Le délai de remise des offres pour la reprise de la SNCM a été prolongé de deux semaines. Quatre candidats ont déjà déposé un dossier, et d'autres manifesté leur intérêt, c'est ce qu'ont annoncé les administrateurs judiciaires de la compagnie maritime.
Le patron de Baja Ferries Daniel Berrebi "a déposé son offre, comme prévu" comme l'a indiqué son entourage. Celle-ci prévoit la reprise des quatre lignes de la délégation de service public (DSP) pour assurer la continuité territoriale avec la Corse, ainsi que les lignes desservant le Maghreb.
Sous pavillon français, elle prévoit également le maintien de "750 à 800 emplois" en CDI, contre 1.500 aujourd'hui, "à la seule condition que les contrats de travail soient entièrement remis à plat".
Quant à Christian Garin, dont la candidature est régulièrement évoquée depuis plusieurs mois, il s'est entouré selon Le Marin d'investisseurs principalement norvégiens et son offre prévoirait la reprise d'un nombre supérieur de salariés. Il prévoirait en outre un renouvellement de la flotte et disposerait d'une lettre de financement avec le chantier sud-coréen Daewoo.
L'entrepreneur ajaccien Patrick Rocca est lui aussi candidat. Il a fait une offre globale sur l'ensemble de la délégation de service public. Une démarche personnelle qui a reçu un soutien bancaire mais qui n'engage pas le Groupe Rocca spécialisé dans les déchets, l'immobilier et le transport routier.
Autre candidat évoqué, DFDS, un armateur danois qui réalise des traversées entre la France et l'Angleterre et qui aurait aussi formulé une offre.
Explications Dominique Moret :
Un redressement judiciaire nécessaire et urgent pour les actionnaires
La compagnie, qui compte environ 2.000 salariés, s'est retrouvée en cessation de paiement après que l'actionnaire majoritaire Transdev a volontairement provoqué un dépôt de bilan, en exigeant le remboursement immédiat de créances que la SNCM n'était pas en mesure d'honorer.
Transdev, ainsi que l'Etat, actionnaire à 25%, considèrent le redressement judiciaire comme la seule solution pour "empêcher la disparition pure et simple" de la SNCM, car il permettrait selon eux de trouver un repreneur et d'annuler les condamnations européennes obligeant à rembourser des aides publiques jugées illégales pour plus de 400 millions d'euros.
Par ailleurs, les avocats du CE de la compagnie ont annoncé lundi avoir saisi le juge-commissaire, nommé par le tribunal de commerce de Marseille, pour que celui-ci annule la procédure d'appel d'offre.
Le CE estime en effet que la convention de DSP, attribuée par l'Assemblée de Corse à la SNCM en 2013 pour la période 2014-2024, ne peut juridiquement être transmise car l'appel d'offres en cours est réparti en plusieurs lots, alors que la DSP initiale "avait expressément retenu son caractère indivisible", ce qui constitue un "changement substantiel".
Aux yeux du CE, cela justifierait d'invalider les offres de reprise.