Le Président Macron a fixé le cap : atteindre 100% de voitures électriques neuves à la vente en 2035. Si cet objectif semble ambitieux pour la France, est-il seulement raisonnable pour la Corse ? Alexandre Ceccaldi et ses invités ouvrent le débat : état des lieux, perspectives et idées reçues sur la mobilité électrique de notre territoire.
Avec le record national du plus faible pourcentage de voitures électriques et la plus faible densité de bornes de recharge par habitant, la transformation à réaliser en Corse ressemble davantage à un miracle.
S'y ajoutent des questions essentielles liées à l'alimentation électrique de l'île, à son réseau de distribution, ses spécificités topologiques et bien sûr, de forts enjeux sociaux.
Une Corse qui roule à l'électrique, est-ce possible ? Pour en parler, Alexandre Ceccaldi reçoit dans "Agora" :
- Jean-Marc Ambrosiani : directeur régional de l’ADEME, agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, qui participe à la mise en œuvre des politiques publiques en matière d'énergie et de protection de l'environnement.
- Laurent Nivaggioli : ingénieur à l’AUE, agence d’aménagement durable, d’urbanisme et d’énergie de la Corse, en charge d’élaborer, coordonner et mettre en œuvre la politique régionale définie par la Collectivité de Corse en matière d’urbanisme, d’aménagement durable, d’énergie, d’air et de climat
- Paul Antoniotti : président de "Corsica Sole", entreprise qui est devenue le 1er producteur d’énergie indépendant de Corse et un acteur majeur du domaine du photovoltaïque en France.
?? Une émission à voir sur ViaStella dimanche 29 janvier à 18h25, à revoir lundi 30 janvier à 13h20 et mercredi 1er février à 17h05.
▶ Disponible en replay sur France.tv
Extrait
Mobilité en Corse
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Voitures électriques en Corse : état des lieux
Selon une étude réalisée pour la PPE - Programmation pluriannuelle de l'énergie - la Corse doit atteindre 50.000 véhicules électriques ou rechargeables d'ici 2028. Un chiffre ambitieux si on part du constat actuel : seul 1 à 2% des véhicules recensés sont hybrides ou 100% électriques sur le parc global de véhicules en circulation (plus de 99.000 véhicules en 2022 - source Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires).
Si toutefois il y a une forte croissance de l'achat de véhicules neufs dans cette catégorie en Corse (10% en moyenne sur une année), l'île reste en retrait par rapport au niveau national qui est de 16%. Outre le prix d'achat qui constitue un frein pour la majorité des consommateurs, d'autres éléments sont à prendre en compte pour expliquer ce retard.
D'une part, la possibilité de recharger son véhicule : la Corse compte 2 à 4 fois moins de bornes qu'ailleurs. Selon le magazine La Tribune, en mai 2021, il y avait 4 points de recharge pour 100KM2 sur l'île, soit 20 fois moins qu'en Ile de France.
D'autre part, les contraintes liées à l'autonomie des véhicules et à la topologie de la Corse sont souvent citées comme des entraves à la décision d'achat.
Enfin, si on développe le parc de véhicules électriques sur l'île afin d'atteindre les objectifs fixés par le gouvernement, il faudra produire 20% d'électricité en plus chaque année.
Notre réseau de production électrique est-il adapté au développement des véhicules "propres" ?
Les infrastructures en Corse ne sont pas les mêmes qu'ailleurs : 39,3% de l'électricité sont produits par des centrales thermiques, 26,6 % par des liaisons électriques avec l’Italie et 34,1% par les énergies renouvelables (Source EDF - 2021). L'objectif est de passer à 60% d'ENR dans le mix électrique en Corse.
Lors du débat lancé par le magazine "Agora", les trois invités Jean-Marc Ambrosiani (ADEME), Laurent Nivaggioli (AUE) et Paul Antoniotti (Corsica Sole) ont évoqué le principal défi de la production électrique en Corse, qui résulte principalement dans le pilotage des pics de consommation. Ils ont identifié trois leviers essentiels :
- Technique : le développement des énergies vertes et des outils de stockage.
- Economique : créer un système d'heures creuses pour inciter les consommateurs à répartir leur utilisation du réseau électrique.
- Comportemental : si les usagers rechargent leur véhicule la nuit, ils utiliseront l'électricité fournie par les centrales thermiques, donc polluantes. S'ils le font en journée, c'est la capacité en énergie verte qui sera sollicitée.
Dans ce domaine, il a aussi été souligné l'importance de l'arbitrage pour l'installation des bornes rapides ou lentes en fonction de l'analyse des usages sur le territoire.
Trois idées reçues sur les véhicules électriques
L'autonomie
Selon l'AUE - l'agence d’aménagement durable, d’urbanisme et d’énergie de la Corse - le trajet moyen en Corse est de 20 kilomètres par jour alors que l'autonomie actuelle d'un véhicule électrique est comprise entre 300 à 400 kilomètres.
Le budget
Concernant l'investissement à l'achat, il existe des aides avantageuses : en moyenne 7000€ de bonus écologique qui se cumule à la prime de reconversion. Par ailleurs, d'autres avantages économiques sont à souligner : le coût de la recharge, 4 fois moins cher qu'un plein en énergies thermiques, et l'entretien du véhicule (absence de nombreuses pièces d'usure dans un véhicule électrique ce qui réduit les révisions régulières et onéreuses).
La capacité à recharger un véhicule
En dehors des professions nécessitant un usage systématique de la voiture, un véhicule passe 90% du temps sur un parking. Ce temps d'immobilité est donc favorable à une recharge.
La loi impose aux entreprises, collectivités et administrations, que 5% au moins des places de parking de ces établissements soient d'une borne de recharge. Enfin, l'autoconsommation vous connaissez ? C'est un système qui vous permet entre autres de recharger votre véhicule avec vos propres panneaux photovoltaïques.