Lancé à Toulouse il y a quatre ans, le festival des Rencontres de l'Esprit critique a fait itinéraire, les 18 et 19 octobre, à Bastia, à l'occasion de la 14e édition de Bastia ville digitale. Willy Lafran, l'organisateur, a accordé un entretien à France 3 Corse ViaStella.
En quoi consistent les rencontres de l'Esprit critique ?
Willy Lafran : On prend la pensée critique et on étire cette idée sur différentes thématiques qui vont de la science à la santé en passant par la philosophie, l'art ou la technologie. Le principe est d'amener les gens à réfléchir sur leurs propres certitudes, et à se poser des questions sur les informations qu'ils perçoivent avant de les diffuser à des tiers.
Aujourd'hui, au sein de notre société, nous avons traversé de nombreuses crises, qu'elles soient politiques ou sanitaires, et on a vu beaucoup de défiance, envers la santé, envers les élus ou encore envers le journalisme. Et cette défiance-là est un petit peu le berceau du populisme, du soupçon, on voit beaucoup de mouvements complotistes, de montées des extrêmes. Il est très important à mon avis de doter le citoyen de compétences de savoir-faire, de savoir-être, pour mettre en place des mécanismes d'autodéfense intellectuels pour apprendre à douter et à ne pas mélanger le doute et le soupçon.
Quelle est la limite entre les deux ?
Willy Lafran : C'est difficile, c'est un travail de chaque instant. On a tous des certitudes et des croyances, ce qui est important c'est d'en être conscient, et d'essayer d'apprendre ces techniques-là et de faire un peu d'introspection pour se poser les bonnes questions et pour essayer de faire au mieux. Parce que nous sommes tous humains, nous faisons tous des bêtises, et ça nous est tous déjà arrivé de propager de fausses informations à un moment donné.
L'important c'est d'en être conscient et d'essayer de lutter contre cela.
Où se situe le danger ?
Willy Lafran : Le danger c'est d'avoir une société polarisée. On en voit des modèles aux Etats-Unis avec une société très polarisée et des gens qui finissent par ne plus s'entendre. C'est très important dès le plus jeune âge, et c'est ce qu'on fait sur ces rencontres, d'apprendre à discuter avec des gens qui ne sont pas d'accord avec vous.
Notamment chez les enfants : les modèles de débats qu'ils ont aujourd'hui, c'est peut-être des élus sur des plateaux télé, c'est Touche pas à mon poste avec des gens qui s'invectivent quand ils ne sont pas d'accord... C'est peut-être par là qu'il faut aller si on veut apprendre à vivre ensemble, s'écouter, et construire les citoyens qui seront les citoyens de demain.
Le sujet de Maïa Graziani, Alexandra Lassiaille et Fiona le Ludec, consacré à la 14ème édition de Bastia Ville Digitale :
