L'association, ouverte à toutes et tous de 16 à 30 ans, promet d'être au plus près des enjeux de société de l'époque, et de laisser toutes les opinions s'exprimer. Pour ouvrir le débat, plutôt que le fermer.
"On veut être les porte-parole d'une jeunesse qui a beaucoup de choses à dire, et qui parfois se tait, parce qu'elle n'a pas de structure pour le faire. Parolla di a ghjuventù veut être cette structure, une structure dans laquelle tout le monde doit pouvoir trouver sa place". Camellu Tomasi, dans la cour intérieure du palais des Gouverneurs, à Bastia, expose le but de l'association.
S'émanciper
Derrière la table, ils sont six, âgés d'une vingtaine d'années. Face à eux, des représentants de la presse insulaire prennent des notes. Ils connaissaient le comité Parolla di a ghjuventù. Un comité qui évoluait sous l'égide de la Collectivité de Corse. Avec la création de l'association, Parolla di a ghjuventù est désormais totalement indépendante. Une évolution qui peut surprendre, mais qui était logique, affirme Olivier Huber.
Pendant quatre ans, il a été l'animateur du comité. Et s'il est là aujourd'hui, c'est pour passer le relais. "L'année dernière, une grosse réflexion a été menée par les jeunes de Parolla. Ils voulaient aller plus loin, mener leurs propres actions, de manière autonome. Ce n'était pas un problème de liberté, mais de réactivité. Le cadre institutionnel nous contraignait à une certaine pesanteur. On ne pouvait pas prévoir une manifestation du jour au lendemain, interpeller un élu... Il y avait toujours des délais. Et la jeunesse aime aller vite. L'envie de Parolla di a ghjuventù, c'est d'abord d'être au plus près des enjeux de société".
A Parolla di a ghjuventù, on débat, sans que le ton monte. On accepte la critique, et on a intégré que notre avis personnel n'est pas forcément le seul digne d'être entendu".
Olivier a aidé la nouvelle équipe à préparer les statuts, à réfléchir à un plan de communication. Désormais, le trentenaire va prendre ses distances. D'autant que l'association est ouverte aux jeunes de 16 à 30 ans. Mais l'âge est la seule restriction de Parolla di a ghjuventù. Dans une société morcelée, divisée, où chacun campe sur ses positions au détriment du débat, l'association se veut totalement apolitique.
Mathieu Ricci, qui est engagé en politique par ailleurs, a pu constater de visu la différence, comme il nous le raconte, sourire aux lèvres : "déjà, dans l'association, on ne crie pas, on ne lance pas de bouteille au visage ! On ne s'emporte pas pour un oui, pour un non. A Parolla di a ghjuventù, on débat, sans que le ton monte. On accepte la critique, et on a intégré que notre avis personnel n'est pas forcément le seul digne d'être entendu".
Apolitique
Pourtant, les sujets qui ont été à l'ordre du jour des premières réunions, ce sont ceux autour desquels la société se déchire à belles dents, confient Camellu et Tess Meschini, vice-présidente de l'association : "l'écologie, le racisme, l'homophobie et toutes les discriminations, le pass sanitaire, la pandémie... On touche à tout ce qui préoccupe notre époque, sans rien s'interdire".
Manifeste de Parolla di a ghjuventù
Les membres de Parolla di a ghjuventù le disent : ils ne sont animés que par une seule volonté, celle de faire bouger les choses. Avec l'ambition de contruire un projet de société qui leur parle. "Ca doit venir de la jeunesse. C'est pour cela qu'il faut que le maximum de personnes se mobilisent, et nous rejoignent," glisse Tess.
Sans une adhésion de la jeunesse, ils le savent, leur parole aura peu de poids. Alors Camellu, Mathieu, Tess,Samir et les autres vont aller convaincre, sur le terrain. Toutes les deux semaines, une réunion se tiendra dans une région différente de Corse, à Ajaccio, Porto-Vecchio, Calvi ou Corte.
Le miroir aux alouettes des réseaux sociaux
La jeunesse, aujourd'hui, semble sur tous les fronts. Rarement elle s'est emparée avec autant d'autorité des sujets de société qui agitent l'époque. Mais le principal canal de cette mobilisation, ce sont les réseaux sociaux. Et pour Mathieu Ricci, c'est là que Parolla di a ghjuventù a un vrai rôle à jouer : "on a parfois l'impression que sur les réseaux sociaux, un seul son de cloche est toléré, et que les voix dissidentes sont broyées par la machine. Nous, nous sommes là pour que chacun puisse s'exprimer, dans un climat apaisé, quelle que soit son opinion".
Les membres de l'association l'assurent, leurs prises de parole auront pour but d'ouvrir le débat. Et pas de le clore de manière péremptoire...