Un peu plus de 2.000 voix les séparent des députés sortants des deuxièmes circonscriptions de Haute-Corse et de Corse-du-Sud. Et François-Xavier Ceccoli comme Valérie Bozzi comptent bien combler leur retard en fédérant les Insulaires hostiles aux nationalistes.
Ce sera, sans nul doute, dimanche prochain, la circonscription au centre de toutes les attentions. Corte-Balagne, comme on l'appelle souvent, sera le théâtre d'un face-à-face entre Jean-Félix Acquaviva, le député nationaliste sortant, et François-Xavier Ceccoli, le candidat de droite.
Un duel qui en a surpris plus d'un. Et qui s'annonce, au regard des chiffres, plus indécis qu'on aurait pu l'imaginer. Jean-Félix Acquaviva a rassemblé 33,46 % des votants, et François-Xavier Ceccoli, lui, a réuni 29,06 % des suffrages.
Réservoir de voix à droite de la droite
1.403 voix à peine les séparent. Et celui qui est le président de la fédération de Haute-Corse des Républicains, mais qui n'a pas demandé l'investiture de son parti, espère bien refaire son retard durant la semaine qui vient.
Même si François-Xavier Ceccoli a salué, peu après 20 heures, "le courage politique rare" de Lionel Mortini, qui "a su dire des vérités sur son camp, en étant franc et honnête" et qu'il a assuré qu'il était sûr "qu'il continuera sur cette voie", le maire de San-Giuliano connaît trop bien la politique pour compter sur une consigne de vote favorable, ni même sur un éventuel report d'une partie significatives des 5.736 voix d'un candidat nationaliste, qui plus est soutenu par Corsica Libera...
Un éventuel réservoir de voix plus envisageable se trouve du côté du quatrième, Jean Cardi. Le candidat du Rassemblement national a réalisé un score important de 11,47 %. 3.658 voix. Pour l'heure, pas de consigne de vote du côté du RN insulaire, et là encore, il serait surprenant qu'il y en ait une, mais on imagine qu'une partie de ses électrices et de ses électeurs seraient tentés par un bulletin qui affaiblirait les nationalistes.
Mais le camp qu'il faudra tenter de convaincre, avant tout, c'est celui des abstentionnistes, un réservoir de plus de 35.000 voix (51,81 % d'abstention au premier tour dans la circonscription). Dans l'équipe de François-Xavier Ceccoli, on veut croire que, parmi eux, se trouvent beaucoup d'électrices et d'électeurs de droite, qui ne se sont pas déplacés, pas vraiment prêts à jouer un combat qu'ils pensaient perdu d'avance. Jusqu'au score réalisé par le candidat dimanche soir...
Enfin, reste la dynamique. Un proche, Républicain de toujours, souligne : "on fait et refait les comptes, et les chiffres dans certains endroits de la circo sont à tomber par terre. Les gros scores dans la plaine, chez François-Xavier, ou a Calvi, avec le soutien d'Ange, sont compréhensibles. Mais en Casinca, par exemple, c'est inédit ! Apparemment, notre candidat propose ce que beaucoup attendaient."
Bastion nationaliste
L'autre duel qui implique la droite, c'est celui qui se tient dans la deuxième circonscription de Corse-du-Sud. Valérie Bozzi, sous l'étiquette DVD, a réuni 27,62 % des suffrages. Face à elle, Paul-André Colombani, le député sortant nationaliste, qui affiche un score de 37,24 %.
La maire de Grosseto-Prugna, même si elle a déjà fait savoir qu'elle siègerait sur les bancs de la droite, si elle est élue, est soutenue par Horizons, le parti d'Edouard Philippe. Et bénéficie donc du supposé élan de la majorité présidentielle, contrairement à François-Xavier Ceccoli.
Mais il n'est pas dit que cela soit un avantage électoral de poids. On a pu le constater, au niveau national, dimanche dernier. Et c'est plus encore le cas au niveau local, tant l'étiquette macroniste, en Corse, ne fait pas vraiment fait recette.
En ce qui concerne le soutien de Laurent Marcangeli, qui occupe le rôle de leader de l'opposition aux nationalistes au plan régional, il en est autrement. Mais cela ne suffit pas.
En effet, Valérie Bozzi, dont l'ancrage le plus important se situe autour du golfe d'Ajaccio et dans la région ajaccienne, concourt dans la deuxième circonscription, qui ne fait que frôler la ville impériale. La majorité des inscrites et des inscrits se trouve sur l'autre rive, côte est. Et Porto-Vecchio, le bassin de population le plus important, est désormais nationaliste, est acquis au PNC de Jean-Christophe Angelini, et donc à Paul-André Colombani.
Mobiliser
Pour autant, il est un élément à prendre en compte, qui n'a pas échappé à Valérie Bozzi. Paul-André Colombani, contrairement aux autres députés nationalistes sortants, n'avait pas face à lui de candidat nationaliste au premier tour. Et donc, un éventuel rabibochage, et un report éventuel de voix, sont à exclure de ce côté-là.
Alors que Valérie Bozzi, elle, tout comme François-Xavier Ceccoli, pourrait bénéficier d'un éventuel report de la part des candidats d'extrême-droite éliminés, qui représentent à eux trois plus de 20 % des suffrages du premier tour dans la circonscription, et du retour dans les isoloirs de sympathisants de droite qui n'y croyaient plus.
Reste à savoir si cela pourra lui permettre de refaire son retard de 2.500 voix. D'autant que, sur cette circonscription, où l'abstention a été très élevée (57,13 %), un éventuel retour des électeurs aux urnes pourrait bénéficier autant à la candidate de droite qu'au nationaliste, dont la réélection, en l'absence d'opposant de la même famille, ne semblait guère faire de doutes, au premier tour, pour ses partisans...