Le président de la République doit s'adresser aux Français dans une allocution télévisée ce lundi 12 juillet à 20h. Obligation vaccinale, élargissement du pass sanitaire ou réformes économiques, de nombreux sujets pourraient être abordés dans cette prise de parole.
Faut-il s'atteindre à un simple plébiscite pour la vaccination contre le Covid-19, ou se préparer à un retour de mesures sanitaires plus strictes ? Le président de la République doit s'exprimer ce lundi 12 juillet, à 20h, dans une allocution télévisée.
Une prise de parole qui intervient deux semaines après la levée générale du couvre-feu sur le territoire français, et alors que le variant Delta progresse rapidement, engendrant un rebond des cas : 4.256 cas enregistrés en France le 11 juillet, contre 2.549 une semaine plus tôt.
Plus contagieux que les précédentes souches, - on l'estime 40% plus contagieux que le variant Alpha -, le variant Delta concernait 58,8% des tests positifs criblés sur la semaine du 2 au 7 juillet en France. En Corse, ce taux est encore plus élevé : sur la même semaine glissante, 87% des PCR de criblage ont répertorié la mutation L452R portée par le variant Delta en Haute-Corse (sur 45 tests positifs recensés pour la période), et 75% en Corse -du-Sud (sur 18 tests positifs recensés pour la période).
Ce lundi matin se tient un conseil de défense sanitaire extraordinaire. À quelques heures de son allocation, le doute plane encore quant au contenu des prochaines déclarations d'Emmanuel Macron. Le chef de l'Etat "parlera de la situation sanitaire et de son évolution" et de "l'importance de la vaccination", affirme son entourage à l'AFP.
Vers l'obligation vaccinale des soignants
L'obligation vaccinale des soignants pourrait ainsi être annoncée, "hypothèse très probable", avertissait hier le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Clément Beaune.
Vendredi 9 juillet, le Conseil scientifique s'y est déclaré favorable, et a appelé à accélérer l'adoption de "mesures juridiques et législatives" allant dans ce sens. Une vaccination obligatoire qui pourrait par ailleurs être étendue à d'autres professions, selon l'instance, tels que "les aidants, le personnel des services à la personne ou l'ensemble des professionnels (non sanitaires) exposés et exposant à un risque pour autrui".
Cela en raison d'un taux de couverture vaccinale jugé "trop bas, parmi les personnels du secteur médico-social en contact avec des personnes âgées et/ou handicapées en Ehpad, établissements spécialisés ou en ville", estime le Conseil scientifique dans son avis, notant que seuls 40% du personnel des Ehpad, public ou privé, "seraient vaccinés avec une grande hétérogénéité territoriale".
#Vaccination #COVID19 | Au 11 juillet :
— Ministère des Solidarités et de la Santé (@Sante_Gouv) July 11, 2021
✔35 788 198 personnes ont reçu une première injection
✔27 385 182 personnes ont un schéma vaccinal complet
Un projet de loi pour la vaccination obligatoire des soignants pourrait être adopté avant la fin du mois de juillet. Mais la mesure ne remporte pas toutes les faveurs : plusieurs soignants ont déjà fait savoir leur nette opposition. C'est le cas notamment de Julie* (le prénom a été anonymisé), infirmière à Ajaccio. Pour cette dernière, qui indique respecter depuis dix-huit mois "à la lettre" les règles sanitaires, hors de question de se faire administrer les doses sans plus de recul sur leurs potentiels effets secondaires à court, moyen et plus long terme.
Je préfère attendre et avoir recours aux tests de dépistages plutôt que de prendre le risque d'avoir des répercussions sur ma santé dans les prochaines années.
"Je porte le masque, je me lave régulièrement les mains, je garde mes distances. Je ne suis pas plus contaminante qu'un autre, sans doute même beaucoup moins. Ce n'est peut-être pas l'avis le plus populaire, mais j'estime être en droit de décider ce que l'on va ou non m'injecter. Je n'ai pas de facteurs aggravants, et je préfère attendre et avoir recours aux tests de dépistages plutôt que de prendre le risque d'avoir des répercussions sur ma santé dans les prochaines années."
Plusieurs pays imposent déjà la vaccination aux professionnels en contact avec des publics fragiles, comme le Royaume-Uni, la Russie ou les Etats-Unis. En Italie, l'obligation vaccinale des soignants est adoptée par décret depuis le 1er avril. Les personnels réfractaires reçoivent un premier avertissement, puis sont affectés à des activités n'entraînant pas de risque de propagation du Covid-19, ou contraints de poser des congés. Dans les cas les plus extrêmes, le décret prévoit également une suspension sans solde, pour une durée "adaptée à l'évolution de la pandémie".
Inacceptable, pour un peu plus de 300 soignants exerçant en Lombardie, qui ont saisi début juillet la justice contre l'obligation vaccinale, selon eux "inconstitutionnelle au nom du respect des soins, de la sensibilité de chacun et de la liberté de choix". Une audience est prévue le 14 juillet.
Possible extension du pass sanitaire
Le chef de l'Etat pourrait également étendre l'obligation du pass sanitaire à certains loisirs. La présentation d'un certificat de vaccination en schéma complet ou d'un test PCR ou antigénique récent négatif est déjà nécessaire pour les concerts ou rassemblements culturels de plus de 1000 personnes. La jauge pourrait être abaissée, et la mesure élargie à l'entrée des restaurants, théâtres ou encore cinémas.
Une seconde hypothèse qui reste pour l'heure encore incertaine, mais déjà observée au Portugal depuis le 8 juillet, en raison d'une aggravation, là aussi, de la pandémie.
Relance et économie française
Emmanuel Macron devrait enfin aborder "la bonne santé de l'économie française et l'importance de la relance", selon les dires de son entourage à l'AFP.
À moins d'un an de l'élection présidentielle, l'objectif initial de son intervention était ainsi de définir le cap des dix derniers mois du quinquennat, en évoquant les réformes comme celle des retraites. Un planning qui a de fait dû subir quelques modifications au vu du rébond épidémique.