"L'économie circulaire, c'est travailler en boucle, repenser les échanges et la production", un mode d'emploi de la loi anti-gaspillage présenté aux entreprises de Corse

Votée en 2020, la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire vise, au travers de ses 130 articles, à transformer le système en profondeur, et lutter contre toutes les différentes formes de gaspillage. Une conférence abordant la mise en œuvre de ses mesures, à destination des territoires et entreprises insulaires, s'est tenue ce jeudi à Borgo.

La loi anti-gaspillage pour une économie circulaire, ou AGEC, entend, selon le gouvernement, "accélérer le changement de modèle de production et de consommation, afin de limiter les déchets et préserver les ressources naturelles, la biodiversité et le climat". Son principal objectif : transformer l'économie actuelle linéaire, qui revient à produire, consommer puis jeter, en une économie circulaire, et donc plus vertueuse.

Votée en 2020, cette loi se décline en plusieurs mesures. Certaines - comme la fin de la vaisselle jetable dans les restaurants pour les repas consommés sur-place ou encore l'interdiction de produits plastiques à usage unique (pailles, cotons-tiges...) - sont déjà mises en œuvre. D'autres seront prochainement déployées. Une conférence à destination des entreprises et des territoires s'est tenue à ce sujet, ce jeudi 5 octobre, au campus CCI Corsica de Borgo. Une initiative visant à "encourager et accompagner les acteurs publics et privés dans des programmes d'actions et d'investissements en accord avec les différents dispositifs découlant de la loi AGEC".

Jean-Michel Bona, chargé de mission économie circulaire à l'office de l'environnement de la Corse, revient sur cette matinée d'échanges avec les acteurs de l'entrepreneuriat.

Où se situe la Corse dans le cheminement vers une économie circulaire ? 

Jean-Michel Bona : Je crois qu'aujourd'hui, comme à l'échelle du territoire français, tout est à faire, bien que de nombreuses entreprises aient engagé des actions très vertueuses, comme c'est le cas de la consigne [mise en place d'emballages ou produits à usage pluriel plutôt qu'unique, ndlr].

La chance que nous avons, c'est que nous sommes un petit territoire qui a des atouts qui peuvent être facilement structurés. Nous avons des outils, des moyens, des financements, des référentiels, qui peuvent faire que la Corse peut tirer un avantage économique et environnemental de ce dispositif.

En quoi l'économie circulaire se différencie-t-elle de l'économie linéaire ?

Jean-Michel Bona : Aujourd'hui, nous sommes dans une économie linéaire, faite, pensée pour produire, consommer, jeter. L'économie circulaire a une autre fonction, celle d'essayer de travailler en boucle, de repenser les échanges, de repenser la production. Avec bien entendu le souci de compétitivité pour l'entreprise qui doit demeurer. Mais en mutualisant et en travaillant surtout dans un esprit de préservation de l'environnement, qui est non seulement possible et intéressant, mais surtout efficace.

On le voit notamment par exemple dans le secteur touristique. Les entreprises qui ont investi dans l'écolabel européen y trouvent leur compte, autant au niveau économique qu'au niveau environnemental, mais retrouvent également une clientèle qui attend ça. Donc il y a un positionnement de la destination Corse qui est très avantageux.

Ces nouvelles mesures impliquent également des investissements financiers et temporels de la part des entreprises qui les mettent en œuvre...

Jean-Michel Bona : Même si cela nécessite parfois des investissements, ou encore des études de management environnemental, il faut dire que l'office de l'environnement et l'ADEM sont là pour adapter et faire adapter ces référentiels, partager cette connaissance, pour que les entreprises aillent dans ce nouveau sens. Aujourd'hui, il y a des aides qui existent. Mais une fois que les dates seront passées, celles-ci ne seront plus utilisables, donc je pense qu'il y a vraiment un intérêt fort pour les entreprises et les territoires, vu les référentiels, les outils et les moyens qui existent, de commencer à s'y pencher et d'y aller progressivement.

Certaines entreprises et filières restent encore aujourd'hui en marge sur ces questions environnementales...

Jean-Michel Bona : Il y a un comportement qui doit évoluer, ça a été dit. Je pense que chacun d'entre nous doit avoir une conscience,une éthique, et des bonnes pratiques. Il y a des outils qui existent, en terme de valorisation, de transformation d'une ressource.

Parce que moi, je ne parle pas de déchets, je parle de ressources. Un déchet, c'est quand c'est finalisé. Une ressource, ce sont des matériaux, des matières, qui peuvent être réutilisés. Je pense qu'on a des entreprises, aujourd'hui, qui rentrent là-dedans, et nous sommes là pour les aider, pour financer les outils, les moyens, les nouvelles méthodes.

Cela commence à prendre son chemin, mais il faut du temps, tout est progressif, c'est normal. On ne passe pas d'un coup d'une économie linéaire à une économie circulaire. Mais ce problème est mondial, et chacun doit désormais faire son petit chemin et nettoyer devant sa porte.

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