Combinaison sur le dos et chaussons aux pieds, ils bravent la mer à la marche pour tonifier leurs muscles et affiner leur silhouette. Les "longe-côteurs", ou adeptes du longe-côte, sont nombreux sur le continent. En Corse, pourtant, la pratique rencontre encore des difficultés à s'implanter.
Redessiner sa silhouette et renforcer son endurance tout en profitant de la mer vêtu d'une combinaison en néoprène des plus seyantes : c'est la promesse du longe-côte, ou randonnée aquatique. Créé en 2005 par Thomas Wallyn, dunkerquois et entraineur d'un club d'aviron, le sport était à l'origine conçu comme un complément d'entraînement pour ses rameurs.
Mais l'activité, qui consiste à marcher dans l'eau jusqu'à la taille ou la poitrine, a rapidement fait des adeptes : en quelques années, le longe-côte a conquis les littoraux de France métropolitaine, avec l'ouverture de clubs dédiés à sa pratique en Bretagne, en Normandie, et en région PACA.
Quid de la Corse ? Si la hausse de popularité du longe-côte sur le continent est indéniable avec plusieurs milliers de pratiquants ; sur l'île de beauté, l'activité rencontre plus de difficultés à s'implanter.
Vous ne connaissez pas le longe-côte ? Tout le sport vous fait découvrir cette discipline mêlant marche et natation #TLS pic.twitter.com/u1AIMEznHl
— Tout Le Sport (@toutlesport) October 14, 2018
Multiples vertus
Fondée en 2015 - alors sous le nom de YES (pour Yoga Energie Santé) -, l'association Corsica Pass'In L'acqua est la seule à dispenser des cours de longe-côte en Corse.
Le club, qui compte trois moniteurs diplômés, est ouvert à tous les niveaux et tous les âges. Il propose toute l'année des séances à intensités plus ou moins élevée 4 fois par semaine, sur les sites d'Anghione, de la Marana et à l'Arinella.
On reçoit 1 à 2 appels par semaine de personnes qui ne connaissent pas le longe-côte et veulent le découvrir
À en croire Olivia Riolacci, monitrice et membre fondatrice de Corsica Pass'In L'acqua, la pratique ferait de plus en plus de curieux parmi les insulaires : "On reçoit 1 à 2 appels par semaine de personnes qui ne connaissent pas le longe-côte et veulent le découvrir. Bien souvent, ils décident ensuite de nous rejoindre pour une séance d'essai."
Le club compte à ce jour une quarantaine d'adhérents et espère continuer à se développer. "Dans l'eau, on travaille moins longtemps qu'en salle, mais mieux" assure Olivia Riolacci.
Loïc, 63 ans, pratique lui le longe-côte en solitaire, à Furiani. Ce Breton exilé en Haute-Corse est un inconditionnel de la discipline.
Longtemps, il a pratiqué le sport en club, à Carnac, dans le Morbihan. "J'ai des problèmes d'articulations qui m'empêchent un certain nombre de sports. Le longe-côte est plus délicat pour le corps, mais pas moins bénéfique, et c'est vraiment une bonne manière de se vider la tête."
Seul "bémol", selon Loïc : "vu de la plage, c'est vrai qu'avec notre combinaison et nos chaussons, à trotter dans l'eau, on a pas l'air malin, rit-il. C'est encore pire ici, étant donné que je pratique seul, et non en groupe. Les gens me regardent comme une bête curieuse !"
C'est déjà assez rare de rencontrer quelqu'un qui connaît le longe-côte ici, alors en voir le pratiquer...
Le retraité admet regretter "un peu" ses séances groupées en Bretagne. S'il ne cherche pas à rejoindre un club, il avoue espérer, parfois, croiser d'autres "longe-côteurs" lors de ses sorties. Peine perdue : "c'est déjà assez rare de rencontrer quelqu'un qui connaît le longe-côte ici, alors en voir le pratiquer..."
Méconnaissance et "peur de la mer"
Comment expliquer, alors, ce manque de popularité de la discipline sur l'île de beauté ?
Loïc en est convaincu, il s'agirait d'une simple méconnaissance du sport : "plus on en parlera, plus il y aura de pratiquants, c'est mathématique."
En Corse, on a une peur bleue de la mer, surtout en hiver
Mais pour Laura, habitante de Corte et fan de longe-côte "partout sauf en Corse", la réponse serait maritime : "sur le continent, je suis confiante dans les sorties en mer, parce que l'eau est plus calme, et il y a moins de risque de méduses et de vives... Ici, je ne suis pas à l'aise."
Une théorie appuyée par Olivia Riolacci. "En Corse, on a une peur bleue de la mer, surtout en hiver, ce qui explique sans doute le retard culturel de l'île vis-à-vis du longe-côte."
Pas de quoi décourager la monitrice pour autant : "Dès la première séance, on se rend vite compte de tous les bienfaits de la discipline. Il faut simplement oser."