Le Mémorial de l'abolition de l'esclavage à Nantes un an après

Il y a un an tout juste, Nantes inaugurait (enfin) un monument à la hauteur de sa faute historique d'avoir été le premier port négrier français. Les Nantais se sont appropriés le monument et les visiteurs exercent sans tabou un examen de mémoire collective.

L'aboutissement d'un devoir de mémoire

A priori, le visiteur comme le nouveau Nantais peut être surpris par le nom choisi par Jean-Marc Ayrault, "Mémorial de l'abolition de l'esclavage". Comment Nantes a-t-elle eu dans son histoire une tradition abolitionniste ? Victor Schoelcher, le député de Paris de la IIème République, avait-il finalement des origines ligériennes plutôt qu'alsaciennes ? Non Nantes était bien le dernier foyer des partisans du commerce triangulaire, Nantes fut bien le premier port négrier français. La France, premier pourvoyeur d'esclaves. Alors pourquoi l'encore maire de Nantes a-t-il choisi un nom si politiquement correct comme pour exonérer la faute historique des Nantais ? La réponse se trouve ailleurs, au musée de la ville, au Château des ducs de Bretagne. Là on comprend comment ceux dont les ancêtres ont tiré leur richesse d'un trafic d'êtres humains se sont détournés de ce lourd passé.

Un sujet tabou

Nantes et les négriers : plus de deux siècles de richesse. Il suffit de se promener le long de la Petite Hollande ou découvrir une Folie pour toucher du doigt la réalité historique de notre capitale régionale. Avant 1990, le sujet était tabou, comme à Bordeaux ou la Rochelle. Pire ici, les premières tentatives de travaux de mémoire se sont heurtés aux sifflets voire aux destructions volontaires. Au château trône encore une sculpture symbolisant un esclave, profanée sans doute par ceux refusant l'examen de conscience. En 1992 "les anneaux de la mémoire", la bien nommée exposition sur la traite négrière, a permis de retrouver la vérité crue de notre histoire. 

Le mémorial et la reconnaissance d'un crime contre l'humanité

Nantes dans son long cheminement n'est pas une exception française. Souvenons-nous des débats, pas si lointain, quand Lionel Jospin, alors Premier ministre, fit reconnaître l'esclavage et la traite négrière française comme un crime contre l'humanité. Souvenons-nous des réticences de certains vis à vis de la proposition de la députée de Guyane Christiane Taubira, déjà elle, de faire reconnaître la responsabilité de la France. Pour certains le devoir mémoriel n'était pas de saison. Nous étions hier, c'était en 2001. Deux siècles après la page n'était toujours pas assumée totalement.

Cette semaine, sur le web, la preuve d'une constante nécessité de ne pas oublier ce crime. Une marque de prêt à porter espagnole proposait un "collier de chien", sous le terrible vocable "style esclave". Sur Twitter, l'industriel a plaidé l'erreur de traduction, en espagnol on appelle cela "un collier d'esclavage". Sur Twitter, les internautes lui ont renvoyé à la figure le modèle d'origine, singulièrement ressemblant au véritable outil de torture, visible entre autre à Nantes au Château des ducs de Bretagne.

 

Le reportage

Le reportage de Céline Dupeyrat, Fred Grunchec et Mariano Zadunaisky.
Info pratique parcours de mémoire négriére
Une visite au Mémorial doit s'accompagner d'un parcours à travers la ville le long de la Loire, côté ville. Des parcours audio existent et des visites guidées également. Je vous conseille par ailleurs de visiter absolument à nouveau le Château des Ducs de Bretagne avec un smartphone, prêté à l'entrée, le parcours thématique en visio-guide est d'une richesse et d'une vérité exemplaire.
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