"On navigue à l'aveugle pour une épreuve où nous sommes des cobayes" : les lycéens réclament l'annulation du Grand oral

Autour de 300 lycéens ont manifesté ce matin devant l’Académie de Corse, à Ajaccio. Ils s'estiment insuffisamment préparés pour le passage du Grand oral, et réclament une prise en compte totale du contrôle continu. Une délégation a été reçue par la rectrice, Julie Benetti.

"Ce n'est plus un baccalauréat qu'on nous impose, c'est une punition !" Comme Andrea, 17 ans, les lycéens ajacciens étaient nombreux, ce vendredi 7 mai, à faire part de leur frustration, campés devant l'Académie de Corse. Le rendez-vous avait été donné par le CVL (conseil des délégués pour la vie lycéenne), la veille.

Au total, environ 300 lycéens, principalement des établissements Fesch et Laetita, ont répondu présent. Avec une consigne vestimentaire : venir habillé de noir, référence au #BacNoir repris en masse sur les réseaux sociaux, qui réclame l'annulation des épreuves finales de baccalauréat, après une année scolaire fortement perturbée par la crise sanitaire.

"On a le sentiment d'être complètement lâchés"

Des aménagements ont bien été concédés, mercredi 5 mai, par le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer. Pour l'épreuve de philosophie, notamment : si l'examen en présentiel est maintenu, la note de contrôle continu sera retenue si elle est meilleure. 

Mais pour la majorité des lycéens en terminale présents devant l'Académie de Corse ce vendredi matin, c'est le fameux Grand oral qui cristallise toutes les inquiétudes. "On est censés le préparer sur deux ans, et là, on se retrouve à un mois et demi du bac, et on a à peine commencé. On a le sentiment d'être complètement lâchés. Même nos professeurs sont perdus", soupire Anna, 18 ans, en terminale au lycée Fesch.

L'épreuve est d'autant plus injuste, renchérit son amie Sasha, que les élèves ont leurs cours en demi-jauge depuis plusieurs mois. "Les cours en distanciel, personnellement, je n'en retire rien. Il y a toujours un problème technique, ou des profs qui ne se manifestent pas, tout simplement. C'est plus une perte de temps."

On est censés le préparer sur deux ans, et là, on se retrouve à un mois et demi du bac, et on a à peine commencé.

Les jeunes filles estiment "naviguer à l'aveugle pour une nouvelle épreuve où [elles jouent] déjà aux cobayes". Et demandent clairement l'annulation du Grand oral, "ou qu'il soit au moins réduit à une question plutôt que deux, plaide Anna. Parce que là, ce n'est juste pas possible."

Quelques mètres plus loin, assis en tailleur à même l'asphalte, Antoine, en terminale, fait partie des rares, ce matin, à ne pas partager le même avis. "Je suis venu parce que presque tout le monde le faisait, et je ne me voyais pas aller en cours tout seul. Mais honnêtement, je suis plutôt satisfait des annonces pour le baccalauréat. La philosophie, c'est un bon compromis, et le Grand oral, ils ont promis d'être indulgents. Je pense qu'au final, on y gagnera juste des points sans trop de difficultés."

"Il faut dédramatiser cette épreuve du Grand oral"

Julie Benetti, rectrice de l'Académie de Corse, affirme entendre les questionnements des élèves. "Les inquiétudes sont habituelles pour tous candidats au baccalauréat, mais sont aussi exacerbées par cette période de crise sanitaire."

Mais elle veut aujourd'hui les rassurer : "Il faut dédramatiser cette épreuve du Grand oral, qui en réalité l'occasion donnée à tout lycéen, en fin de cursus, de pouvoir s'exprimer sur un sujet qu'il a choisi dans un domaine qui lui plaît et d'échanger avec des professeurs. Naturellement, il demande à être accompagné, c'est ce que nous faisons avec les équipes pédagogiques et les chefs d'établissements, et nous allons mettre à profit le temps restant avant cette épreuve pour les y préparer au mieux."

Aux environs de 10h, Julie Benetti a reçu une délégation de quatre lycéens, deux élèves de terminale et deux élèves de première membres du conseil de vie des lycéens, au sein de l'Académie de Corse. L'entretien a duré une heure et demie, et a été jugé "constructif" par les représentants, qui ont annoncé aux élèves qui les attendaient s'être sentis "entendus". 

Les représentants ont invité les lycéens à décider chacun de leurs côtés, dans leurs établissements, la suite qu'ils veulent donner au mouvement. S'il faudra attendre la semaine prochaine pour en attester, une majorité de la foule a plébiscité la poursuite de la mobilisation.

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