La Corse était placée en vigilance orange météo, ce lundi 15 juillet. Des précipitations importantes et une trombe marine ont été observées en Haute-Corse. Des phénomènes virulents qui devraient se reproduire.
Pluies diluviennes, orages violents et même une tornade longue de plusieurs minutes : ni Bastia ni le Cap Corse n’ont été épargnés par les intempéries qui ont touché la région en début de semaine. Un phénomène impressionnant par sa virulence qui pourrait être amené à se reproduire.
3 questions à Patrick Rebillout, directeur du centre Météo-France d'Ajaccio
L'épisode orageux était-il un phénomène isolé ?
Patrick Rebillout : On a mesuré 30 millimètres de précipitations à Bastia en six minutes. Il s’agit d’un record pour la Corse, mais attention : on parle ici de précipitations qui ont été mesurées. Il n’est pas impossible que ce record ait été dépassé par le passé, mais que les précipitations n’aient tout simplement pas été enregistrées.
Comment la tornade est-elle née ?
P.R : Une trombe peut se produire sous un nuage orageux. Ici les conditions étaient propices, avec le cisaillement du vent et l’eau chaude. Quand elle se trouve sur la mer, on parle de trombe, sur terre, de tornade.
Cette trombe était virulente, mais sur une échelle de classification qui va de 0 à 5, on pourrait dire qu’elle était à 1, voire 2.
Il est impossible de prédire à l’avance si une cellule orageuse va donner lieu à la formation d’une trombe marine ou non. Cela fait plusieurs années qu’on en observe frôler les rivages corses, sans qu’on ne puisse réellement déterminer si c’est un phénomène qui est en augmentation ou non.
Quels sont les conseils de protection pour les futures «alertes orange» à donner ?
P.R : Le site de Météo France propose des bulletins et des cartes avec les dernières informations disponibles plusieurs fois par jour. Je conseille vivement de le consulter. Il y a aussi des indications de comportement à adopter en cas d’alerte météo.
Quand je lis que des gens sont partis faire des randonnées en montagne en pleine « alerte orange », je trouve cela imprudent et inconscient. Mais au-delà de ces cas, les « alertes oranges » nécessitent également une prudence dans les activités quotidiennes, et non pas uniquement celles en plein-air, comme c’est le cas pour les « alertes jaunes ».
Après les évts de #Bastia, remise au clair pour les médias
— Dorian Dziadula (@DorianDziadula) 15 juillet 2019
-> #Trombe marine = sur l'eau
-> #Tornade = sur terre
-> #Tuba = amorce de tornade/trombe (ne touche pas le sol)
Expression "mini-tornade" à jeter -> on parle de tornade d'intensité EF0 à 5 (c'est l'échelle de #Fujita) pic.twitter.com/cZx0oRnK9A
Tuba, trombe, tornade... Comment les différencier ?
Distinguer un phénomène météorologique de l’autre n’est pas aisé pour qui n’est pas initié. Mais à chaque évènement son niveau de dangerosité : si un tuba reste généralement inoffensif, les tornades, elles, sont responsables de plusieurs centaines de morts chaque année.- Le tuba est une sorte d’entonnoir visible sous un nuage de type cumulus ou cumulonimbus. Le premier a une forme cotonneuse, quand le second, est un nuage d'orage à l'aspect d'enclume. Le tuba ne présente souvent aucun danger, mais si l’entonnoir touche le sol, ou si des poussières ou débris sont soulevés du sol, alors il devient une tornade.
- La trombe marine est une colonne d’air et d’eau, qui tournoie à grande vitesse, formant ainsi un entonnoir nuageux. Elle se produit quand de l’air froid passe sur une eau plus chaude. La trombe se dissipe une fois sur la terre, et est généralement moins puissante qu’une tornade.
- La tornade, justement, nait, elle, de l’interaction d’un violent orage avec des vents de la troposphère – c’est-à-dire de la couche inférieure de l’atmosphère -. Si ses capacités destructrices sont immenses, son étendue est limitée : en moyenne, quelques centaines de mètres de large sur quelques kilomètres de long. Les tornades seraient responsables de près de 400 décès par an, selon une estimation de l’Organisation météorologique mondiale.