Nantes : Utopiales 2013, rencontre avec le scénariste d'Aquablue Régis Hautière

Il y a trois ans, le scénariste Régis Hautière reprenait en main la destinée de la cultissime série de science fiction Aquablue en compagnie du dessinateur Reno. Il est aujourd'hui l'un des invités de la quatorzième édition des Utopiales. L'occasion de lui poser quelques questions...

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C'est l'une des plus belles séries de science fiction que la bande dessinée francophone ait connue, c'est aussi l'une des séries emblématiques et historiques des éditions Delcourt. Lancée il y a maintenant 25 ans par le dessinateur Olivier Vatine et le scénariste Thierry Cailleteau, Aquablue a très rapidement suscité l'admiration des amoureux du genre et l'intérêt des professionnels de la profession comme on dit. Le premier tome reçut d'ailleurs l'Alph-Art jeunesse au festival d'Angoulême en janvier 1989, c'est dire !

Mais que raconte Aquablue ? Une histoire simple en vérité, celle du peuple d'Aquablue, planète sauvage et riche en ressources naturelles, contre les velléités de colonisation des Terriens. Et parmi ce peuple à la peau bleue, un jeune à la peau blanche, Nao, enfant rescapé d'un naufrage spatial et adopté par le peuple primitif.

Malgré le succès, les auteurs ont du mal à s'entendre et maintenir un rythme de parution supportable pour les nombreux fans impatients. Olivier Vatine se retire de l'aventure en 1993. Quelques années plus tard, c'est au tour de Thierry Cailleteau de rendre les armes. S'en suit une mise en sommeil de cinq ans avant que la destinée des héros et de la planète bleue soit finalement confiée à Régis Hautière et Reno.

Le tandem de choc ouvre alors le sas de décompression en grand, histoire de changer l'air de la maisonnée, et impose en trois ans et trois albums un nouveau style, moderne et dynamique tant au niveau de l'écriture que du graphisme. Pour autant, le premier album paru en 2011 opère un sérieux retour aux sources en recentrant l'histoire sur ce qui a fait le succès de la série à ses débuts : la résistance du peuple bleu contre la colonisation humaine.

Trois ans, trois albums. Est-ce que l'envie d'animer les aventures de Nao est toujours aussi vive ?

Régis Hautière. Oui. Elle l'est même de plus en plus.

Qu'est ce qui vous a décidé à reprendre cette série ?

R.H. Tout d'abord, le souvenir du plaisir que j'avais pris à la lire. Ensuite, le fait d'avoir carte blanche pour développer l'histoire comme je le souhaitais.

Et que pensez-vous lui apporter ?

R.H. Ca, c'est aux lecteurs de le dire. Je sais seulement que j'essaye de développer et de faire évoluer progressivement la psychologie des personnages.


Avec le recul, jugez-vous que la reprise d'Aquablue s'est faite facilement ?

R.H. Disons que ce n'a été (et ça n'est toujours) ni plus facile, ni plus difficile que n'importe quel autre projet de bande dessinée.

Quels retours avez-vous des aficionados de la première heure ?

R.H. La plupart des critiques sont très bonnes et les discussions que j'ai pu avoir avec certains lecteurs me laissent à penser que nous n'avons pas fait trop de déçus.

Avez-vous eu des contacts avec les créateurs de la série Olivier Vatine et Thierry Cailleteau ?

R.H. Je connais Olivier Vatine depuis quelques années maintenant. J'admire son travail depuis longtemps et j'apprécie beaucoup l'homme. Je n'ai pas encore eu la chance, en revanche, de rencontrer Thierry Cailletau. Je l'ai seulement eu une fois au téléphone.

Comment fait-on pour s'approprier des personnages, des décors, un univers, inventés par d'autres et en même temps y apposer sa griffe ?

R.H. Je crois que le plus important, c'est de s'imprégner du travail des créateurs. Puis de s'en éloigner progressivement sans pour autant le trahir.

Quel a été votre objectif premier au moment de la reprise d'Aquablue ?

R.H. M'amuser. Et écrire une histoire que j'aurais envie de lire. Et m'amuser encore.

Aquablue a toujours été synonyme d'écologie, d'humanisme. Est-ce quelque chose qui vous tient également à coeur ?

R.H. Oui, j'ai toujours eu une fibre écologique. Adolescent, j'ai été très marqué par Le Troupeau aveugle, un roman de science-fiction de John Brunner mettant en évidence les conséquences environnementales des activités agricoles et industrielles. Ce qui m'a le plus troublé, c'est que ce qui en 1972, date de publication du roman, relevait de la science-fiction (pluies acides, développement des allergies, pollution des rivières et des nappes phréatiques...) commençait à devenir réalité 15 ans plus tard, à l'époque où je l'ai lu.

Le graphisme de Reno est beaucoup plus réaliste que celui de Vatine ou Ciro Tota. Correspond-il à ce que vous aviez en tête au moment de l'écriture ?

R.H. Je n'écris jamais un scénario sans savoir qui va le dessiner. Je n'ai donc pas de surprise à ce niveau puisque j'écris l'histoire en ayant en tête le dessin de Reno et sa façon de mettre en scène.

Quelle a été votre première rencontre avec la science fiction et quelle a été son influence sur votre travail ?

R.H. Je crois que ça a été un livre que m'avaient offert mes grands-parents, intitulé Images de la science-fiction et publié par les éditions Gründ. J'étais très impressionné par les illustrations et j'ai passé des heures à en reproduire certaines.  

Pour vous, qu'est-ce qu'un bon récit de SF : A, une course de vaisseaux spatiaux. B, une réflexion sur l'avenir de l'humanité. C, une odyssée de l'espace. D, un alien dans les coursives ?

R.H. Un peu tout ça, dans la mesure où chacun de ces éléments peut servir de base à une bonne histoire.

Que recherchez-vous en priorité dans la science fiction ?

R.H. Qu'elle me fasse réfléchir sur le présent.

Si vous deviez partir pour une planète lointaine avec un minimum de bagages, qu'emmèneriez-vous pour tenir en éveil votre imaginaire ?

R.H. Un bloc-note et un crayon.

Pour une fin en musique, pouvez-vous nous dire quelle est votre playlist du moment ?

R.H. The Heavy, The Glorious dead ; Ginzhu, Mirror Mirror ; Shovels and rope, O'be Joyful ; Transplants, In a warzone ; D4, 6Twenty ; Miles Kane, Don't forget you are ;
Parquet Courts, Light up gold.

Merci Régis


Interview réalisée le 29 octobre 2013

Retrouvez la chronique du dernier tome d'Aquablue sur notre blog dédié BD
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