Le street art investit les rues de Bastia. Ce mouvement s’affiche dans les lieux publics, sans autorisation, pour que les œuvres soient vues par le maximum de gens. Mais les artistes préfèrent rester dans l'ombre. Rencontre avec « 8ree », l’un de ces mystérieux artistes.
Pour suivre « 8ree » lors d’une de ses balades nocturnes, deux indications seulement. Le jour : un vendredi. Et l'heure : minuit. Ni nom, ni adresse, ni téléphone. Ce soir-là, l’artiste va à nouveau frapper. Et il veut être discret. Le mot d'ordre : faire profil bas.
Pourtant, dans les rues désertes de Bastia, difficile de passer inaperçus. Mais le tout est de ne pas se faire prendre par la police. « Ça fait partie du jeu d’être pris ou pas pris. On est toujours contents quand on n’est pas pris. On risque une amende pour dégradation de biens publics. Mais pour l’instant aucune », indique le graffeur.
Pas de règle, ou presque. « 8ree » affiche partout, hormis dans les lieux saints et les hôpitaux. Tandis que Bastia dort, il repeint la ville aux couleurs des années 1980. « Certains artistes font passer des messages. Moi personnellement, je n’en ferai jamais passer. Moi, je me suis mis aux pixels parce que ça me rappelle ma jeunesse : Mario, PacMan », continue « 8ree ».
« C’est quand même assez fou »
Il a longtemps admiré les œuvres des autres. En août dernier, il s'est jeté à l'eau. Sans savoir dessiner, il a trouvé un style qui lui convenait. « Il y a moins d’un an jamais je me suis dit : ‘Je serai capable de faire ça’. Honnêtement, je passais à côté et aujourd’hui, je suis capable de faire ça, je me dis quand même, c’est assez fou », explique « 8ree ».
Désormais, on croise ses œuvres à chaque coin de rue. Le jeune artiste espère qu'elles inciteront d'autres bastiais à se mettre, un jour, au street art.