Les objections des élus de l'opposition sont restées lettre morte. Ce vendredi 17 décembre, le conseil municipal de Bastia a adopté les modalités de cession de l'îlot de la Poste. Le projet d'une cinquantaine de millions d'euros devrait voir le jour à l'horizon 2026.
"Il reste encore quelques étapes à franchir, mais nous arrivons à la fin d'un long travail". Pierre Savelli, le maire de Bastia, se félicite : après moult débats tenus depuis l'aube de sa première mandature, le Conseil municipal de Bastia a adopté - sans l'appui de l'opposition -, ce vendredi 17 décembre, les modalités de cession de l'îlot de la Poste à la SAS Antoniotti, groupement d'acteurs économiques retenu pour l'appel d'offre.
Au programme, l'accueil de secteurs d'activités divers, à savoir des commerces, un hôtel, des logements, des bureaux pour les groupes La Poste et l'antenne bastiaise de France Télévisions, et la création d'un parking en sous-sol de 300 places. L'ensemble du projet comprend une surface d'un peu moins de 13.000 m², et plus de 50 millions d'euros d'investissements privés prévus pour aménager les lieux. Un projet central, estime le maire, à l'endroit "où passe le plus de monde à Bastia", et qui devrait, selon les projections, aboutir à l'horizon 2026.
Un prix de vente inférieur au prix d'acquisition
Coût de l'opération pour la SAS Antoniotti : 3,2 millions d'euros, soit 600.000 euros de moins que la somme déboursée par la mairie pour racheter l'ensemble immobilier, en février 2021.
Un "rabais" vertement critiqué par François Tatti, élu d'opposition "Unione per Bastia" lors du conseil municipal. "En l'état actuel des choses, nous n'avons aucun élément qui permette de démontrer que ce rabais pour le promoteur est justifié." Après "six ans de parcours", c'est un projet "qui manque d'ambition" qui est présenté par la mandature nationaliste, estime l'élu. François Tatti pointe, entre autres, "un parking dont on sait que la réalisation sera plus que difficile et compromise", du fait des contraintes techniques du site, soumis à un risque inondation, le Fangu passant sous l'avenue du Maréchal Sebastiani -.
Comment voulez-vous que nous puissions apprécier la qualité du projet si nous n'avons pas une vision d'ensemble de son développement ?
Jean Zuccarelli, élu "Unione per Bastia"
Jean Zuccarelli, également conseiller municipal "Unione per Bastia", constate de son côté un projet "au retard considérable", qui ne prendra forme "qu'au plus tôt, à la fin de la mandature." "Après tout, un projet qui met 12 ans à se faire, c'est dans les délais de cette municipalité", raille-t-il. Face au "incertitudes qui entourent" l'opération immobilière, l'élu s'agace : "Comment voulez-vous que nous puissions apprécier la qualité du projet si nous n'avons pas une vision d'ensemble de son développement ?"
Des éléments qui ont incité le groupe "Unione per Bastia" à s'opposer à la cession.
L'opposition dénonce un "flou sur la forme et sur le fond"
Même refus pour les élus "Un futur pour Bastia" : "Dans ce dossier, on peut considérer qu'il y a un flou sur la forme et sur le fond, assène Julien Morganti. Sur la forme, la population n'a pas été suffisamment associée au projet, et le conseil municipal n'en a pas eu la vision d'ensemble. Sur le fond, on s'étonne que pour un site aussi important dans l'avenir du centre-ville, il n'y ait pas eu de réflexions plus poussées sur le type de commerce ou de logements. Va-t-on parler de commerces franchisés ? s'interroge-t-il, avant de reprendre : Sur l'ensemble, c'est très léger."
La ville va perdre de l'argent et la main sur un site stratégique.
Julien Morganti, "Un futur pour Bastia"
Julien Morganti le regrette : avec la cession de l'îlot de la Poste, "la ville va perdre de l'argent et la main sur un site stratégique, qui se positionne comme un moteur du centre-ville. C'est une nouvelle occasion manquée pour Bastia."
Des critiques imméritées selon le maire : "Vous parlez de cadeau [à la SAS Antoniotti]. Ce n'est pas un cadeau du tout. Nous vendons au privé, nous ne donnons pas !" Les 600.000 euros de différence entre l'achat et la revente de l'ensemble immobilier seront compensés par le biais de taxes "générées par la suite", espère Pierre Savelli, avec autour de "800.000 euros" rien qu'en taxe pour l'aménagement.
Ce n'est pas un cadeau du tout. Nous vendons au privé, nous ne donnons pas !
Pierre Savelli, maire de Bastia
Quant au "manque d'ambition" de l'opération immobilière dénoncé par l'opposition, "je ne sais pas s'il s'agit d'un mot qui les caractérise, mais à chaque fois que nous faisons quelque chose, [les élus d'opposition] parlent de manque d'ambition", souffle le maire au sortir du conseil municipal.
"Je crois que ce projet correspond parfaitement aux conclusions des bureaux d'étude qui ont travaillé dessus, avec l'objectif de dynamiser le centre-ville. Nous avons respecté à la lettre le cahier des charges. C'est un projet ambitieux et nous sommes contents d'en arriver là, même si nous savons que derrière il reste encore le dépôt du permis de construire, la construction, la démolition… Nous ne sommes pas encore à la fin du processus, mais on s'en approche."