aide à avancer.
Comment vous est venue l'idée de la cagnotte Sustegnu pè l'Albore ?
Plusieurs personnes nous ont soumis l'idée, et on s'est dit pourquoi pas. On a des dettes auprès de gens qui nous avaient livrés la veille de l'incendie, on n'a pas d'assurance, alors ça peut nous aider à résoudre tous ces problèmes-là.
Et peut-être repartir de l'avant ?
Nous reconstruire, c'est un rêve, oui, mais il faut beaucoup de moyens financiers. On n'en est pas là. Il va falloir se reconstruire psychologiquement, aussi. Et ça va prendre du temps. Quoi qu'il en soit, cette année ce sera impossible, parce qu'il y a une enquête en cours et pour l'instant on a le droit de rien, même pas de débarrasser les décombres. Alors on va commencer par payer nos fournisseurs, par payer tout ce qu'on a à payer, et selon le montant de la cagnotte, pourquoi pas faire quelque chose dans le futur, mais ce ne sera pas demain matin.
Regardez le reportage réalisé par nos équipes au lendemain de la destruction de la paillote.