Avec la crise sanitaire et les différents confinements, les ventes de camping-cars se sont envolées entre 2020 et 2021. Fini, le camping-car blanc de papy, aujourd'hui, c'est un nouveau public qui s'y intéresse. Des familles, des quadragénaires qui ont envie de liberté et de grands espaces.
À 44 ans, Isabelle a sauté le pas l'été dernier, alors qu'elle cherchait une destination de vacances. "J'ai 4 enfants entre 5 et 15 ans. Avec la situation sanitaire, on ne se voyait pas partir à l'hôtel ou dans un mobil-home". Avec son mari, ils contractent un prêt à la banque et se décident à investir 40 000 euros pour un camping-car sept places. "C'est un investissement mais on ne regrette pas. On est partis un mois en vacances de la Vendée à la frontière espagnole. L'avantage, c'est qu'on est mobiles, il n'y a plus aucune règle dans un camping-car, on fait ce qu'on veut. Ça plaît énormément aux enfants".
Comme Isabelle, les néo camping-caristes sont nombreux. Bruno est à la retraite, il vient de créer une page facebook "Les meilleurs endroits insolites pour camping-cars". En un mois, la page a fédéré plus de 3 600 adhérents. "C'est incroyable le nombre de personnes qui m'expliquent qu'elles viennent d'acheter un camping-car, explique Bruno. J'ai des demandes tous les jours."
+ 12% en un an, un record historique
Selon la Fédération européenne du caravaning, les véhicules de loisirs ont enregistré un record historique en 2020 avec 234 000 exemplaires vendus, soit une augmentation de 12% en un an.
Chez Trigano, le leader du secteur, on confirme ces bons chiffres. "L'année 2020 a été marquée par le premier confinement mais dès la réouverture des concessions, on a remarqué un engouement chez les Français, explique Olivier Marduel, directeur général de Trigano VDL. Sur les six premiers mois de la saison 2021 (qui commence en septembre pour les camping-caristes, NDLR), on observe une croissance de 28% du marché."
Même chose chez Pilote, qui emploie un millier de salariés dans ses deux sites de Nantes et Angers. "On a des demandes qui vont même au-delà des 30% de croissance, mais la difficulté aujourd'hui, c'est de tout produire dans les délais, nous détaille Antoine Gueret, porte-parole du groupe. On est à la merci de nos fournisseurs, la demande va continuer d’augmenter mais on n’aura pas assez de matières premières pour y répondre." Pour Pilote comme pour Trigano, les délais de livraisons de différents composants, comme les châssis, perturbent en effet le fonctionnement de certaines lignes de production.
Autre enjeu : le recrutement. Pour faire face à la demande croissante, Pilote a recruté près de 200 salariés en un an, d'abord en Interim puis en CDI. Et selon Antoine Gueret, il faudra en recruter autant l'an prochain.
On n'a pas de chaînes robotisées comme dans l'automobile, donc si on veut augmenter notre production, il nous faut des ressources humaines. Mais dans notre bassin d'emploi florissant, les candidats pour un métier manuel ne sont pas si nombreux.
Une nouvelle population d'acheteurs
Pour les constructeurs, la progression de ce marché n'est pas une grosse surprise car, depuis cinq ans, la tendance était à la croissance. La nouveauté, c'est le public d'acheteurs.
Maryline, par exemple, ne s'était jamais intéressée aux camping-cars avant la pandémie. Mais pour cette fan de voyages, résidant près de Montpellier, les derniers mois ont été frustrants. Alors en mars dernier, elle pousse la porte d'un concessionnaire, "par curiosité". Et là, c'est le coup de foudre : "On a acheté un camping-car sur un coup de tête avec mon mari. C'est un autre mode de vie mais ça donne une liberté et une autonomie extrordinaire, s'enthousiasme Maryline. En trois semaines, nous sommes déjà partis deux fois à la découverte des régions alentours."
On observe avec ce nouvel engouement un rajeunissement de la clientèle, en particulier des familles qui ont un regain d’intérêt pour le camping-car. Ces acheteurs, plus jeunes, recherchent des véhicules différents. C'est la "van life".