Coronavirus - Loire-Atlantique - Vendée : le président Macron face aux patrons de bars, hôtels et restaurants de la côte

Le président de la République s'est adressée aux Français au soir du 13 avril. Déconfinement jusqu'au 11 mai, au moins. Pas avant fin juin pour les bars, restaurants et hôtels. Entre pertes sèches et espoir de solidarité, qu'en pensent les chefs de ces petites et moyennes entreprises? 

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Bar de l'Atlantique, commerce situé dans le quartier portuaire du Petit Maroc à Saint-Nazaire. Un établissement repris au printemps 2019, un projet porté par Elodie et Greg, son mari. Bar d'habitués à l'année mais à la belle saison, une terrasse prisée des touristes déambulant dans le port et des festivaliers des Escales, fin juillet.


La double peine 


Elodie a regardé et écouté le président Macron lundi 13 avril à 20h02, juste après les applaudissements aux personnels soignants. La date du 11 mai est annoncée, pour la levée progressive du confinement. C'est dans un mois, mais déjà, elle sait qu' il faudra serrer les dents en même temps que la ceinture. Car pour son commerce comme pour tous les autres bars, restaurants, hôtels, ce ne sera.... pas avant fin juin!

Premiers à fermer, derniers à ouvrir! s'exclame la patronne de l'Atlantique. Sentiment de la double peine.

Confinée avec sa famille depuis le début, la commerçante fait le point : ''j'ai payé mes fournisseurs, c'est déjà ça. Mais j'ai un loyer et un crédit qui tombent chaque mois. Le président a annoncé des reports possibles, mais un report, ce n'est pas une exonération, donc il faudra bien sortir l'argent d'une façon ou d'une autre! Mais sans rentrée financière, je fais comment? Et encore, je n'ai pas de salarié et mon mari a un travail.''

Elodie va suivre de près, par le biais de la Chambre de Commerce et d'Industrie notamment, les informations pratiques qui devraient arriver suite aux annonces du président et à leur mise en oeuvre prochaine par le gouvernement. 

Les démarches pour des aides éventuelles seront-elles vraiment simplifiées? Quand vont-elles être réalisables? Quels critères pour être éligible? Il faut attendre pour voir.

Avant de raccrocher son téléphone, la patronne de l'Atlantique souligne l'appel du président Macron aux banques et aux assurances : ces financiers-là ont le pouvoir de donner ou couper l'oxygène aux petits commerces. Quand vont-ils se montrer solidaires?


 


La Turballe, rue Maréchal Leclerc, autrement dit, la rue des restaurants. Un grand silence, des vitrines fermées et des terrasses en mode ''hiver''. Juste un peu de musique émanant du restaurant de Pedro Peirrera.
A son compte depuis 26 ans, lui et son épouse proposent pizzas, fish and chips maison et andouillettes à emporter. Sans en tirer le moindre bénéfice. Juste en solidarité avec les pharmaciens et les infirmières libérales qui ne comptent pas leur temps et qui sont au service de la population confinée.
 

Je ne juge pas


Le commerçant a regardé attentivement le président parler durant ces 28 minutes. ''Je ne juge pas'', précise-t-il immédiatement.''Le Président et son équipe font sans doute de leur mieux. Emmanuel Macron a reconnu des loupés, mais qui peut dire qu'il aurait fait mieux?

Simplement, il y a les paroles, et il y a les faits. Et on a vraiment l'impression que Paris et l'Ile de France décident et que la province exécute''.

 

Les chiffres sont des faits



Vacances de Pâques, les ponts du mois de mai en vue.... Normalement, la saison aurait déjà démarré, surtout avec tout ce soleil. Avec une centaine de couverts par service, les cinq salariés seraient en pleine action et les saisonniers seraient déjà sélectionnés. 

Mais rien n'est normal. Les cinq salariés à l'année sont en chômage technique. Avec une semaine de congés payés, leur patron a pu verser les salaires de mars.  Mais quid du salaire d'avril ? Comment redistribuer un argent qui n'est pas entré ?

Tout autour de lui, Pedro Perreira entend parler du chômage partiel de salariés dont les revenus étaient constitués de primes. ''Avec 300 à 400 euros de perte de primes mensuelles, les salariés tapent dans les réserves pour nourrir leurs enfants confinés. Une fois en vacances, vous croyez qu'ils vont pouvoir quitter leur foyer? Pour moi, la saison 2020 est très mal partie''.

Dernier chiffre : d'ordinaire, ce restaurateur aurait embauché quatre saisonniers. La question est réglée, il n'y aura aucun poste pour cet été 2020, un tout au plus.

 
 

Isabelle et Patrick sont les propriétaires du restaurant La Grillandine, à Saint-Nazaire. Avec le label ''Maître Restaurateur'' et cinquante places assises, la clientèle se compose de retraités, et de chefs d'entreprises, parfois de salariés.
Du discours présidentiel, ils ont retenu la date du 11 mai. La reprise de l'école, c'est un signe pour l'économie. Mais....
 

Il n'a pas parlé de nous!
 

Le couple se dit un peu perdu dans le calendrier de levée du confinement. Le 11 mai pour les élèves, le 15 juillet pour les festivals... Mais rien de fixe pour les cinémas, les bars, les restaurants...

Pourtant, avec 7 000 euros de charges en début de mois, ils aimeraient en savoir plus. Leur salariée et leurs apprentis sont en chômage partiel mais eux ne touchent rien. Du coup, ils entament les réserves.
 

On va pomper dans la trésorerie!
 

Isabellle et Patrick sont partisans de payer les charges tant que c'est possible. ''Les reports ne sont que des reports. Si on repousse tout, on va dans le mur!'' affirme Isabelle.

Du coup, l'emprunt tout juste débloqué pour renouveler du matériel, est partiellement utilisé à des travaux prévus pour plus tard, le matériel attendra un peu. ''Il faut juste que notre frigo arrive'' ajoute la patronne, car ''nous allons essayer la cuisine à emporter, nos clients nous en réclament, nous allons voir ce que ça donne''.

Le couple se démène comme il peut. Après l'infarctus de Patrick en janvier dernier, 2020 s'annonce comme une année à part. Ce n'est pas dans leur culture, mais récemment, ils ont rempli une demande d'aide, celle promise aux indépendants.
 

Ile d'Yeu, en Vendée. Un grand ciel bleu surplombe un port vide, vide de ses marins, de ses plaisanciers, de ses touristes. Les passages en bateau sont réservés aux insulaires. Les touristes vont donc manquer les vacances de Pâques ainsi que les ponts du mois de mai et quelques évènements incontournables au printemps : la Fête des Fleurs et la course du Trail. 

On a atteint le niveau 0 d'activité


Pierre Nolleau est le directeur de l'Hôtel des Voyageurs, établissement installé sur le quai depuis des générations. Comme tous les ans, le téléphone n'en finit pas de sonner. Mais pour des annulations, cette fois. 

''La situation est dramatique, surtout pour les jeunes entreprises. Avec mon antériorité, j'ai un peu de trésorerie, mais elle fond comme neige au soleil''.

Du coup, les coupes sont drastiques. Sept salariés seraient en temps normal déjà embauchés pour la saison. Là, une seule est en chômage technique, les autres n'ont pas été recrutés.
 

Quelle est la date officielle pour nos métiers?


Pierre Nolleau a écouté attentivement le discours du président Macron. Il a bien noté le 11 mai. Il a aussi noté le 15 juillet pour les festivals. Mais pour lui qui tient un bar-hôtel, il ne sait où se situer dans le calendrier du déconfinement.

Il n'est pas le seul, et comme nombre de confrères, il fait confiance à son syndicat pour obtenir plus d'informations et faire des propositions au gouvernement.  

En haute saison, soit du 8 juillet à la fin août, la petite entreprise emploie environ 15 salariés, étudiants ou saisonniers professionnels qui comptent beaucoup sur leur salaire pour leurs études ou leurs droits. A ce jour, il ne peut plus rien promettre.

L'hôtelier qu'est Pierre Nolleau n'émet pas de jugement sur la situation actuelle et la politique menée. Il voudrait juste que la corporation à laquelle il appartient soit regardée à hauteur de l'importance qu'elle a en France.

En conclusion de l'entretien, le citoyen chef d'entreprise regrette que son pays ne compte pas de ministre du Tourisme. Une voix qui pourrait compter et se faire entendre au sommet de l'état, au nom de ces milliers de petites entreprises en grande difficulté annoncée.


 


 
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