Le terme « pinzutu » fait partie des 150 mots à rejoindre le dictionnaire du Petit Larousse 2023. Une sélection surprenante qui survient à quelques semaines de l’arrivée des touristes sur l’île.
Le prestigieux dictionnaire du Petit Larousse a anticipé la saison estivale. A quelques semaines de l’arrivée des touristes en Corse, le comité rédactionnel a adopté le mot « pinzutu » pour la prochaine édition du Petit Larousse illustré.
Voici sa définition : « PINZUTU n.m. (pl. pinzuti) [mot corse « pointu », p.-ê. parallusion à l’accent des gens du Nord ou au tricorne des soldats de Louis XV lorsqu’ils ont occupé la Corse en 1768]. Région. (Corse). Fam., péjor. ou par plais. Français (Parisien de naissance ou d’adoption, notamment) venu du continent pour passer ses vacances en Corse : Encore un pinzutu qui dit connaître la Corse après un séjour à Bastia. »
Un mot charmant malgré son côté moqueur.
Carine Girac-Marinier
Le terme « pinzutu » n’a pas été choisi au hasard. Chaque année, le Petit Larousse intègre des mots régionaux liés à un thème défini. Pour l’édition 2023, c’est le thème des vacanciers qui a été choisi : « Après ces deux années de pandémie, on trouvait que c’était important d’avoir des mots qui évoquent les vacances. « Pinzutu » est un mot charmant malgré son côté moqueur ! » explique Carine Girac-Marinier, directrice du département langue française parascolaire et beaux livres des éditions Larousse.
Ce n’est pas le premier mot corse à faire son entrée dans le dictionnaire puisque le Petit Larousse en comptait déjà neuf. Parmi eux, on retrouve notamment trois spécialités culinaires « le brocciu », « le fiadone » et « le figatellu » mais aussi les autres termes « consulte », « libeccio », « niolo », « taffoni », « voceratrice » et « vocero ».
Les régions mises à l'honneur
Le mot « pinzutu » n’est pas le seul terme issu des régions françaises à rentrer dans le dictionnaire. On retrouve ses cousins normand et savoyard, à l'image du terme « horsin » ou « horsain » désignant un touriste venant passer ses vacances en Normandie, et le mot « monchû » pour nommer un Parisien passant ses vacances en Savoie. Le terme charentais « baignassoute » signifiant « se baigner dans une eau profonde » fait lui aussi son apparition.
Depuis sa création, le Petit Larousse a toujours souhaité mettre en avant la langue française au travers des langues régionales. « Pierre Larousse était très attaché à intégrer des mots issus des régions. Pierre Larousse était bourguignon et il adorait mettre des termes issus de Bourgogne dans les premiers exemplaires de son dictionnaire. » raconte Carine Girac-Marinier.
Un choix fondé sur la quantité et la qualité
Pour sélectionner les nouveaux mots, le comité rédactionnel se base sur deux critères. Tout d’abord, le Petit Larousse s’intéresse à la quantité. Plusieurs outils sont utilisés pour compter le nombre d’occurrences d’un terme. « Pour qu’un mot puisse rentrer dans le dictionnaire, il faut qu’il apparaisse des milliers voire des millions de fois. » indique la directrice du département langue française parascolaire et beaux livres des éditions Larousse.
Ce mot est également étudié d’un point de vue qualitatif puisque le comité rédactionnel s’intéresse à son usage. La volonté du Petit Larousse est d’intégrer un terme utilisé par le grand public et non par une sphère trop technique. Pour mesurer cela, il examine beaucoup le discours des médias.
Les paris sont désormais ouverts, pour deviner quel sera le prochain mot corse à faire son entrée dans le dictionnaire de référence de la langue française.