En déplacement à Avignon, jeudi 21 octobre, le ministre de l'Intérieur a annoncé une série de mesures afin de faciliter le dépôt de plainte pour violences conjugales ou viol. Parmi elle : une expérimentation de prise de plainte hors les murs des gendarmeries dont la Haute-Corse fait partie.
La Haute-Corse territoire d'expérimentation de prise de plainte hors les murs des commissariats ou des gendarmeries en cas de violences faites aux femmes ou de viol. C'est une des annonces faites par le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, jeudi 21 octobre lors d'un déplacement à Avignon.
D'autres départements comme le Vaucluse, le Pas-de-Calais ou la Sarthe et plusieurs arrondissements parisiens feront également partie du dispositif. Dans ces zones, "les gendarmes et les policiers iront chez autrui, au domicile de la personne, chez une amie de cette personne, ou dans une mairie, ou dans un cabinet d'avocat, pour prendre la plainte sur place et pas seulement dans un commissariat de police", a déclaré le ministre.
Violences faites aux femmes : le ministre de l'Intérieur annonce de nouvelles mesures pour améliorer l'accueil des femmes au commissariathttps://t.co/gE1zx5sb1o pic.twitter.com/uH6l8oN2FP
— franceinfo (@franceinfo) October 21, 2021
Pour Francine Grilli, directrice du centre d'information des droits des femmes et des familles (Cdiff) de Haute-Corse, "déposer plainte dans ces lieux pourrait offrir à ces femmes des conditions plus sereines que dans des commissariats ou des gendarmeries qui sont des lieux qui encouragent moins la parole." Elle continue : "c'est une expérience à mener pour voir ce qu'elle permet de plus ou de différent."
"L'avocat est quoi qu'il arrive autorisé lors d'un dépôt de plainte"
Deux ans après le Grenelle des violences conjugales, grande mobilisation qui devait aboutir à mieux combattre ce fléau en France, les témoignages mettant en cause l'accueil des victimes de violences conjugales ou de viol dans certains commissariats se sont multipliés sur les réseaux sociaux ces dernières semaines sous le mot-dièse #DoublePeine.
"La façon dont les personnes sont reçues dans les gendarmeries et les commissariats sont très bonnes, dans des conditions très difficiles pour les policiers et les gendarmes devant l'explosion des plaintes", a estimé lors d'un déplacement à Avignon Gérald Darmanin, selon qui "190.000 plaintes" sont suivies chaque année. Mais il a reconnu qu'"il y a encore ici ou là des difficultés, parfois par manque de formation", tout en soulignant les efforts importants faits dans ce domaine. "Il y a encore à rappeler un certain nombre de choses, car on peut toujours s'améliorer, et notamment le fait que l'avocat est quoi qu'il arrive autorisé lors d'un dépôt de plainte et qu'il est évident que les plaintes doivent être prises à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit", a dit le ministre.
"La qualité de traitement de ces faits doit être une priorité", a-t-il aussi insisté avec la ministre déléguée, Marlène Schiappa, dans un télégramme adressé aux préfets. "Cette présence de l'avocat n'est pas obligatoire, mais (elle) ne peut en aucun cas être refusée par les services de police et de gendarmerie", ont-ils précisé dans ce document où ils formulent plusieurs recommandations.
En 2020, 102 femmes sont décédées sous les coups de leur compagnon ou ancien compagnon selon les chiffres dévoilés début août par le ministère de l'Intérieur.