Jessica Forever: un OVNI cinématographique piloté par une jeune réalisatrice corse

Avec son premier long-métrage, Caroline Poggi, Ours d'Or à Berlin pour son court métrage "Tant qu'il nous reste des fusils à pompe", signe un film qui ne ressemble à aucun autre. Superficiel et profond. Irritant et envoûtant. 

C’est un futur tellement proche que rien ne le distingue de notre époque.
Ou presque.
Il est une catégorie de la population impitoyablement pourchassée, et abattue sans sommation, en pleine rue, par des escouades de drones.
Les orphelins.
 

Certains d’entre eux ont été recueillis par une jeune femme mutique, aux allures de sainte d’une beauté intimidante. Jessica.
Jessica est une mère de substitution pour ces jeunes hommes tourmentés, qui ont tous, par le passé, commis des actes d’une barbarie inavouable.
Cette troupe de soldats de fortune paumés fuit, de ville en ville, pour tenter de survivre à la traque.
Et de se reconstruire une virginité.
 



Le postulat de départ de Jessica Forever est intrigant.
Une sorte de Hunger Games panaché de Ray Bradbury.
Mais qu’on ne s’y trompe pas.

Jessica Forever est certes à la confluence d’une myriade d’influences, entre littérature, jeux vidéo, comics ou manga, mais il ne ressemble à rien d’autre.
Et c’est peu de dire que l’on est déstabilisé, dès les premières minutes. 
Partagé entre l’exaspération et la fascination.
 

Jessica Forever est une expérience de cinéma terriblement gonflée, qui prend sans cesse le spectateur à rebrousse-poil, en se jouant en permanence de ses attentes et des codes du genre.

Les dialogues semblent d’une naïveté confondante, le jeu des acteurs est rigide, la mise en scène, contemplative, se permet parfois des audaces qui frôlent le kitsch.

On peine, longtemps, à s’attacher aux personnages, vides de toute chair, ou à l’intrigue, qui semble de prime abord inexistante.
Et pourtant jamais on n’envisage de quitter la salle.
 

Ce vide, savamment orchestré, est hypnotique.

Le film ose tout. Il est une expérience pour le spectateur, et une vraie proposition de cinéma assumée par un couple de jeunes réalisateurs, Caroline Poggi et Jonathan Vinel, qui va jusqu’au bout de son projet, sans trembler.

Au milieu de tellement de films frileux, d’une politesse soporifique, Jessica Forever est un véritable OCNI, un objet cinéma non identifié.

Qui divise le public comme il a divisé la presse, dans laquelle les avis sont spectaculairement partagés.

Encensé par Le Monde, Libération ou les Inrockuptibles, éreinté par les Cahiers du Cinéma ou Première, le film de Caroline Poggi et Jonathan Vinel ne laisse personne indifférent.

Mais certaines images vous hantent longtemps après la sortie de la salle.
Qu'on ait aimé, ou détesté.
Et c’est aussi ça, le cinéma.

Retrouvez l'entretien avec Caroline Poggi ici.

 

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