Du troupeau à la boîte aux lettres : des éleveurs se lancent dans l'envoi de viande à domicile

Des agriculteurs se lancent dans l'expédition en direct de viande fraîche au consommateur dans l'espoir de mieux valoriser leurs produits que dans les grandes surfaces, utilisant de nouveaux modes de livraison ultra rapide et une demande accrue pour les courses en ligne.

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"Avec la vente directe, on peut valoriser le produit économiquement mais c'est aussi plus intéressant pour le consommateur qui y gagne en traçabilité et en qualité." Antoine Pineau, éleveur du Maine-et-Loire, exploite avec son père Éric une ferme de 150 vaches charolaises en mode extensif.
           
Le père vend de la viande à la ferme depuis 15 ans, et depuis 5 ans il fait des livraisons à domicile une fois par mois à ses clients parisiens qui ont commandé la viande sur internet."On croit beaucoup avec mon père au circuit court", raconte Antoine, rencontré au salon de l'Agriculture qui se termine dimanche à Paris.

Un service de la Poste dédié à l'agroalimentaire


Mais depuis le lancement en 2016 du nouveau service Chronofresh de la Poste , qui permet de d'envoyer des produits alimentaires en respectant la chaîne du froid, "nous faisons des envois dans la France entière", raconte Antoine.

Un élevage de charolaises dans le Maine-et-Loire © MAXPPP

           
Même constat pour le responsable du site Terre de viande qui permet depuis 2010 d'acheter et de se faire expédier de la viande venant directement de chez les éleveurs de cette coopérative située en Vendée, qui réalise 500 000 euros de chiffre d'affaires annuel.
 
Avant, pour que la viande reste fraîche, "il fallait des emballages isothermes coûteux", raconte Christophe Menoret, responsable activité "circuits cours" de la coopérative. Aujourd'hui, avec l'arrivée de Chronofresh, "les choses sont plus régulières et structurées, on n'a plus besoin de ces emballages isothermes qui avaient un impact environnemental énorme",
           
Il constate que les livraisons de "colis frais à domicile commencent à devenir monnaie courante" pour les consommateurs français.
           
La coopérative a donc décidé de dédier un atelier de découpe et d'emballage à la vente directe. Le bâtiment en construction devrait être fini en juin et permettra l'embauche de 6 à 8 personnes.


Le rayon boucherie d'une grande surface de La Roche-sur-Yon lors d'une opération boycott d'éleveurs locaux. © Frank Perry / AFP
           

Favoriser le dialogue

           
Les agriculteurs, qui souhaitent se passer d'intermédiaires pour augmenter leurs marges, ont bénéficié du développement du commerce en ligne et des nouveautés au niveau livraison puisqu'il est aujourd'hui possible de commander de la viande en ligne à un éleveur et de la recevoir directement chez soi le lendemain de son expédition.
 
En 2016, 4% des achats de produits frais et de grande consommation (alimentaire et hygiène-beauté) ont été réalisés en ligne, drive inclus, contre 7% pour le commerce de détail hors alimentaire, un écart qui se resserre, selon les chiffres de la Fevad, la fédération professionnelle de l'e-commerce.
           
L'accélération de ce marché attire également de nouveaux acteurs qui ont compris le besoin des éleveurs de vendre au prix juste tout en favorisant le dialogue entre deux mondes qui ne communiquaient plus directement.
Un éleveur bovin de Saint-Laurent-sur-Sèvre, près de Cholet, en 2014. © Jean-Sébastien Évrard
           
Ainsi, Roger Mecheri, ancien de Paypal, a lancé, avec un spécialiste de l'internet et un éleveur, la place de marché Okadran qui met en relation éleveurs et grand public et propose un service clé en main aux éleveurs en échange d'une commission sur les ventes.
           
"Grâce à un questionnaire, on guide l'éleveur pour créer sa page", explique Roger Mecheri. "On fournit les photos et on accompagne la description de l'élevage. Okadran gère toute la logistique, le conditionnement, le bon d'enlèvement et le suivi des commandes, ainsi que le paiement et le marketing".
           
En revanche, il ne s'occupe pas de la fixation des prix. Ce sont les éleveurs qui doivent l'établir et ils ont souvent tendance à le sous-estimer au premier abord, car "cela fait 30 ou 40 ans qu'on leur demande constamment de baisser les prix", côté grossistes, raconte Roger Mecheri.
           
Lancé à l'été 2016, Okadran rassemble aujourd'hui 550 éleveurs et compte 800 clients "fidèles et réguliers", selon le co-fondateur. Il dit recevoir des retours enthousiastes des éleveurs qui réalisent des ventes dans toute la France grâce au site, mais leur recommande cependant "de ne pas compter sur nous à 100%, de garder plusieurs canaux de vente".
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