"Palazzi ou Casone", les "Belles demeures" de Corse sont à visiter sur ViaStella !

Richesse et diversité de l'architecture insulaire, dans le 2e épisode de notre série "Trésors du Patrimoine Corse". Après les citadelles et forteresses, découvrez les "grandes maisons" du patrimoine bâti civil, en exclusivité dès demain, samedi, sur France.TV, puis vendredi 21 avril à 20h45 sur ViaStella.

Les maisons de notables, dans les villages et les villes de Corse, étonnent par leur taille considérable. On les appelle Casone ou Palazzi pour les plus importantes. Elles témoignent de la puissance continuelle de certaines familles depuis le Moyen-Âge.
Le documentaire "Les belles demeures", réalisé par Dominique Lanzalavi, vous propose une visite de ces maisons patriciennes, en compagnie de celles et ceux qui les font vivre et tentent de les sauvegarder. Il constitue une véritable invitation au voyage dans l’histoire de la société insulaire et l’évolution de l’urbanisme...

Extrait avec la découverte du Palais Santelli, à Bastia...

Un peu d'histoire...

Au début du XVI^e siècle, la République de Gènes et l’Office de Saint Georges, qui contrôlaient la Corse, ont détruit les châteaux des seigneurs locaux, autour desquels se groupaient souvent l’habitat des populations.

C’est alors que sont apparus les villages tels que nous les connaissons aujourd’hui ainsi que le réseau de villes-citadelles. Certaines familles importantes ayant fait allégeance à Gènes sont alors autorisées à construire à l'intérieur même des cités...
Bonifacio fût la première ville de Corse édifiée par les Génois. La citadelle possède les seuls façades médiévales de l'île, qui appartenaient à l'époque à une ou plusieurs grandes familles de propriétaires terriens, de hauts fonctionnaires ou de "gens de robe". Leurs grands logements sont situés dans les hauteurs de la ville pour la plupart...

Les premières maisons fortes apparaissent un peu plus tard... Ce sont celles des grandes lignées insulaires, ou celles des familles qui ont fait fortune dans l’agriculture, l’industrie ou le commerce. Ces impressionnantes bâtisses sont construites aussi bien dans les villages dominant le littoral que dans ceux de l’intérieur. Morsiglia dans le Cap-Corse n’en compte pas moins de 6 ! Elles sont contemporaines de l'édification d'un réseau de tours, consécutive à un climat d'insécurité marqué à la fois par les guerres de Sampiero et les incessantes attaques barbaresques. 
Au XVII^e et XVIII^e siècles, Bastia résidence du gouverneur génois dans l’île, va également voir éclore de véritables palais, les palazzi, dont l'un des plus célèbres et des plus vastes est celui de la famille Galeazzi, qui compte plus de 100 pièces !

Ces bâtiments sont caractérisés par une architecture élégante, cadre prestigieux à l'intérieur desquels se déroulaient des événements sociaux importants. Ils sont généralement construits en pierre, avec des façades ornées de balcons en fer forgé, des portails en bois sculpté et des fenêtres avec des encadrements en pierre. Les intérieurs sont souvent décorés de fresques, stucs et boiseries sculptées, illustrant l'art et le savoir-faire des artisans locaux de l'époque. 

Ces "palazzi" se "démocratisent" aussi dans les autres grandes cités de l'île. Même si Ajaccio était au XVII^e siècle de taille plus modeste que Bastia, certaines familles importantes y ont également construit de belles demeures aux abords de la citadelle. On peut citer celle des Bozzi, importante lignée féodale, ou des Pozzo di Borgo, et bien entendu la plus célèbre : les Bonaparte, avec la maison qui a vu naître le futur Empereur Napoléon I^er...

L'histoire de la Maison Bonaparte...

Cependant, ces grandes demeures ne se retrouvent pas uniquement en ville. Des familles prospèrent en dehors des cités comme les Ceccaldi, à Lama, en Balagne, grâce à la richesse tirée des plantations d'oliviers, ou encore à Sainte-Lucie-de-Tallano, près de Sartène, où 2 grandes familles ancestrales, les de Giacomoni et les Arrii, vont rivaliser des siècles durant...

Casone, palazzi et "maisons d'Américains"...

Ces demeures bourgeoises ont été construites un peu plus tard, principalement à la fin du XIX^e et au début du XX^e siècle. Leur surnom s'explique par le fait que de nombreux Corses émigrèrent aux États-Unis à cette époque pour chercher du travail, et regagnèrent par la suite l'île avec des moyens financiers importants. Ils les investirent dans la construction de ces maisons, afin de faire étalage de leur réussite sociale. Le Cap-Corse est la région la plus concernée. Certains, fiers de leur succès, vont marquer le paysage insulaire à travers des constructions somptueuses dans leurs villages d’origine. Pino bat véritablement des records, avec pas moins de 14 palazzi d'Americani construits grâce à des fortunes bâties à Porto Rico !

Dans le Sud, du côté de Sartène principalement, le contexte est quelque peu différent. Des membres de grandes familles, cultivés de par leurs études sur le Continent, quittent la Corse dans l'ambition de réussir une "grande carrière", choisissant de leur côté l'Égypte. À leur retour, 2 personnages ont laissé un patrimoine architectural remarquable à Sartè : Philippe et Charles de Rocca Serra. Un véritable hôtel particulier de style Second Empire, aux décors particulièrement raffinés, trône notamment sur les hauteurs de la ville.
Bastia n'est pas en reste, avec par exemple, Place Saint Nicolas, le Palais des Roncajolo, qui ont fait fortune dans l'import-export au Venezuela.

Du côté de la Cité Impériale, devenue capitale administrative prospère, des magnifiques édifices sont érigés par des notables proches de Napoléon III, comme le château Baciocchi. La place du marché, la vieille ville et les quais sont les lieux de prédilection des grandes familles, comme les Conti ou les Perraldi. À la fin du XIX^e, le nouveau "quartier des étrangers" connut un franc succès, qui s’est poursuivi après le Second Empire, notamment grâce à l’influence de la riche écossaise Miss Campbell. De magnifiques hôtels y seront construits, tels le Cyrnos Palace ou le Grand Hôtel Continental, aujourd’hui le siège de la Collectivité de Corse, Cours Grandval. 
La demeure la plus impressionnante de cette époque se trouve toutefois peut-être en dehors de la ville, sur la commune d’Alata : il s'agît bien évidemment du château de la Punta, en partie construit avec les pierres du Palais des Tuileries. Considérablement dégradée, la bâtisse, qui appartient désormais à la Collectivité de Corse fait l’objet d’une campagne de restauration.

Il est l'exemple parlant de ces maisons, qui se caractérisent par leur architecture imposante, souvent ornée de motifs décoratifs luxueux et sophistiqués, tels que des moulures, des escaliers majestueux et des jardins bien entretenus. 

L'importance de la préservation de ces trésors architecturaux
Ces demeures ont une grande importance culturelle, var elles sont les véritables témoins des mutations historiques, économiques et sociales de l'île. 
Certains Palazzi et maisons d'américains sont encore aujourd'hui en très bon état, et continuent d'être habités par les descendants de leurs propriétaires originels, ou par des familles fortunées qui en ont fait l'acquisition par la suite. Ils sont parfois transformés en musées, offrant ainsi aux visiteurs, locaux ou touristes, l'occasion de découvrir l'histoire, la culture et le patrimoine de la Corse à travers son architecture... 
Pour en savoir plus sur ces maisons, et rencontrer leurs propriétaires, rendez-vous sur ViaStella ce vendredi 21 avril à 20h45 pour "Les belles demeures", second épisode de notre série "Trésors du Patrimoine Corse". Un documentaire disponible dès demain, samedi, sur notre plateforme replay France.TV.

Une coproduction France 3 Corse / Storia Production.