Un nombre inhabituel d'hectares de paysages ont disparu dans les incendies estivaux en Pays de la Loire.
Selon le Système Européen d’Information sur les Feux de Forêts (Effis), 2 026 hectares ont brulé depuis Janvier 2022 en Pays de la Loire dont 1 787 hectares en Maine-et-Loire, soit environ 30 fois plus que les années précédentes (depuis 2006).
Baugé-en-Anjou, un feu hors du commun
L’incendie qui a eu lieu à Baugé-en-Anjou entre le 8 et 10 août est le principal responsable de cette hausse soudaine du nombre d’hectares brûlés dans la région. Selon le maire de la ville, ce feu aurait brûlé 1 540 hectares de forêt et mobilisé 600 pompiers sur deux jours.
Des incendies de plus en plus fréquents en France, comme le montre la carte ci dessous. Les Pays de la Loire, ont été anormalement ravagés par les feux, même si à l’échelle du pays, la région reste assez peu touchée par les incendies.
9 feux sur 10 sont déclenchés par l'activité humaine et la moitié sont dus à des imprudences et des comportements dangereux.
Météo France
Comment lutter contre les feux de forêt ?
Pour réduire les risques, le Gouvernement propose une vidéo résumant les bons gestes à adopter en période de forte sécheresse.
Questions à Antoine Charlot, directeur du Comité français pour le développement durable (Comité 21), établissement Grand Ouest
Cet été 2022 a été particulièrement impacté par les feux en Pays de la Loire, doit-on s'attendre à ce que cela se reproduise ou s'agit-il d'une situation exceptionnelle ?
"La hausse des températures, associée à la diminution des précipitations, accroît logiquement le risque d’incendie. Si cette évolution est davantage marquée dans le sud de la France, les feux s’étendent progressivement vers les régions du nord, et notamment en Pays de la Loire. Dans la région, on observe déjà une progression du nombre d’incendies et des superficies touchées : 130,8 ha brûlés entre 2006 et 2010 ; 359,6 ha entre 2011 et 2015 ; 382,9 ha entre 2016 et 2020.
Avec 118 000 ha de forêt, la Sarthe est le département le plus vulnérable et l’un des plus sensibles de la région. De 2012 à 2017, on y a dénombré 27 incendies en moyenne chaque année.
D’ici à la fin du siècle, on calcule que le risque de feux de forêt pourrait progresser a minima de 20 % à 30 % en Pays de la Loire (dans le cas d’une hausse des températures à 2 °C) . Toutefois, si la hausse des températures dépasse les 4 °C, les risques de feux de forêt augmenteraient alors de plus de 40 % sur la majeure partie du territoire. Les « mégafeux » seraient alors récurrents, à l’image de celui qui a touché la commune de Baugé-en-Anjou (Maine-et-Loire) cet été (1300 ha brulés en deux jours)".
En quoi un feu tel que celui de Baugé-en-Anjou impacte durablement la biodiversité et le climat ?
"C’est un cercle vicieux. D’un côté, les changements climatiques augmentent le risque d'incendie dans notre région, et de l’autre les feux de forêt génèrent des émissions de carbone qui contribuent au réchauffement climatique. Car quand un arbre brûle, il libère du CO2. Depuis le début de l'année, plus d'un million de tonnes de carbone ont été libérées dans l'atmosphère par les incendies français. A ce rythme, le record sur l'ensemble de l'année 2003 à près d'1,3 million de tonnes pourrait être battu et faire de l'année 2022 la pire depuis le début des relevés.
Et cette estimation ne prend pas en compte le carbone dégagé par la végétation qui se décompose, une fois le feu éteint. Elle n’inclut pas non plus les effets de la disparition de ces forêts à long terme, qui absorbent le dioxyde de carbone de l’atmosphère et donc nous aident à ralentir le réchauffement climatique.
Au-delà des questions climatiques, les feux de forêts sont également un poison pour la qualité de l’air. La combustion du bois libère des particules fines nocives pour la santé".