Les travailleurs de l'ombre dans l'objectif d'Armand Luciani. Le photographe a dévoilé, vendredi, sa toute nouvelle exposition, intitulée "La nuit", au musée de Bastia. On y découvre une immersion dans l'âme nocturne de la ville, en noir et blanc, et au plus près de ceux qui travaillent quand la plupart dorment.
Salariés de la poste, agents de sécurité, sages-femmes, pompiers en intervention... Ils sont ce qu'on appelle les "travailleurs de la nuit", ceux qui sont amenés à plier, ranger, surveiller, aider, aux petites heures de la nuit.
Qu'ils choisissent cette situation ou qu'ils la subissent, tous partagent ce même sentiment de solitude. Et c'est justement cet univers, où la lumière se fait rare, qu'a choisi d'explorer Armand Luciani.
Depuis hier, samedi 24 février, le photographe expose au musée de Bastia une série de clichés en immersion auprès de ces corps de métiers amenés à travailler quand le reste de la population dort. Un reportage en immersion sobrement intitulé "La nuit", où chacun pourra venir découvrir une quarantaine de clichés en noir et blanc.
"Quand on passe des nuits entières avec des gens, il y a toujours cette première demi-heure qui est un peu flottante, mais après ils se dévoilent, et on discute. D'abord, de pourquoi je fais ça, et eux après, ils parlent de leur vie, parfois vraiment très personnelle, et il en ressort de jolis témoignages", abonde Armand Luciani.
Pendant un an, armé de son appareil, le photographe a ainsi capté des scènes de vie presque confidentielles, de 22h à 6h du matin. Son travail met en lumière ces visages oubliés, qui participent pourtant à la bonne marche de notre société. Ces clichés s'inscrivent également dans une démarche de mémoire.
"Nous avons accueilli cette exposition parce qu'elle était en résonance avec notre patrimoine photographique bastiais. Dès la fin du 19e siècle, on voit des photographes locaux qui commencent à faire des photographies de ce qu'on appelle le réalisme social, raconte Sylvain Gregori, conservateur du musée de Bastia. Donc le travail d'Armand Luciani s'y inscrit pleinement, avec, bien évidemment, cette touche de modernité et de contemporanéité qui fait qu'elle a toute sa place ici."
Le public peut venir admirer cette plongée dans les travaux nocturnes jusqu'au 24 avril.