C'est en novembre 1952 que le bagad de Lann-Bihoué a vu le jour sur la base aéronautique navale du même nom, près de Lorient. Depuis, il n'a eu de cesse de représenter les valeurs de la marine française dans le monde entier.
Orchestre de musique bretonne, le bagad, qui veut dire "groupe" en breton, est composé de 30 musiciens, appelés "sonneurs", parmi lesquels on compte des joueurs de bombarde, de cornemuse, de percussion ou encore de caisse claire écossaise.
De Broadway à Tokyo... en passant par l'Égypte
Le premier grand voyage du groupe se fait en Amérique, en 1957. Une virée de 61 jours, la plus longue jamais réalisée par le bagad.
C'était un triomphe ! Nous étions des vedettes, nous revenions d'Amérique.
Jean Tanneau, à la batterie et Yves Cosmao, à la cornemuseMembres du bagad de Lann-Bihoué en 1957
Jean Tanneau et Yves Cosmao se souviennent comme si c'était hier. Sortis de leur village breton, ils découvrent la marine et le voyage. Pour eux, voir Broadway et ses gratte-ciel était un rêve inimaginable à l'époque.
Applaudis comme des stars
De retour d'Amérique, les membres de l'escadre du bagad sont applaudis comme des stars à leur arrivée à Toulon. C'est le début du succès. Le bagad de Lann-Bihoué représente désormais la marine française.
Puis ce sera les Antilles, la même année. Le choc des cultures pour les jeunes marins bretons est fort en émotion. La découverte de paysages enchanteurs de Fort-de-France, le punch, les cocotiers, les plages.
L'Égypte en 2020, est également un voyage mémorable pour le bagad qui donne là un concert devant les pyramides égyptiennes de Gizeh à l'occasion des commémorations de la bataille d’El-Alamein de 1942.
Du Général De Gaulle au Président Macron
Sa visibilité augmente. Le bagad est invité successivement par les présidents de la République. Du Général De Gaule à l'investiture du Président Emmanuel Macron dans les jardins de l'Élysée, ils défilent pour représenter la marine française.
Malgré son succès, le bagad de Lann-Bihoué n'échappe pas à des projets de dissolution
Marcel Faure, puis Jean-Paul Péron sont les sauveurs du bagad.
En 1969, l'avenir du bagad est menacé par l'Amiral de la base de Lann-Bihoué de l'époque qui ne croit plus en la musique bretonne, comme outil de rayonnement de la marine. De quoi provoquer le désarroi des sonneurs et de son encadrement.
Les efforts seront nombreux pour protéger le prestigieux et populaire bagad qui finalement perdurera grâce à l'intervention audacieuse de Marcel Faure, penn-soner (sonneur en chef de l'ensemble musical), de 1961 à 1973, décédé en mai 2022. En s'adressant directement aux ministres, il finit par convaincre et le bagad est sauvé.
Avec la fin du service militaire en 1996, le bagad traverse à nouveau une période difficile. Le groupe n'est plus reconnu et " il faudra se battre pour que le bagad perdure", explique Jean-Paul Péron, penn-soner du bagad. Cette fois encore le message est entendu et le bagad continue sa route. C'est aussi à cette époque que les filles intègrent le groupe... et que des couples se forment !
La bénédiction du Pape Jean-Paul II
Une poignée de main entre deux Jean-Paul, ça ne s'oublie pas
Jean-Paul PéronPenn Bagad de Lann Bihoué
En 1996, à l'occasion d'une messe à Sainte-Anne-d'Auray, le pape Jean-Paul II fait escale sur la base de Lann-bihoué et le bagad l'accueil pour lui donner l'aubade. Le pape, alors séduit, s'attarde sur le tarmac et offre à chacun des membres du bagad un petit chapelet puis... la bénédiction.
Aujourd'hui, le bagad continue ses voyages et le public est toujours plus nombreux à vouloir saluer pompons rouges et cols-bleus.
Tous ces témoignages et souvenirs émouvants sont à découvrir dans le documentaire "Bihoués" de Jérôme Piauly diffusé mercredi 15 mars sur France 3 Pays de la Loire.
Article écrit en collaboration avec Michelle Ruan et Anthony Masteau
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