Le confinement a donné des idées à certains parents. Contraints et forcés de faire l’école à la maison pendant deux mois, ils ont franchi le cap de l’instruction en famille. En Pays de la loire, 90 familles adhérent à cette démarche.
Attention, prévient Alice Bussy, instruire en famille n’a rien à voir avec le travail de continuité pédagogique fait pendant le confinement par les parents. '' Là, vous assurer un suivi pédagogique à vos enfants avec un contrôle annuel de l’Education nationale ''.
Rythme de l'enfant et ateliers
Cette habitante de Bois de Céné, en Vendée a toujours su que ses enfants n’iraient jamais à l’école."Avec mon mari qui est capitaine dans la marine marchande, nous sommes partis pendant 7 ans en voyage en bateau, j’étais juste enceinte de mon premier enfant. C’était il y a 16 ans ". Depuis la famille s’est agrandie, avec deux autres qui ont aujourd’hui 13 et 10 ans. Et Alice ne regrette pas du tout son choix d’instruire à la maison.
L’emploi du temps est organisé sur 4 matinées par semaine, dans une ambiance méthode Montessori. ''On n’est pas soumis à un programme. On suit le rythme de l’enfant ", explique cette maman très active. Elle organise aussi des ateliers de chimie, d’électricité, de maraîchage avec d’autres enfants de sa commune qui suivent aussi l’instruction à la maison.En plus des temps dédiés à l’instruction, on fait beaucoup de recherches, d’ateliers
Apprendre en prenant du plaisir et non sous la contrainte
A une dizaine de kilomètres dans le Marais Breton, Aurélie Mariage vient de se lancer dans l’aventure avec ses trois enfants. ''Je gère deux micros crèche, donc j’ai réorganisé mon emploi du temps et je fais du télétravail pour assurer l’école à mes fils''.Ses enfants ne sont pas retournés en classe depuis le 16 mars. ''On se posait la question depuis un bon moment. On en a discuté en famille , et on s’est dit on essaie pour un an. Notre petit Axel, 7 ans stressait à l’école. Il a besoin de plus d’attentions. Et les institutrices ont tellement d’enfants à gérer. Pendant le confinement, il était beaucoup plus serein quand j’étais à ses côtés''.
Déclarations à l'Académie et à la mairie
La famille a donc fait une déclaration auprès de l’académie et de la mairie pour leur indiquer leur choix d’instruire à la maison. '"Avec internet, on a accès à de très nombreux supports. On s’est fait un fait un planning mais on ne se met pas une pression de dingue !''.
A 13, 10 et 7 ans , les fils d’Aurélie sont assez autonomes. ''En règle générale, on travaille 4 à 5h de façon studieuse puis on passe aux jeux éducatifs. Mon objectif principal : qu’ils apprennent en prenant du plaisir et non sous la contrainte''.
Encore des préjugés
Mais l’instruction en famille doit encore faire face à de nombreux préjugés.'' Hier par exemple, j’étais chez l’opticien avec mon fils. Et il lui a demandé comment s’appelait sa maîtresse. Il lui a répondu : maman ! Vous auriez vu sa tête !''J'étais chez l'opticien avec mon fils. Et il lui a demandé comment s'appelait sa maîtresse. Il lui a répondu: maman ! Vous auriez vu sa tête"
C’est aussi difficile de faire comprendre son choix à son entourage. D’où la création, il y a 7 ans, de l'association Instruire en famille en Pays de la loire.
L'association instruire en famille en Pays de la Loire compte 90 familles dont 25 nouvelles pour cette rentrée. Ce vendredi, elles faisaient leur rentrée "solaire" à Saint-Sébastien-sur-Loire, autour d'un grand pique-nique
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© Alice Bussy
Elles sont aujourd’hui 90, surtout en Loire-Atlantique et en Vendée. Les familles des "non sco", pour non scolariés, se retrouvent très régulièrement pour partager leurs expériences, leurs doutes. Ce vendredi, toutes faisaient leur rentrée "scolaire" à Saint-Sébastien-sur-Loire autour d'un grand pique-nique. '
"On fait tomber les barrières du jugement et ça fait du bien''. Cette année, l'assocation compte 25 nouvelles familles.