Saint-Florent : arrivée en voilier, une famille russe demande l'asile politique

Une famille russe a amarré ce lundi 28 août au port de Saint-Florent et demandé l'asile politique. Ils se décrivent comme des opposants à Vladimir Poutine et se disent menacés dans leur pays. Une situation inédite dans le département.

"C'est la première fois que j'ai à faire à une situation comme ça. D'habitude, ce sont plutôt des touristes qu'on accueille à la capitainerie." Un voilier d'une dizaine de mètres, débarqué en début de semaine au quai du port de Saint-Florent, avec à son bord quatre ressortissants russes demandant l'asile politique : l'histoire est effectivement peu commune. David Donnini, le directeur du port, la raconte volontiers.

C'est lui qui s'est chargé de la réception de cette famille, deux adolescents et leurs parents, âgés d'une quarantaine d'années, lundi dernier. "Ils se sont présentés spontanément à la capitainerie, en expliquant avoir participé à plusieurs manifestations anti-Vladimir Poutine [le président de la fédération de Russie, ndlr], et qu'ils étaient de fait menacés dans leur pays."

Plus d'un mois sur les eaux

La famille lui explique avoir voyagé dans un bateau fourni par un passeur polonais pendant plus d'un mois, partant de la péninsule de la Crimée et naviguant jusqu'aux eaux corses - soit près de 4000 kilomètres -. Un long périple, mais qu'ils ont tous terminés en bonne santé, sans nécessiter de prise en charge médicale.

Immédiatement, le directeur du port enclenche le processus administratif : "Nous avons prévenu le maire et les autorités. La police aux frontières s'est présentée à la capitainerie, et nous l'avons mise en contact avec les personnes."

Les ressortissants russes, eux, "étaient très coopérants, on voyait qu'ils étaient préparés à ce genre de démarches. Ils n'étaient pas du tout apeurés. Ils nous ont dit qu'en arrivant vers Saint-Florent, ils pensaient tomber en route sur des gardes aux frontières, mais que comme ça n'était pas arrivé, ils avaient décidé de s'adresser à notre capitainerie."

Une situation inhabituelle

En Corse, il n'existe à ce jour aucun service dédié aux demandes d'asile. Car celles-ci sont rares, voire inexistantes : depuis le début de l'année, indique Magali Chapey, directrice de cabinet du Préfet de Haute-Corse, cette famille est la première à faire ce type de démarche dans le département.

En 2022, deux cas seulement ont été enregistrés en Haute-Corse, contre plus de 131.000 pour toute la France, selon les chiffres de l'Ofpra, l'office français de protection des réfugiés et apatrides. Avec un bon recensé : + 75% de demandes d'asile en provenance de la Russie, 2.617 dossiers déposés au total.

Dans ce cadre, la famille russe a été transférée mardi 29 août à Marseille. Les passagers du bateau disposent désormais de trois mois pour effectuer leur demande d’asile sur le continent. En l’attente, ils peuvent demeurer et circuler librement sur le territoire français.