Fermeture du tunnel de Bastia : une caserne temporaire ouverte au port de commerce pour les pompiers

Le tunnel de Bastia est fermé pour travaux de désamiantage au moins jusqu'au 11 mars prochain. Une fermeture qui risque de perturber la circulation, et pour laquelle les sapeurs-pompiers se sont organisés, en ouvrant une annexe de leur caserne au port de commerce.

6h30 du matin, ce mardi 1er mars. Les premiers rayons de soleil percent timidement dans le ciel du port de commerce de Bastia, et à l'avant-poste temporaire des sapeurs-pompiers, on met en route la machine à café.

La nuit a été plutôt calme : l'ambulance n'est sortie qu'une seule fois, pour une intervention sanitaire. "On ne se plaint pas", sourit un sapeur-pompier. Dans moins d'une demie-heure, c'est la relève : après 24h de garde, tous sont enfin libérés. En l'attente, à l'étage, certains se réveillent à peine de leur sieste et finissent d'enfiler leurs vêtements. D'autres se reposent en bas, sur le grand canapé gris, face à la télévision, allumée sur une chaîne d'informations en continu.

"Honnêtement, on les aime bien ces locaux, souffle Patrick Santini, sapeur-pompier depuis 17 ans. On y est bien, et ça fait vraiment caserne. Bon, ils sont un peu petits... Mais on fait avec pour la période. Je pense qu'il y aura même un peu de nostalgie au moment de repartir."

Deux casernes et renforcement des équipes

Depuis une semaine et demie, les sapeurs-pompiers de Bastia se sont scindés en deux équipes : une première stationnée à la caserne de Lupinu, et une seconde dans cette annexe, installée dans les locaux de la Méridionale - gracieusement prêtés par la compagnie - sur le port. En cause, la fermeture du tunnel de Bastia pour travaux, à même de provoquer de fortes perturbations de la circulation en ville.

"En répartissant les forces d'intervention sur un secteur Sud et un secteur Nord, on réduit les possibles impacts sur le temps d'intervention", résume le lieutenant Christophe Lucchini.

Le nombre de personnel a également augmenté : 14 pompiers sont mobilisés par garde dans chacune des structures, contre 21 pour toute la caserne en temps normal. "Ce n'est pas évident tous les jours, et il faut aussi faire en sorte d'équilibrer les compétences entre chaque caserne, comme les pompiers habilités à conduire les poids lourds par exemple. Mais tout le monde a joué le jeu, les pompiers professionnels comme les volontaires, en doublant leurs gardes ou en se rendant plus disponibles. Tout le monde a bien compris l'importance d'accomplir cet effort particulier."

À l'origine, rappelle le lieutenant, "on a lancé le projet d'un avant-poste parce qu'on avait besoin d'être présents plus facilement sur la partie Nord de la ville. Les premières réflexions remontent à septembre dernier. Le plus dur aura été de trouver des locaux pour nous accueillir".

"Ici [au sein de l'annexe au port, ndlr], on a essayé de reproduire le modèle d'une caserne classique. On a un peu moins de place et un peu moins de confort, mais c'est quelque part presque plus convivial, de fait, et nous avons ce qu'il nous faut, c'est à dire un centre d'appel, un espace pour manger, des sanitaires et des chambres. Finalement nous avons tous réussi à très vite nous adapter : c'est la base de notre métier."

Une circulation routière "dans la norme"

Il est presque 7h, et Christophe Lucchini prend son tour de garde en tant qu'officier d'encadrement et chef de groupe pour l'avant-poste. "Je me charge de superviser les équipes, et sur le plan opérationnels, je peux intervenir dans le cadre des opérations qui nécessitent un plus grand nombre de moyens."

Première tâche de la matinée, comme à chaque début de service : la transmission des consignes, permettant de répartir les postes et les véhicules. Un rituel aussitôt commencé, aussitôt interrompu par le premier appel de la journée : le centre opérationnel (Sis) a été contacté pour une femme qui aurait fait un malaise sur la route du Fango. 

L'intervention ne nécessite qu'un seul équipage. Le véhicule de secours et d'assistance aux victimes se met donc seul en route avec 4 personnels à bord. Arrivés sur les lieux, les sapeurs-pompiers trouvent la victime consciente. Si son état n'est pas inquiétant, cette dernière rapporte d'importantes douleurs aux lombaires, et les secours suspectent une fracture au fémur, justifiant son transport au centre hospitalier de Bastia.

La prise en charge aura duré une dizaine de minutes. Le trajet jusqu'à l'hôpital en demande une quinzaine, "dans les délais habituels, hors période de fermeture du tunnel", indique Christophe Lucchini.

"La dame souffrait au niveau du dos donc on a dû prendre des précautions, rouler doucement, parce que chaque trou, chaque dos d'âne, va être un impact pour cette dame, et dans ces cas-là il faut vraiment prendre des précautions, et rouler plus doucement, ce qui fait qu'on peut mettre un peu plus de temps. Mais pour l'instant, au niveau de la circulation, on n'a pas eu trop de mal", confirme le caporal Thomas Lauvoisard, intervenu au secours de la victime.

À 7h45, la patiente est finalement accueillie aux urgences. Les sapeurs-pompiers se remettent eux en route pour la caserne.

Sur les près de 6000 opérations réalisées annuellement par les sapeurs-pompiers bastiais, "le sanitaire, comme pour le cas de cette dame, représente 80% de nos interventions, détaille le lieutenant. On a cette image des pompiers qui se battent en permanence contre le feu. Mais finalement, les incendies, ça ne représente qu'une minorité de nos opérations."

Pour l'instant, "tout se passe bien"

8h10 et retour à l'avant-poste du port. L'heure de prendre un premier, ou deuxième, ou même troisième café.

L'heure aussi pour les équipes de faire un tour de vérification des véhicules, "pour bien valider que tous les équipements sont présents, que rien n'a été oublié ou changé de place", indique un sapeur-pompier.

"C'est assez rapide, ça nous prend généralement une vingtaine de minutes. Mais on le fait nécessairement à toutes les gardes. Si quelque chose manque, ou si quelque chose ne fonctionne pas correctement, il vaut mieux s'en apercevoir maintenant qu'en pleine intervention."

Pour l'instant, assure-t-on unanimement dans la caserne, en terme de circulation comme d'organisation, "tout se passe bien". Reste désormais la grande inconnue de la troisième semaine de travaux, à partir du lundi 7 mars, qui marquera aussi la fin des vacances scolaires, et le retour de nombre de Bastiais en ville. "Là, il faudra juste croiser les doigts et espérer que tout le monde ne reprendra pas sa voiture en même temps."

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