Après les incendies de Notre-Dame-de-Paris et de la cathédrale de Nantes, la question de la protection du patrimoine culturel et religieux se pose aussi en Corse. De qui dépend-elle, et existent-ils des mesures spécifiques pour protéger les édifices religieux des incendies ?
15 avril 2019. La cathédrale Notre-Dame de Paris est en flamme. Les images, abondamment relayées par les chaînes de télévision, font le tour du monde et suscitent une vive émotion chez beaucoup de spectateurs.
La flèche, les toitures du transept et de la nef et la charpente disparaissent dans l'incendie. Le président Emmanuel Macron annonce immédiatement une reconstruction dans un délai de 5 ans.
Un an et trois mois après, c'est la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Nantes qui est en proie à un incendie. Le grand orgue, les vitraux de la façade ainsi qu'un tableau d'Hippolyte Flandrin sont détruits.
Alors que les enquêteurs tentent de faire la lumière sur les circonstances exactes du départ de feu, la question de la préservation des édifices religieux se pose avec acuité.
La Corse et son riche patrimoine historique, culturel et religieux n'est pas à l'abri de ce genre de catastrophes, alors que des incendies récurrents rythment les étés insulaires. Et les moyens affectés à la protection de ces édifices varient en fonction de leur propriétaire.
Des dispositfs de protection qui varient
Légalement, la propriété des édifices religieux est déterminée par le date de construction : ceux érigés avant 1905 appartiennent à l'Etat, aux départements, aux communes ou aux EPCI doté de la compétence en matière d'édifices de culte. Ceux construits après 1905 sont la propriété des seules personnes privées (associations culturelles ou loi 1901) qui les ont acquis, ou bâtis.
Ses nombreuses églises fait partie intégrante du patrimoine de la Corse. Parmi ces édifices emblématiques, la cathédrale d'Ajaccio est sans doute la plus connue : cet ouvrage baroque, dont la construction est achevée en 1593, a accueilli le baptême de Napoléon 1er en 1771. A l'entrée du lieu de culte, on peut lire sur une plaque cette citation de l'empereur mourant à Saint-Hélène, qui témoigne de l'importance historique de la cathédrale :
Si l'on proscrit mon cadavre, comme on a proscrit ma personne, que l'on me refuse un peu de terre, je souhaite que l'on m'inhume auprès de mes ancêtres dans la cathédrale d'Ajaccio en Corse.
C'est la Direction régionale des affaires culturelles qui est chargée de la protection de la cathédrale, et de la riche histoire qu'elle renferme : en son sein trône Le Triomphe de la religion, une peinture d'Eugène Delacroix réalisée en 1821. Selon Franck Leandri, directeur régional des affaires culturelles de Corse, des mesures spécifiques ont été prises pour préserver le lieu de culte : "Une réflexion a été menée après l'incendie de Notre-Dame, et nous avons mis en place des protocoles d'intervention spécifiques avec les pompiers".
Mais pour Jean-Marc Idir, auteur de "Delacroix, genèse d'un génie", le tableau, lui, n'est pas suffisament protégé : "Je ne crois pas qu'il y ait des alarmes incendies ou autre. Les conditions de sécurité ne sont pas réunies, et de toute façon le tableau avait été déplacé en 1931 pour cette raison." Des mesures conservatoires supplémentaires sont en ce moment à l'étude.