Dans un rapport portant sur le prix des carburants en Corse, le collectif "Agissons contre la cherté des carburants" dénonce des prix plus élevés sur l'île que sur le Continent. Une situation qui rendraient les ménages corses plus "vulnérables" aux dépenses liées à leurs déplacements.
Mais pourquoi le carburant est-il si cher en Corse ?
C'est la question à laquelle le collectif "Agissons contre la cherté des carburants" essaie tant bien que mal de répondre.
La préfete de Corse a bien annoncé mardi 16 juillet qu'un rapport de la DGCCRF (direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) à ce sujet était finalisé. Ses conclusions seront dévoilées en septembre, après discussion au niveau national entre les distributeurs côté DGCCRF et côté dépôts pétroliers avec la DGEC (direction générale de l'énergie et du climat).
Mais en attendant les résultats de l'enquête, certains s'impatientent.
Si les prix à la pompe sont actuellement de 1,63 euro pour le gasoil, et 1,53 pour le diesel, ils peuvent varier de façon conséquente d'une semaine à l'autre. Avec toujours une même constante : des prix plus élévés que ceux proposés sur le Continent.
Dans un rapport datant d'octobre dernier, l'Inspection générale des finances estimait que les tarifs étaient en moyenne 6,5% plus élévés qu'ailleurs dans le pays, alors que le taux de TVA est moins élévé.
"Injustice du quoditien"
Frédéric Poletti, du comité contre la cherté des carburants, voit dans le prix jugé trop élévé des carburants une "injustice du quoditien".
Dans un rapport rendu public le 8 juillet, Agissons contre la cherté des carburants rappelle qu'avant 1985, les prix du carburant en Corse étaient moins cher que sur le Continent.
Une déreglementation serait fautive de l'augmentation des prix.
Si des lourdes sanctions financières avaient en 1989 bien été données aux syndicats des distributeurs et revendeurs de Corse et aux enseignes alors présentes sur l'île (Shell, Esso, Elf Corse Lupino, BP France), "aucun mécanisme de contrôle" n'a par la suite été mis en place.
Le comité dénonce "l'excuse" de "l'insularité" de la Corse comme explication du prix plus élévé qu'ailleurs en France des carburants, arguant que l'écart des prix n'aurait eu de cesse d'augmenter.
Vulnérabilité énergétique
L'association pointe aussi l'oligopole exercé par les grossistes Vito, Total et Esso, qui fournissent la majorité des stations-services en Corse. Les trois enseignes ne se livreraient pas de réelle compétition sur les prix pour attirer le consommateur, privilégiant un rapport de "non-agression commerciale".
Les stations-services ne pourraient ainsi pas "s'appuyer sur un rapport concurrentiel lors du renouvellement de contrat avec les enseignes" : toute amélioration de leur marge se ferait donc au "détriment du consommateur", c'est à dire en augmentant les prix des carburants.
Autre point présenté par la comité, une étude de l'INSEE datée de 2015 et portant sur l'année 2008, qui place la Corse en première position en terme de "vulnérabilité des ménages" pour leurs dépenses de carburants en France.
Selon cette étude, 28% des ménages corses en 2008 étaient en situation de "vulnérabilité énergétique" pour leurs dépenses de carburants, contre 10,2% sur le plan national.
Plus frappant encore, les Corses dépenseraient en moyenne 1000 euros à l'année pour leurs déplacements, contre 700 euros pour la moyenne nationale.
Le comité espère, par ce rapport, "mettre fin à ces excuses que l'on nous sert à chaque fois que l'on veut régler la cherté de la vie ou seulement un des aspects de cette cherté", et mobiliser citoyens et élus corses autour de cette problématique.
Rapport Agissons contre la cherté des carburants